• Projet Eklabugs : 2018, l'Odyssée des rails

    Article d'Ey@el

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    Aux sombres esprits de l'amer livrés au courroux des dieux, échoués sur les grèves immergées des flots diluviens des rivières en découche, ne perdez pas espoir : pour la troisième fois consécutive, un petit groupe d'irréductibles blogueurs (les quatre cinq moustiquaires) vient de défier avec succès l'égrégore collectif en prouvant que la connerie ne l'emportait pas toujours sur tout. Spero patronum ! Sus aux Détraqueurs ! Ce mois-ci, sur Eklabugs, nous avons décidé de nous évader et de vous emmener avec nous en voyage. Alors veuillez attacher vos ceintures et enfiler vos gilets (pare-balles) de sauvetage comme notre charmante hôtesse complétement déjantée va vous l'expliquer et préparez-vous au décollage immédiat.

    Voyage au bout de l'ennui

    Le voyage vers un nouveau nouveau territoire
    Au bout du ciel noir,
    Mon radeau qui flotte dans l'espace,
    Juste moi et les étoiles,
    Et qui m'emportera vers le plus beau
    Comme une étoile filante.

    ♫ "Black Sky", Indochine (2017)

    Tout d'abord, et si nous faisions la lumière sur les origines de la chose, histoire de savoir dans quoi nous nous embarquons (au fait, j'ai omis de vous préciser que l'hôtesse souffrait du mal des transports et qu'il n'y avait pas de pilote à bord en raison d'un mouvement social indépendant de notre volonté).

    Le mot voyage serait donc issu du latin via tout court (chemin, voie, route) qui, au premier relais routier, aurait donné naissance à viaticum (provisions de route) et viaticus (relatif au voyage). Au Moyen-Âge où l'on utilisait les roues des chars principalement pour écarteler les gens, on disait veiage puis voiage pour désigner les pèlerinages et les croisades. La forme moderne voyage ne serait apparue que vers la fin du XIVe siècle.

    Le voyage se définit par tout déplacement d'un lieu à un autre et par extension d'un état de conscience à un autre (vous n'avez pas l'impression de vous faire mener en bateau ? Voyez comme je rame !). Ainsi un voyage peut être tout autant physique que métaphorique. Ne dit-on pas qu'un bon livre ou une belle musique nous font voyager ? (Je sens que je vais carrément vous copier-coller tout un chapitre des Voyages de Gulliver ou bien de Voyage au centre de la Terre, qu'est-ce que vous en dites ?).

    Voyageurs ou touristes ?

    Parfois je suis en surcharge,
    C'est là que tu vois des étincelles.
    Tu me demandes où je vais, bon sang,
    À mille pieds-seconde.
    « Hé mec, ralentis ! Ralentis...
    Ralentis, crétin, ralentis ! »

    ♫ "The Tourist", Radiohead (1997)

    Comme le disait l'écrivain britannique G.K. Chesterton, « le voyageur voit ce qu'il voit, le touriste voit ce qu'il est venu voir », ce qui nous amène à la question à mille dollars : mais que voit le voyageur et qu'est venu voir le touriste, hein ?

    Vous ne savez pas ?

    Ça tombe bien, moi non plus !

    En fait, je pense qu'en allant voir du côté de chez Proust, il pourrait nous aiguiller, nous mettre sur la voie ou sur les rails si vous préférez — ou si vous tenez tant à sauter sur le wagon1 comme disent nos voisins d'outre-Manche, à savoir suivre la tendance en vogue, ce qui, par les sales temps qui courent par chez nous, serait plutôt vogue la galère et bonne fête aux grenouilles (notre surnom d'ailleurs). Ce bon vieux Marcel écrivait donc que « le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».

    Avant de vous précipiter tous chez Afflelou pour en avoir deux pour le prix d'un, le pilote automatique vous rappelle que nous allons bientôt survoler une zone de nébulosités et que cet appareil n'est pas équipé de parachutes, uniquement du siège éjectable du pilote qui a déjà pris la tangente (ou le large si le jargon aéronautique vous indispose). Nous risquons donc de naviguer en eaux troubles voire de nager un peu dans le brouillard, patauger dans la semoule (ou pédaler dans la choucroute si vous n'aimez pas le couscous).

    Touché-coulé

    Tout part toujours dans les flots
    Au fond des nuits sereines
    Ne vois-tu rien venir ?
    Les naufragés et leurs peines qui jetaient l'encre ici
    Et arrêtaient d'écrire...

    ♫ "Aux sombres héros de l'amer", Noir Désir (1989)

    J'imagine que ce départ en vrille sur les chapeaux de roue (oups, je crois qu'on a flingué les trains atterrissage) vous a mis la tête à l'envers et qu'elle est maintenant comme une montgolfière (bien fait !). Il serait sans doute judicieux de lâcher un peu de lest et de vous laisser planer à mille lieues, la tête dans les nuages, le temps que nous amerrissions (si vous vouliez alunir, il fallait prendre un vol intersidéral, pas un vol plané).

    Ouf, porte-avion en vue, on dirait que nous avons le vent en poupe finalement ! Pas question de rater ce bateau.2 Pour cela, il suffit de maintenir le cap, ne pas perdre le nord, inverser la vapeur pour atteindre notre vitesse de croisière et nous ne devrions pas boire la tasse (de toute manière le café est toujours dégueu dans les avions).

    Mayday, mayday (on s'en fout si on est en juin), je retire ce que j'ai dit ! Le vent a tourné, le manche s'est fait la malle dans la Manche, les valises dans la soute aussi et c'est moi qui me les coltine sous les yeux. Quelle mine de déterrée !

    BOUM !!!

    Mayday, mayday, ce n'est pas un porte-avion (j'aurais dû aller chez Afflelou), c'est le Titanic O misère !

    PLOUF !!!

    Ce qui importe n'est pas la destination mais le voyage

    L'avantage des voyages métaphoriques ou virtuels, voyez-vous, (outre le fait qu'ils ne coûtent rien), c'est qu'on peut planer et crasher tant qu'on veut sans avoir à taper la route3 comme disent les Américains. On peut mettre les voiles sans faire le grand plongeon, explorer les bas-fonds sans se faire bouffer par les requins, rouler à tombeau ouvert et foncer dans le décor sans se déglinguer la carlingue, ne plus mettre de frein à rien, sortir de son petit train-train quotidien (le tortillard de la mine qui vous mine), mener un train d'enfer et dérailler à loisir... Bref, qu'on soit à cheval sur les principes, qu'on monte sur ses grands chevaux pour un rien, on a toujours les rènes en main et jamais un métro de retard. Qu'on prenne le train en marche ou pas, aucun risque de rater le coche (ou le coach) vu que c'est vous qui conduisez. Pas plus que de vous enliser dans une voie de garage ou sans issue.

    Ce train est en route vers la gloire...
    Oui ce train !
    Ce train est en route vers la gloire,
    Personne à bord
    En dehors des justes et des sacrés.

    ♫ "This Train Is Bound For Glory", Woody Guthrie (1958)

    Voilà, vous l'avez eu votre voyage ! Et contrairement à nos amis québécois qui mangent des sous-marins, conduisent des chars, font du train quand ils ne sont pas contents, et qu'on prend souvent pour des valises4, j'espère que vous aurez apprécié cette folle virée dans la lumière fantastique5 des dédales de ma pensine insolente. Je vous invite à poursuivre l'aventure vers d'autres contrées en consultant la liste des participants de l'agence sans risques que vous trouverez ci-dessous.

    Ey@el

    Notes

    1. ^ Expression anglaise : « To jump on the bandwagon » (prendre le train en marche).
    2. ^ Expression anglaise : « To miss the boat » (rater le coche).
    3. ^ Expression américaine : « To hit the road » (prendre la route).
    4. ^ Expressions québécoises : « sous-marin » ( type de sandwich réalisé avec du pain baguette ou un pain long, en opposition au sandwich club réalisé avec un pain de mie carré), « char » (voiture), « faire du train » (faire du bruit), « prendre pour une valise » (prendre pour un idiot ou un imbécile).
    5. ^ Expression anglaise : « To trip the light fantastic » (danser).

    Projet EklaBugs #35

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  • Commentaires

    1
    Samedi 30 Juin 2018 à 00:51

    Wow, que de folie(s) dans cet article ! Tu ne nous mentais donc pas en parlant d'hôtesse un peu déjantée... En tous cas, bien joué à toi, j'ai ri : tu as peut-être manqué d'inspiration, mais les jeux de mots, nombreux comme à ton habitude, compensent et nous, simples voyageurs (ou peut-être touristes, vu comme tu nous mènes en bateau...), on aurait bien peine à le remarquer !

    En espérant que tous les chemins continuent de mener à Eklabugs...

      • Samedi 30 Juin 2018 à 15:23

        Contente que ça t'ait fait rigoler. On en a bien besoin n'empêche. Et puis c'est un retour à mes premières amours vu que j'avais traités mes premiers articles  EB de la sorte. Je compte bien poursuivre sur cette lancée car c'est vraiment jouissif. Oui, il faut que je cogite dur sur quoi proposer dès demain pour laisser le temps aux votes et à la rédaction des articles. Si des idées te viennent, n'hésite pas à les soumettre via le site Eklabugs ou par MP mais le site, c'est mieux car ça permet à tout le monde d'ajouter son grain de sel.

    2
    Mardi 3 Juillet 2018 à 23:58

    J'ai beaucoup aimé la légèreté de l'article, non pas dans la longueur ou dans le sujet traité, mais dans la manière dont il est écrit : les jeux de mots, le laissez-aller (bien sûr, dans le sens, "sans prise de tête")

    Je ne sais que dire de plus, si ce n'est que, comme dit précédemment, ce fut très agréable à lire, et plutôt amusant !

      • Mercredi 4 Juillet 2018 à 00:02

        Merci et tant mieux car c'était le but recherché. Un voyage agréable même s'il a fini à l'eau. Allo quoi comme dirait... qui ça déjà ? he

      • Mercredi 4 Juillet 2018 à 00:10

        Allo ween, ici trouille !

        Hm... serait-ce une demoiselle qui parle par la suite de shampooing ? Mais son prénom ne me revient plus, saperlotte... Qui était-ce ?

      • Mercredi 4 Juillet 2018 à 15:52

        Bah, j'en sais rien j'en ai entendu parler sur d'autres blogs, elle venait de la télé-réalité, Nadia ou quelque chose comme ça, une brune silly-conne qui se prenait pour une "blonde" hahaha !

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