• Comment reconnaître un ego spirituel

    Article de Kashi traduit par Ey@el

    Available in English

    Les gens gentils veulent souvent aider autrui et les personnes spirituelles ne sont pas différentes. Mais lorsque l'on se met en quête de sa propre illumination, on se rend très vite compte, par le biais de ceux qui nous ont précédés, que l'on ne peut et ne doit pas essayer « d'aider » les autres spirituellement tant que l'on n'a pas atteint sa propre illumination, au risque de les entraver.

    Nous décrivons le processus de réalisation du soi et d'illumination comme un « éveil » parce que nous avons appris que tout ce dont nous ne nous étions peut-être pas rendu compte auparavant était déjà là.

    Nous fonctionnons tous normalement avec notre propre angle de vue issu de nos propres besoins et entretenu par nos actions et croyances tout au long de notre existence. Si, à un certain moment, nous nous prenons en considération notre côté spirituel, nous réalisons très rapidement que les limites entourant les idées que nous nous faisons de nous-mêmes ne sont rien de plus que des clôtures imaginaires que nous avons érigées dans notre psyché afin de protéger et d'entretenir l'idée de qui nous sommes aux yeux des autres. Nous nous enfermons comme une idée et une personne à présenter au monde et y trouver sa fonction et souvent nous finissons par commettre l'erreur de croire que nous sommes le rôle que nous interprétons.

    Avec de l'attention, ces idées fausses se voient démantelées et consumées par les feux de notre conscience propre, ce qui a pour conséquence d'élargir nos perspectives.

    Avec une vision moins étriquée, la vie est perçue de manière différente. Nous nous sentons plus réels et il nous devient facile de voir les défauts d'autrui.  Sans une moralité empreinte d'une très grande humilité et de maturité ou une intelligence très pénétrante, l'ego va enfler pendant un certain temps tandis que nous nous imprégnons de la lumière de notre prise de conscience, au lieu d'observer que ces prises de consciences sont toujours subies et non de notre propre fait.

    Lorsque nous commettons l'erreur de nous attribuer une prise de conscience, il est inévitable nous nous identifions à cette nouvelle expérience et nous sommes alors en danger de nous ré-étiqueter en proclamant notre nouvelle vision et en prêchant à notre communauté.

    Cette erreur a pour conséquence de solidifier une illusion de remplacement au détriment de notre évolution future. Elle plonge ceux soumis au sermon dans la déroute, la confusion et pire, la désapprobation de tout savoir « spirituel » que la personne peut avoir prêché, peu importe sa valeur intrinsèque.

    Si celui qui « réalise » est intelligent, il « renoncera » mentalement à toute prise de conscience qu'il aurait pu avoir et en attribuera la résultante à une force supérieure afin qu'il ne soit pas possible de s'y identifier comme étant la sienne. Cela lui permet de maintenir son attention vers l'intérieur et ainsi d'avoir éventuellement l'opportunité d'entendre et de commencer à observer telle quelle la narration désordonnée dans sa tête au lieu d'essayer de satisfaire à ses exigences.

    Le reporter interne a été comparé à un singe fou, un tigre ou un serpent. Il est plus rusé qu'un renard, plus intelligent qu'un ordinateur, plus rapide qu'un chat et plus persévérant qu'un enfant tenace. L'erreur que nous commettons en acceptant le récit dans notre tête sur qui nous sommes est à l'origine de tous les problèmes dans le monde des humains.

    Parce que son intelligence s'accroît avec la nôtre, si nous commençons à défier son autorité en pratiquant l'observation et la méditation, il va lutter pour rester aux commandes en nous piégeant de mille et unes manières.

    Le moyen le plus rapide et le plus courant employé par l'ego pour réprimer toute remise en question par le Soi supérieur d'un individu est de le convaincre que la méditation n'est pas un truc pour lui.

    Le Soi supérieur sait toujours quand l'existence n'est pas épanouissante et lorsque son insatisfaction est trop grande, il s'empare de l'outil de méditation pour s'élargir ou simplement pour faire face. Sans une bonne compréhension et une certaine détermination, le mental dominant peut facilement décourager le méditant potentiel de continuer en le persuadant que cette pratique n'est pas faite pour lui.

    Lorsque l'on tente d'observer le mental en cours de méditation, ce dernier nous en dissuade en nous disant que c'est trop difficile ou en répétant qu'il ne peut pas faire ça et souvent l'individu est obligé d'accepter cela, l'ego terrasse le défi lancé par le Soi supérieur, et il se retrouve avec un histoire du style « j'ai essayé la méditation une fois mais ce n'était pas pour moi ».

    Quand vous entendez ceci, c'est un ego qui parle. Le Moi dans cette déclaration est le mental même que le Soi supérieur a défié mais échoué à amener à une prise de conscience.

    Si nous échouons, c'est parce que nous vivons dans un monde dominé par le mental et dans lequel le singe fou est très doué. Quand nous sommes indifférents, taciturnes, toxiques, coincés ou refoulés, il y a toutes les chances pour que notre Soi supérieur soit assujetti au mental. Quand nous faisons preuve de détermination, nous nous tenons à la méditation et passons outre les premières tentatives employées par le mental pour nous empêcher de prendre de l'ampleur et commencer à ressentir les bienfaits de cette pratique. Et ce faisant, le mental s'améliore. Il devient plus clair et amorce une approche différente pour s'assurer de rester aux commandes. Il essaie de nous convaincre de notre supériorité, de notre importance ou de notre côté spécial lorsque nous commençons à percevoir les défauts des autres, ou bien il nous raconte que nous avons été « désigné » pour accomplir un « noble objectif ». Il pourrait aussi adopter l'approche contraire en nus persuadant que nous sommes inférieur, indigne, pas assez bien ou que d'une certaine façon nous n'en valons pas la peine. Rien de tout cela n'est vrai et rien de tout cela n'est l’expression de notre Soi supérieur. Ces deux approches sont le fruit d'une tentative du mental de nous maintenir sous son contrôle. Le point positif est que bien que douloureux et limitant, le sentiment d'infériorité constitue un meilleur tremplin pour aborder la spiritualité que celui de la supériorité. L'infériorité se rapproche de l'idéal d'humilité et peut facilement s'y substituer avec de la compréhension et du bon sens. Par contraste, la supériorité spirituelle doit être mise à genoux par les circonstances et passer par l'infériorité avant de pouvoir atteindre l'humilité. C'est un périple plus long et moins probable parce que les individus sont plus facilement tentés par les récompenses d'autosatisfaction qui renforcent l'ego , en particulier lorsqu'ils reçoivent de l'énergie sous forme d'argent ou d'attention pour s'afficher, ce qui valide leurs activités mais met un terme à leur prise de conscience de la nature véritable de l'existence.

    Il est plus facile de convaincre une femme inférieure qu'elle a de la valeur que de convaincre un homme supérieur qu'il n'en a aucune.
    ~ Kashi

    Il n'y a pas grand chose que nous puissions faire pour l'ego spirituel des autres, mais prenez garde à ne pas le nourrir. Nous sommes responsables du contrôle du nôtre et seules notre intégrité, notre intelligence et notre honnêteté en tant qu'individu nous empêchent de nous laisser prendre au piège de plus en plus sophistiqués de notre mental dans notre cheminement de la pensée ordinaire à la pleine conscience. 

    Si par le passé nous avons eu besoin de professeurs pour nous guider, aujourd'hui c'est de la convivialité qu'il nous faut pour s'aider mutuellement à faire nos propres découvertes avant de nous mettre à tout décoder. Un corps sain, des sens très développés et un esprit clair et affûté constituent nos meilleures défenses contre les stratagèmes de notre propre ego et nous aident à nous remémorer les paroles d'un maître :

    Il y a toujours des cieux inexplorés derrière nous.

    ~ Osho

    Comment savez-vous comment avoir confiance ?

    Pour ceux qui sont intelligents, la confiance découle du fin discernement. Doutez, doutez et doutez encore. Emportez votre détecteur de mensonges partout où vous allez, surtout en ligne et tout particulièrement lorsque vous abordez une question spirituelle ou un problème touchant au bien-être parce vous ne devez pas vous tromper. 

    Adoptez une attitude de doute sans la confondre avec de la négativité, du cynisme ou de la critique. Vous n'avez absolument pas besoin d'exprimer votre scepticisme extérieurement. En fait, dans ce monde insensé, je vous recommande de ne pas le faire. 

    Vous n'essayez pas de changer l'opinion de qui que ce soit, vous tentez de discerner la vérité pour vous-même. Je vous suggère de sourire beaucoup même lorsque c'est un grand « pas question » à l'intérieur. La bonne nouvelle est que la vérité se contente d'être et qu'il faut juste la reconnaître en tant que telle. Le doute n'est que le point de départ le plus judicieux. 

    Du point de vue du doute, vous pouvez vous servir de vos sens, de vos sentiments, de vos expériences, de votre savoir et de votre sagesse pour distinguer qui ou quoi est plus fiable pour vous et qui ou quoi ne l'est pas. 

    Les plus sages sont sceptiques même à l'égard des croyances elles-mêmes et pratiquement sûrs de ne ne pas savoir grand chose. Ce sont ces gens-là qu'il faut aller trouver. Ils vous aideront à décider pour vous-même plutôt que de vous suggérer ce que vous devriez penser ou croire. Ils savent que vous vous connaissez mieux que quiconque et ne vous guident que vers les techniques, l'information ou les méditations qui pourraient vous aider, mais ne vous accableront jamais.

    Traduit de l'anglais par Ey@el
    © lapensinemutine.eklablog.com

    Articles connexes

    La reproduction du contenu de ce billet est strictement interdite.
    © lapensinemutine.eklablog.com. Tous droits réservés.
    « Hotel CaliforniaGeorge Orwell nous avait mis en garde contre la plus dangereuse forme de censure — et nous y voilà maintenant »

    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :