• Dix rêves qui ont changé l'histoire de l'humanité

    Article de Rebecca Turner traduit par Ey@el

    Available in English

    Ce sont des rêves qui sont à l'origine de certaines découvertes créatives et scientifiques majeures dans l'histoire de l'humanité.

    Les psychologues ne considèrent plus les rêves ni comme des décharges neuronales aléatoires ou des fantasmes dénués de sens mais comme un processus de pensée continu se produisant durant notre sommeil.

    Voici dix moments extraordinaires de perspicacité onirique de quelques-uns des plus grands scientifiques, écrivains, musiciens, mathématiciens et inventeurs au monde qui ont été rendus publics.

    1. Mary Shelley : le tout premier roman de science-fiction

    En 1816, l'histoire de Frankenstein, souvent mentionné comme étant le premier roman de science-fiction au monde, a été inspiré par un cauchemar impressionnant. Mary Shelley n'avait que 18 ans quand en rendit visite à Lord Byron en Suisse, au bord du lac de Genève.

    Ils se retrouvèrent pris dans un hiver volcanique glacial provoqué par l'éruption du mont Tambora l'année précédente qui, en Europe, engendra « une année sans été ». Bloqués à l'intérieur et recroquevillés autour d'un feu de cheminée, Byron suggéra que chacun d'eux écrive une histoire de fantômes — mais toutes les fois, Shelley fut incapable de penser à quoi que ce soit d'approprié.

    Et puis, un beau soir, alors qu'ils en vinrent à parler de la nature de la vie, elle émit l'hypothèse qu'un « cadavre pourrait peut-être être réanimé » s'appuyant sur l'idée que « le galvanisme avait donné lieu à de telles choses ». Plus tard, au cours de la nuit, son imagination pris le dessus et elle fit l'expérience d'un rêve lucide intense :

    Je vis l'élève blafard de cet art maudit agenouillé auprès de la chose qu'il avait créée. Je vis le fantôme hideux d'un homme allongé et par l'œuvre d'une machinerie puissante donner des signes de vie en s'agitant dans un mouvement fragile à peine vital. Ce qui devait être horrible et suprêmement effrayant comme ne pourrait que l'être toute entreprise humaine qui chercherait à simuler le mécanisme extraordinaire de la Création.

    2. Paul McCartney : la musique qui inspire la musique

    En 1965, Paul McCartney composa en rêve l'intégralité de la mélodie de "Yesterday", un morceau acoustique qui devint un tube.

    Au réveil, elle lui revint pleinement achevée et il s'empressa de la reproduire au piano, demandant à ses amis et à proches s'ils n'avaient jamais entendu cet air auparavant. Il craignait, à la base, de n'avoir fait que capter l'œuvre d'un autre (phénomène connu sous le nom de cryptomnésie).

    Pendant un mois, je suis allée voir les gens de l'industrie musicale pour leur demander s'ils avaient déjà entendu cet air auparavant. Ce qui, au bout du compte, revint à remettre quelque chose entre les mains de la police. Je me suis dit que si personne ne le réclamait au bout de quelques semaines, je pourrais l'avoir.

    Lennon et McCartney écrivirent alors les paroles et la chanson leur fut créditée sur l'album Help!

    Toutefois, comme il s'agissait d'une ballade acoustique triste avec juste McCartney au piano, les autres membres des Beatles s'opposèrent à sa sortie en single sur le marché britannique cette année-là. Ce qui ne fut pas le cas en Amérique où "Yesterday" occupa pendant quatre semaines la première place des charts du Billboard.

    Aujourd'hui, elle demeure immensément populaire avec plus de 2200 reprises d'autres artistes dont Aretha Franklin, Katy Perry, les Mamas & Papas, Michael Bolton, Bob Dylan, Ray Charles, Elvis Presley, Billy Dean et bien d'autres.

    3. Niels Bohr : la structure de l'atome

    Niels Bohr, père de la mécanique quantique, évoqua souvent le rêve inspirant qui le mena à la découverte de la structure de l'atome.

    Fils d'universitaires, Bohr obtint son doctorat en 1911 et acquit sa notoriété en déchiffrant des problèmes complexes du monde de la physique qui laissaient ses collègues perplexes.

    À terme, il s'attela à comprendre la structure de l'atome, mais aucune de ces configurations ne s'accordait. Un soir, il alla se coucher et se mit à rêver d'atomes. Il vit le noyau avec les électrons tournant autour à l'image des planètes autour du soleil.

    Aussitôt en se réveillant, Bohr sentit que cette vision était exacte. Mais en bon scientifique, il connaissait l'importance de valider son idée avant de l'annoncer au monde. Il retourna donc dans son labo et se mit en quête de preuve pour étayer sa théorie.

    Cela se confirma — et sa vision de la structure atomique s'avéra être l'une des plus grandes découvertes de son époque. Il reçut plus tard le prix Nobel de physique pour ce plongeon dans la pensée créative au cours de son sommeil.

    4. Elias Howe : le chas de l'aiguille

    En 1845, Howe inventa la machine à coudre en s'inspirant d'un fameux rêve qui l'aida à comprendre la pénétration mécanique de l'aiguille. Certes, il ne fut pas le premier à lancer l'idée d'un tel appareil mais il en perfectionna grandement le concept, ce qui lui valut l'obtention du premier brevet américain de machine à coudre à point noué. Selon les documents de son histoire familiale :

    Il s'est presque ruiné avant de découvrir où le chas de l'aiguille de la machine à coudre devrait se trouver [...] il aurait bien pu échouer complètement s'il n'avait pas rêvé qu'il construisait une machine à coudre pour le roi sauvage d'une étrange contrée. Tout comme dans la réalité, il était perplexe quant au chas de l'aiguille. Il pensa que le roi lui avait donné 24 heures pour finir sa machine et faire en sorte qu'elle puisse coudre. S'il n'aboutissait pas dans ce délai imparti, il encourait la peine de mort.

    Howe travailla sans relâche et déconcerté, il finit par renoncer. Puis il songea qu'on l'emmenait pour être exécuté. Il remarqua alors que les guerriers portaient des lances percées au niveau de la pointe. La solution au problème lui vint instantanément et tandis que l'inventeur mendiait un peu de temps, il se réveilla.

    Il était 4 heures du matin. Il sauta du lit, se précipita dans son atelier et à 9 heures, une aiguille avec un chas au niveau du point avait été grossièrement modélisée. Après cela, ce fut un jeu d'enfant. Ceci est la véritable histoire d'un incident important dans l'invention de la machine à coudre.

    5. Albert Einstein : la vitesse de la lumière

    Einstein est célèbre pour ses éclairages de génie sur la nature de l'univers, mais qu'en est-il de ses rêves ?

    En l'occurrence, il a abouti à cette incroyable percée scientifique qu'est la découverte du principe de relativité à l'issue d'un rêve intense.

    Lorsqu'il était jeune, il rêva qu'il dévalait à la luge un flan de montagne escarpé, si vite qu'il approcha la vitesse de la lumière. A cet instant, les étoiles dans son rêve changèrent d'apparence en fonction de lui. Il se réveilla et médita sur ce concept, formulant bientôt ce qui deviendrait la plus célèbre théorie scientifique de toute l'histoire de l'humanité.

    Quand Einstein rêvait, l'ouvrage d'Alan Lightman est désormais un classique des temps modernes, un assemblage fictif d'histoires rêvées par Albert Einstein en 1905, à l'aube de ses découvertes révolutionnaires. Dans l'une d'elle, le temps est circulaire et les gens sont condamnés à répéter en boucle leurs victoires et leurs échecs. Dans une autre, il est figé et les amants restent collés l'un à l'autre pour l'éternité. Dans une autre encore, le temps est un rossignol enfermé dans une cloche sous vide.

    6. Srinivasa Ramanujan : l'homme qui défiait l'infini

    Au cours de son existence, ce mathématicien de génie contribua beaucoup à la théorie analytique des nombres, aux fonctions elliptiques, aux fractions continues, ainsi qu'aux séries infinies et prouva plus de 3000 théorèmes mathématiques. Ramanujan déclara que les idées pour son travail lui étaient venues à maintes reprises par le biais de ses rêves.

    Il raconte que, sa vie durant, il rêva plusieurs fois de la déesse hindoue Namakkal qui lui présenta à chaque fois des formules mathématiques complexes qu'il put ensuite tester et vérifier à son réveil. Parmi ces dernières, par exemple, il y eut la série infinie de pi :

    Ramanunjan à propos d'un de ces nombreux rêves mathématiques inspirants explique :

    Dans mon sommeil, je vécus une expérience inhabituelle. Il y a avait un écran rouge constitué pour ainsi dire par un écoulement de sang. Je l'observais. Soudain, une main se mit à écrire dessus. Mes yeux étaient rivés sur l'écran. La main inscrivit un certain nombre de résultats d'intégrales elliptique qui marquèrent mon esprit et dès mon réveil, je les mis par écrit...

    L'histoire de ce rêveur prolifique est fascinante. Vous pourrez en apprendre plus sur la vie de Ramanujan, ce génie mathématicien autodidacte venu d'Inde et comment il élabora ses brillantes théories.

    Des temples aux ghettos de Madras aux cours et chapelles de l'université de Cambridge, c'est une histoire improbable qui vit l'ascension de Ramanujan de l'obscurité défavorisée pour devenir l'un des plus grands génies du XXe siècle.

    Voir la biographie en anglais écrite par Robert Kanigel The Man Who Knew Infinity: A Life of the Genius Ramanujan (dont fut tiré le film L'Homme qui défiait l'infini, sorti en 2016 — N.d.T.).

    7. Robert Louis Stevenson : une belle histoire d'épouvante

    En 1886, Stevenson rêva trois séquences clés de son tristement célèbre roman fantastique, L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde.

    Malade toute sa vie durant, il écrivait surtout pour subvenir aux besoins de sa famille. Du moins, jusqu'à la création de Jekyll et Hyde. Stevenson raconte :

    Pendant deux jours, je me suis creusé les méninges en quête d'une intrigue quelle qu'elle soit et la seconde nuit, j'ai rêvé d'une scène à la fenêtre, puis un autre s'est ensuite scindée en deux dans laquelle Hyde, poursuivi pour un crime pris la poudre et subit la transformation en présence de ses poursuivants.

    En convalescence à la suite d'une hémorragie, Fanny Stevenson entendit ses hurlements provoqués par un cauchemar induit par l'opium. Il se réveilla immédiatement en se plaignant : « Pourquoi m'as-tu réveillé ? J'étais en train de rêver une belle histoire d'épouvante ».

    Fanny découvrit par la suite qu'elle l'avait réveillé au cours de la première scène de métamorphose.

    Le matin suivant, Stevenson se mit à griffonner avec rage et trois jours plus tard, il avait écrit une première ébauche de 30.000 mots. Mais lorsque Fanny fit remarquer qu'il s'agissait d'une allégorie, contrairement à son intention initiale, il la jeta au feu et reprit tout à zéro.

    Pendant encore trois jours, il resta assis dans son lit à écrire, entouré de pages déchirées, sa famille se déplaçant sur la pointe des pieds jusqu'à ce que le manuscrit final fut enfin prêt. En tout, il produisit 64.000 mots en six jours — un petit miracle pour l'époque où on ne pouvait compter sur l'aide de machines à écrire ou d'ordinateurs.

    Voici ce qu'écrivit Lloyd Osbourne, son beau-fils, à propos de cet exploit extraordinaire :

    Je ne crois pas qu'on ait jamais observé tel tour de force littéraire avant l'écriture de Dr Jekyll. Je me souviens de la première maladie au monde comme si c'était hier. Louis est descendu de l'escalier en proie à l'excitation ; il nous a lu presque la moitié du livre à voix haute ; et puis, alors que nous en avions encore le souffle coupé, il avait de nouveau disparu pour se remettre à écrire. Trois jours, c'est beaucoup, je ne pense pas que la première ébauche lui ait pris aussi longtemps.

    Le succès du livre fut phénoménal. À ce jour, l'expression Jekyll & Hyde fait partie intégrante de notre langage et constitue une tournure idiomatique en référence à une personne dotée d'une double personnalité oscillant entre le bien et le mal.

    Cette histoire a également inspiré des dérivés modernes tels que le film Limitless dans lequel un écrivain en herbe interprété par Bradley Cooper se transforme en une version « parfaite » de lui-même.

    8. Otto Loewi : découverte de l'influx nerveux

    Otto Loewi est un pharmacologue originaire d'Allemagne dont la découverte de l'acétylcholine (qui, ironie du sort, est un neurotransmetteur permettant le rêve) contribua à l'avancement des thérapies médicales et lui valut, 13 ans plus tard, un prix Nobel. Toutefois, il est tout aussi célèbre pour la manière dont il y est parvenu que pour cette découverte elle-même.

    En 1921, Loewi rêva d'une expérience qui prouverait une fois pour toute que la transmission des influx nerveux était chimique et non électrique. Il se réveilla, nota cette expérience par écrit et se rendormit. Le matin suivant, il se réveilla tout excité à l'idée de la mettre en pratique mais s’aperçut avec horreur qu'il ne parvenait pas à déchiffrer ses divagations nocturnes. Ce jour-là, raconte-t-il, fut le plus long de son existence tant bien il essaya sans y parvenir de se souvenir de son rêve.

    Mais la nuit suivante, il refit le même rêve et en se réveillant il se rendit directement dans son labo pour démonter la théorie de la transmission chimique de l'influx nerveux récompensée par un prix Nobel.

    9. August Kekulé : le rêve de l’Ouroboros de benzène

    L'éminent chimiste organicien allemand August Kekulé eut en rêve la révélation de la structure de la molécule de benzène qui, contrairement aux autres composés organiques connus, se trouvait être circulaire au lieu de linéaire.

    Après 1865, cette nouvelle compréhension de tous les composés aromatiques s'avèra si importante pour la chimie pure et appliquée que la Société allemande de chimie organisa une commémoration élaborée en l'honneur de Kekulé dans laquelle il décrivait le rêve qui lui inspira cette révélation.

    Il raconte qu'il découvrit la la forme circulaire de la molécule de benzène après avoir rêvassé d'un serpent se mordant la queue — un symbole ancien assez connu sous le nom d’Ouroboros.

    J'étais assis en train de noter des choses dans mon cahier mais mes travaux n’avançaient pas ; mes pensées étaient ailleurs. J'ai tourné ma chaise vers la feu de cheminée et je me suis assoupi.

    À nouveau, je voyais les atomes sautiller devant mes yeux. Cette fois, les groupes les plus petits se restaient modestement en arrière-plan. L'œil de mon mental, dont l'acuité s'était accrue par ce type de visions répétées était alors en mesure de distinguer des structures plus grandes de configurations variées : de longues rangées, parfois étroitement ajustées, s'enroulant et se tortillant comme un serpent en mouvement.

    Mais Oh, qu'est-ce que c'était que ça ? Un des serpents s'était saisi de sa propre queue et la forme se mit à tourner devant mes yeux comme pour me narguer. Comme si j'avais été percuté par un éclair, je m'éveillais et cette fois aussi je passai le reste de la nuit à élaborer le restant de l'hypothèse.

    10. Frederick Banting : progrès de la médecine

    Après le décès de sa mère des suites d'un diabète, Frederick Banting était motivé à trouver un remède. Il finit par trouver ce qu'il y avait de mieux : un traitement à base d'injections d'insuline qui, bien que n'apportant aucune guérison, pouvait du moins prolonger considérablement la vie des patients atteints. Cette découverte lui valut le prix Nobel de médecine alors qu'il n'avait que 32 ans.

    Bien qu'il n'ait eu les connaissances suffisantes sur le diabète et en recherche clinique, son savoir-faire unique en chirurgie combiné à celui de son assistant, Charles Best, en la matière firent d'eux l'équipe de chercheurs idéale. Alors qu'il cherchait à isoler la cause exacte du diabète, Banting fit un rêve lui intimant de ligaturer chirurgicalement (attacher) le pancréas d'un chien diabétique pour stopper le flux d'alimentation. Ce qu'il fit, découvrant ainsi un équilibre disproportionné entre le sucre et l'insuline.

    Cette découverte capitale mena à un autre rêve lui révélant comment élaborer de l'insuline sous forme de médicament pour traiter cette affection.

    Banting fut le premier Canadien à être nommé professeur de recherche médicale et ne 1923, il devint l'homme le plus célèbre du pays. Il reçu des lettres et des cadeaux du monde entier de la part de centaines de diabétiques reconnaissants et depuis ce jour, l'insuline a sauvé ou transformé les vies de millions de personnes.

    ♠  ♣  ♥  ♦

    Avant de tomber sur cet article, vous étiez probablement juste curieux à propos des rêves et inventions célèbres...

    Mais quand on apprend l'art de contrôler ses rêves, tout devient possible.

    Tentez le coup — puisez dans votre source d'informations cachées — et qui sait, vous produirez peut-être vos propres inventions...

    Traduit de l'anglais par Ey@el
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  • Commentaires

    1
    Alice
    Mercredi 2 Novembre 2022 à 17:03

    Bonjour,

    J'ai avec beaucoup d'intérêt votre article. Je connaissais l'histoire de toutes ces découvertes en lien avec des rêves, sauf la dernière, la découverte de l'insuline par Frederick Banting.

    Malgré mes recherches, je n'ai rien trouvé qui vienne confirmer le lien entre cette découverte et un rêve.

    Pouvez vous me dire quelles sont les références qui confirment cette découverte.

    Bien à vous

    Alice

     

      • Mercredi 2 Novembre 2022 à 23:07

        Bonjour,
        Désolée, comme indiqué je ne suis que la TRADUCTRICE de cet article, ce n'est pas moi qui l'ai écrit et l'auteur ne donne pas ses sources. Peut-être lui demander directement en suivant le lien de l'article original (cliquer sur le nom de l'auteur sous le titre de l'article).

    2
    Alice
    Jeudi 3 Novembre 2022 à 07:13

    Bonjour,

    merci pour votre réponse, je vais suivre votre suggestion.

    Bien à vous

    Alice

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