• Jeux sado-masos

    Article d'Ey@el

    Si titillés par le titre, et dans l'espoir d'y découvrir des trucs bien salaces, vous vous êtes empressés d'afficher cette page, je vous informe que vous en serez pour vos frais. Bien fait ! Les mineurs peuvent donc rester car ici il ne sera question que de perversion linguistique.

    Les hommes sont si bêtes qu'une violence répétée finit par leur paraître un droit.
    ~ Helvétius

    Mortification, autodestruction, châtiments corporels, sévices en tous genres — de tout temps, l'homme a usé et abusé de la violence non seulement envers lui-même et ses semblables mais également envers tout ce qui vit en général. À tel point que ces comportements cruels et barbares se retrouvent aujourd'hui banalisés jusque dans nos expressions les plus courantes.

    La piraterie des Huns

    Pour que vogue la galère comme on dit, inutile de ménager les esclaves car, dixit un vieux proverbe anglais, « l'huile du fouet est le meilleur remède contre les crampes de la paresse ». Ainsi, au propre, on n'hésitera pas à leur refourguer des saloperies afin de leur donner, au figuré, un bon coup de fouet, histoire qu'ils puissent continuer allégrement à se tuer ou, encore plus gore, à s'étriper1 à la tâche. Certes si d'aucuns prennent leur pied à faire claquer leur fouet et par-delà marquer leur suprématie, d'autres le font assurément pour plomber l'ambiance et la satisfaction de couler le navire. Ce qui revient, en quelque sorte, à se tirer une balle dans le pied en tuant la poule aux œufs d'or ou encore à mordre la main qui vous nourrit2, selon l'angle sous lequel on examine la situation.

    Ils ne font pas de quartier,
    Ils n'attendent aucune pitié.
    La douleur — la douleur sans merci.
    Ils n'attendent aucune pitié —
    Les chiens du Jugement dernier
    Hurlent toujours plus.

    "No Quarter", Led Zeppelin (1973)

    C'est bien beau de tenter de noyer le poisson avec des salades en accusant de pousser mémé dans les orties (ou les hortensias) tous ceux qui vous lancent des piques dans l'espoir de vous épingler au mur — mais cela ne suffira jamais à leur clouer le bec. Autant carrément vous précipiter directement dans la fosse aux lions voire dans la gueule du loup. Il importe donc, avant toute chose, de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain3 et d'éviter de tirer à boulets rouges sur tout ce qui vous met les bâtons dans les roues et vous les brise menues. Quand bien même cela ne casserait pas trois pattes à un canard, mieux vaut encore étouffer l'affaire dans l’œuf afin qu'il n'y ait plus de quoi fouetter un chat, quoi que (couac) la curiosité finira peut-être par l'occire4.

    Qui s'aime bien se châtie bien

    Certes, si notre société actuelle est un véritable enfer au quotidien où l'on ne manque pas de se faire bouffer, étouffer, marcher sur les pieds, casser les c***s, taper sur les nerfs, jeter la pierre, fusiller du regard ou carrément tuer dans tous les sens du terme, il faut admettre que notre pire tortionnaire se révèle souvent être nous-même.

    On s'est détruits, on a reconstruit.
    On s'est construits, on a tout détruit.
    Je me suis détruit, on a tout détruit.
    On s'est punis...

    "Punishment Park", Indochine (1990)

    Prenons le cas de cet amoureux transi à qui une jolie fille a tapé dans l’œil et que ça lui fend le cœur de ne recevoir de sa part que des regards qui tuent. Je sais, cet exemple est un peu tiré par les cheveux mais ça n'en fait pas moins mal pour autant. De quoi se les arracher (les tifs) ou se taper la tête contre les murs. Le pauvre éconduit décide alors d'aller tenter sa chance en s'inventant une nouvelle personnalité plus rentre-dedans sur Fesses de Bouc mais hélas, Bill, le bras droit du Malin (dépositaire de tous les brevets Smart quelque chose), bien décidé à l'achever, s'arrange pour corrompre une des mises à jour automatiques de son Vin d'Oz, ce qui vaut à notre infortuné d'avoir un bel écran bleu de la mort à chaque tentative de démarrer son ordinateur.

    « C'est un signe » se dit-il, la mort dans l'âme. Et sur ce, afin de noyer son chagrin et sa solitude, il commence, chaque matin, par tuer le ver5 puis le temps en tapant le bœuf avec ses potes musiciens. Il finira bientôt mais trop tard par se mordre les doigts d'avoir succombé au réconfort pathético-morbide de ce tord-boyaux baptisé à tort « eau-de-vie », se retrouvant très vite dans l'incapacité de jouer (forcément, sans doigts).

    Le paradoxe de la fin

    C'est la fin,
    Ma belle amie.
    C'est la fin
    Ma seule et unique amie,
    La fin.
    Ça me fait mal de te rendre ta liberté
    Mais je sais que tu ne me suivras pas.
    C'est la fin des rires et des doux mensonges,
    La fin des nuits où nous nous efforcions de mourir.

    "The End", The Doors (1967)

    Le pauvre type qui se demande « bon sang, mais qu'est-ce que je fous là »6 en se repassant en boucle la prophétie de Jim le damné, se dit alors que quand il se retrouvera au paradis, il veut « faire partie d'un groupe », que « n'importe qui peut jouer de la guitare et cesser ainsi d'être un rien du tout ». Dans son delirium tremens, il se prend carrément pour la réincarnation de Jim : « Me laisser pousser les cheveux, me laisser pousser les cheveux et voilà, je suis Jim Morrison »7.

    Son œil lui fait mal. C'est qu'elle n'y a pas été de main morte la garce qui lui a tapé dedans. Si bien qu'il n'en a plus aucun contrôle du tout. On dirait une borne clignotante. Certes, il aurait moins de mal à auditionner pour le rôle de Quasimodo que pour celui du sex-symbol mais qu'importe, il sait désormais ce qu'il doit faire pour mettre un terme à sa torture existentielle et pour cela, il n'y a qu'un seul remède : se faire violence.

    Il arrête donc l'alcool (du moins au petit déjeuner), troque son PC contre un Mac et quelques années plus tard, devient une rock-star comme il s'était promis. Cela ne le rend pas plus beau pour autant mais plus désirable, c'est certain. D'ailleurs c'est lui, maintenant, qui doit les repousser les filles. « Plains-toi encore » lui lancent avec amertume ses futurs anciens amis. Comme il voudrait être frappé d'amnésie tant ce cirque grotesque et ces faux-semblants lui rongent la moelle et lui arrachent les tripes. Écorché vif, tiraillé entre son besoin de voir son art reconnu et de disparaitre complètement8, il est à deux doigts de replonger. Mais non. Il se remet à nouveau en question in extremis et devient une anti rock-star. Cela ne le rend toujours pas plus beau (il s'en tape) ni moins désirable (il s'en bat les c***s) mais au moins, il se sent comme une sardine dans sa boite9 et c'est tout ce qui importe.

    Ey@el

    Notes et références

    1. ^ Expression anglaise : « to work one's guts out » (se tuer à la tâche).
    2. ^ Expression anglaise : « to bite the hand that feeds » (cracher dans la soupe).
    3. ^ Expression d'origine allemande datant du XVIe devenue par la suite un idiotisme anglo-saxon signifiant perdre de vue l'essentiel, se débarrasser d'une chose pourtant importante dans le but d'éliminer les ennuis ou contraintes qu'elle implique.
    4. ^ Expression anglaise : « curiosity killed the cat » (la curiosité est un vilain défaut).
    5. ^ Boire à jeun.
    6. ^ Inspiré de Pauvre Type.
    7. ^ "Anyone Can Play Guitar", Radiohead (1993)
    8. ^ "How To Disappear Completely", Radiohead (2000)
    9. ^ "Packt Like Sardines In A Crushd Tin Box", Radiohead (2001)

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