• L'androïde passif et la force créatrice

    Article de Jon Rappoport traduit par Ey@el

    Available in English

    En traduisant cet article, je n'ai pu m'empêcher de songer au Truman Show de Peter Weir avec un Jim Carrey touchant dans son premier rôle non comique qui lui avait d'ailleurs valu un Golden Globe — un petit bijou cinématographique bourré de références diverses (bible, mythologie, Orwell, Huxley, etc.) à voir ou à revoir absolument et dont je vous propose la bande-annonce.

    Ey@el

    Une guerre asymétrique en termes de mental est le seul moyen de sortir de l'incubateur dans lequel on fabrique et cultive les androïdes. Il faut s'attaquer à l'immobilisme, aux points d'appui, aux endroits où les mécanismes de l'esprit sont absolument certains que les choses sont telles qu'elles sont supposées être. Atteindre ces édifices vertigineux par toutes sortes de points de vue non conventionnels.

    C'est ce qu'ont fait les surréalistes en interrompant le bourdonnement éternel des gratte-ciels de l'esprit. Ils étaient fous certes, mais c'était des héros.

    L'hypnotisme

    La plupart des gens ne veulent rien entendre de ces choses là. Ils veulent bien accepter ce qu'on leur tend ou critiquer le consensus mais pas inventer quelque chose de complètement différent. Non, c'est trop demander. L'Ecclésiaste, le savant, l'enseignant ou le médecin n'aimeraient sans doute pas. Cela risquerait de déplaire à Dieu. Cela pourrait fâcher l'univers. Ainsi que toutes sortes de figures emblématiques. Des visions réduites du monde. D'une simplicité stupide — hypnotique. C'est ainsi que fonctionne ce jeu.

    Il suffit de convaincre les personnes que tout ce qui importe est extrêmement simple. De nourrir le feu jusqu'à ce qu'il ne reste pratiquement plus rien pour dire ensuite : « Vous voyez ? C'est de ça dont il s'agit. Rien de plus. » C'est la base de l'hypnotisme. L'ébullition. La réduction. Le vieil homme au ciel, installé dans un fauteuil, se caressant la barbe — et son cousin, le type qui n'était pas d'accord et qui devient donc tout à coup l'incarnation du mal. Il suffit de tout ramener à ça.

    Puis de faire passer l'histoire à quelqu'un au cirque qui regarde les éléphants et la belle dame à moitié nue debout sur le dos d'un des pachydermes en rêvant de la retrouver dans un endroit calme afin, du coup, d'éprouver du plaisir dans sa chair. Mais ça n'arrivera jamais parce qu'il connait désormais l'histoire, celle du bien et du mal, la réduction et il est fichu. C'est un androïde au Jardin des délices, déconnecté, attendant le coucher du soleil, le rideau noir.

    Il y a mille et une façons de transformer les hommes en créatures androïdes. Ils s'en chargeront tous seuls sans aide extérieure. Ils s'induiront eux-mêmes en transe au moindre prétexte... tout en demeurant raisonnablement actifs, normaux, ordinaires.

    La pensée mécanique

    On peut amener un androïde jusqu'à l'eau mais on ne peut le forcer à boire. C'est là toute la difficulté. Il ne fera preuve d'aucune inventivité. Il ne se plongera pas dans son imaginaire pour concevoir quoi que ce soit. Il se contentera de fixer l'eau en remarquant les jolis petits reflets y compris le sien et il restera là à attendre en espérant que quelque chose d'important se produise.

    La pensée mécanique est la caractéristique majeure de l'esprit androïde. Ses connexions ont beau être sophistiquées, elles sont au repos. Les éléments sont reliés à d'autres bribes d'idées mais sans l'intervention d'aucune ambition ou force créatrice.

    Prendre un risque ? Jamais de la vie.

    Peine perdue.

    C'est, au demeurant, ainsi que disparait la liberté. Il se contente de rester assis là et se statufie parce que personne ne va bouger et décoller de cette plateforme pour concevoir quelque chose de foncièrement différent et d'innovant. Et pourtant il n'arrête pas de clamer qu'il veut sa liberté. Mais il n'en veut pas. Ce qu'il veut c'est la pierre et l'ombre dans la boue solidifiée. Une espèce de zéro réduit encore en-deçà au zéro absolu. Tel est le subconscient d'un androïde.

    Introduire des images directement dans le cerveau

    La DARPA, la branche technologique de contrôle mental du Pentagone, est attelée à un nouveau projet : celui d'introduire des images directement dans le cerveau. Aucun besoin de puce, d'implant ni d'hologramme depuis l'espace. Tout ça c'est de l'histoire ancienne.

    Au lieu de cela, les signaux seraient envoyés directement dans le cortex visuel.

    Certes, une bonne partie de tout ceci n'est que pure campagne publicitaire scientifique destinée à obtenir des financements du gouvernement en échange de contrats. Mais cela montre bien leurs objectifs.

    Et les androïdes humains sont des cibles parfaites parce qu'ils accepteront n'importe quelle image pourvu qu'ils n'aient pas à la créer. Peu importe d'où elle proviendra : du téléviseur, de l'écran de l'ordinateur ou du journal. Ils l'ingurgiteront en n'en faisant qu'une bouchée.

    En théorie, il serait possible d'équiper un de ces bons citoyens passifs d'une série d'images mises bout à bout — un film — qui constituerait son expérience quotidienne.

    Des émeutes dans les rues, des bombardements, des pillages — lui ne verrait que des jardins arc-en-ciel, des machines à barbe à papa, des ballons roses et des vierges nues.

    « Mon frère Bobby m'a appelé aujourd'hui en m'avertissant que cela faisait six mois que j'étais assis dans mon canapé, mais il est dingue. J'étais en train de visiter Disneyland et de profiter des attractions. »

    Il a même une femme adorable et deux enfants bien élevés qui ont surgi un beau jour de nulle part. Il croyait qu'il vivait en solitaire en dehors la ville mais il s'avère que c'est un père de famille responsable.

    Coupons alimentaires, assistance publique, invalidité : la vie est belle.

    Mickey est Président des États-Unis, Donald vice-président et Dingo ministre de la Sécurité intérieure. Le peuple s'est exprimé. Que pourrait-il vouloir de plus ?

    Traduit de l'anglais par Ey@el
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  • Commentaires

    1
    e i p
    Mercredi 18 Mars 2015 à 11:28

    merci pour cette traduction, ce texte est très agréable à lire, en dépit du sujet

    plutôt dramatique .

    :)

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