Texte de Led Zeppelin et article de Davis Inman traduits par Ey@el

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Vous ne le savez peut-être pas encore, mais je suis une grande fan du Seigneur des Anneaux. Il se trouve également que l'album Led Zeppelin IV d'où est issu ce morceau épique est un de mes disques favoris de tous temps. Contrairement à l'article ci-dessous qui ne le cite à aucun moment, et ce malgré la mention texto des Spectres de l'Anneau, cette chanson aux accents folk très prononcés s'inspire sans ambiguïté de l'œuvre de Tolkien. Je m'avancerai même en ajoutant que, selon moi, la Reine de Lumière et le Prince de Paix font allusion à Galadriel (détentrice de l'Anneau de lumière, souvent appelée la Dame Blanche) et Aragorn (le rôdeur solitaire, héritier du trône du Gondor). Pour ce qui est des pommes, évoquées par deux fois dans le texte, elles pourraient être une référence au fruit qui donna naissance à l'arbre blanc du Gondor qui se meurt peu à peu à mesure que le Mal étend son emprise sur la Terre du Milieu.

Ey@el

The Battle of Evermore

La Reine de Lumière tira sa révérence puis s'en vint
Le Prince de Paix rejoignit l'obscurité et seul arpenta la nuit

(Oh, danse au cœur de la nuit, chante à la lueur du matin)
Le Seigneur des Ténèbres chevauche en force ce soir et à tous, l'avenir nous dira
(Oh, abandonne houe et charrue, accours à mon signal)
Côte à côte, nous attendons la puissance du plus sombre d'entre tous

J'entends le grondement de tonnerre des chevaux retentissant au fond de la vallée
J'attends les anges d'Avalon, j'attends la lueur venue de l'est

Les pommes de la vallée portent en elles les germes du bonheur
Le sol est riche des soins qu'on lui a prodigués et qu'il n'oublie pas — non, non

(Danse au cœur de la nuit, chante à la lueur du matin)
Les pommes virent au brun et noir, le visage du tyran, lui, est rouge
(Oh, la guerre est sur toutes les lèvres, ramasse tes épées et file)
Le ciel est rempli de bien et de mal à l'insu des mortels

Oh, comme la nuit est longue, les grains de sable s'écoulent lentement
Les yeux fatigués au lever du soleil attendent la lueur venue de l'est

La douleur de la guerre ne peut outrepasser le chagrin qui s'ensuit
Les tambours ébranleront le mur du château, les Spectres de l'Anneau sur leur noires montures chevauchent toujours

(Lève ton arc en chantant, vise mieux que jamais)
Le feu de nuit, qui tel un grand froid éclaire les visages, n'est d'aucun réconfort
(Oh, danse au cœur de la nuit, chante à la lueur du matin)
Les runes magiques sont inscrites en lettres d'or pour rétablir l'équilibre — rétablissez-le

Le soleil brille enfin, les nuages de l'azur défilent
Et l'astre s'éblouit aux flammes du dragon des ténèbres

© Robert Plant, 1971

Traduit de l'anglais par Ey@el
© lapensinemutine.eklablog.com

À propos de cette chanson

C'est dans le troisième morceau de l'épique Led Zeppelin IV que Robert Plant introduit sa Reine de Lumière, personnage qui deviendra tellement essentiel dans "Stairway To Heaven", le joyau de l'album. Tout comme "Stairway" et la majeure partie de l'imagerie du groupe, "Evermore" s'inspire de la mythologie celtique et également, selon Stephen Davis, auteur de la biographie Hammer Of The Gods, d'ouvrages tels que la Déesse blanche de Robert Graves et Magic Arts in Celtic Britain de Lewis Spencer.

"Evermore" puise encore plus directement son inspiration dans les récits de guerres, essentiellement frontalières, des XVe et XVIe siècles, entre l'Angleterre et l'Écosse dans lesquels Robert Plant s'était plongé avant d'écrire cette chanson. Bien que ce texte puisse faire un peu cliché de nos jours, il restitue assez bien la dure ambiance d'un chant de bataille. La plupart des adeptes de Led Zep connaissent déjà l'histoire de sa création dans laquelle Jimmy Page, le guitariste, s'était incidemment emparé de la mandoline de John Paul Jones, le bassiste, dans la maison de campagne de Headley Grange, comté d'East Hampshire, en Angleterre, que le groupe avait louée pour y enregistrer son quatrième album. Sandy Denny, chanteuse occasionnelle du Newport Convention, y avait été invitée pour interpréter le rôle de la Reine de Lumière. Cet archétype refait surface dans "Stairway" sous les traits de la Reine de Mai et également dans "Going to California" (en hommage à Joni Mitchell).

Erik Davis, l'auteur du volume consacré à Led Zeppelin dans la série 33 1/3 aux éditions Continuum, explique que la sexospécificité joue également un rôle dans cette chanson. Il voit entre le Prince de Paix (Plant) et la Reine de Lumière (Denny) une véritable dynamique masculin/féminin, là où l'androgynie et la confusion des genres étaient de mise pour l'archétype rock'n'roll Page/Plant et Jagger/Richards des Rolling Stones. Denny, pour sa part, contrebalance la masculinité du guerrier Plant. Elle annonce la bataille imminente et invite le prince à l'action par des phrases telles que « Danse au cœur de la nuit, chante à la lueur du matin » et « Abandonne houe et charrue, accours à mon signal ». Et pour sa participation, Denny s'est littéralement introduite dans la "division des quatre" mâles, marque de fabrique du groupe — ce qui n'est pas rien : elle s'est vue octroyer le symbole des trois pyramides à côté de son nom sur les crédits de la pochette de l'album. Denny cimente également le lien qui rattache le groupe, Page tout particulièrement, aux influences de la scène folk anglaise des années 60. C'est, en effet, de groupes comme Fairport, Incredible String Band et Pentangle — avec son doublé de guitaristes Bert Jansch et John Renbourn — dont s'est inspiré Page, à ses débuts, pour sa conception du Zeppelin.

Traduit de l'anglais par Ey@el
© lapensinemutine.eklablog.com

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