• La CIA fait pression sur les médias européens afin qu'ils écrivent des articles pro-américains

    Vidéo d'Udo Ulfkotte transcrite et traduite par Ey@el

    Available in English

    Comme annoncé précédemment (voir Articles connexes), voici la transcription complète (qui a exigé pas mal de recherche de ma part) et traduction de l'interview d'Udo Ulfkotte, l'ancien rédacteur en chef du Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'un des trois plus grands quotidiens allemands, pour le média alternatif RT News dans laquelle il reconnait avoir travaillé pour la CIA et avoue se décider à parler par crainte d'une nouvelle guerre entre les États-Unis, l'Europe et la Russie. Un bon rappel comme quoi il n'existe aucune presse qui soit libre et indépendante comme le fit remarquer le célèbre journaliste new-yorkais John Swinton lors d'un banquet en 1880 :

    Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi !

    Source : Labor's Untold Story, Richard O. Boyer & Herbert M. Morais (1955)

    Ey@el

    La CIA pousse au conflit avec la Russie via les médias

    J'ai exercé le métier de journaliste pendant 25 ans et on m'a formé au mensonge, à la trahison et à la dissimulation de la vérité au public. Mais en constatant aujourd'hui, durant ces derniers mois, combien les médias germaniques et américains s'efforcent de déclencher la guerre au sein des peuples européens, en Russie — nous avons atteint un point de non-retour et je m'insurge pour dire que ce que j'ai fait par le passé n'était pas juste, à savoir manipuler les gens, faire de la propagande anti-russe et que ce que font et ont fait mes collègues n'est pas bien parce qu'on les soudoie pour tromper le public — pas uniquement en Allemagne mais dans toute l'Europe.

    La raison pour laquelle j'ai écrit ce livre est parce que je crains beaucoup qu'une nouvelle guerre n'éclate en Europe et je n'aimerais pas que cette situation se reproduise à nouveau. Les conflits ne se déclenchent pas tous seuls, ils y a toujours des gens derrière pour les provoquer. Et il ne s'agit pas uniquement des politiciens, les journalistes aussi. Comme je l'explique justement dans cet ouvrage, nous avons, par le passé, trahi nos lecteurs dans le seul but d'inciter à la guerre et ça, je ne le veux plus. J'en ai assez de cette propagande. Nous ne sommes pas dans une démocratie où la liberté de la presse et les droits de l'homme sont respectés mais dans une république bananière.

    Les médias allemands, mes collègues surtout, qui, jour après jour, écrivent de la propagande anti-russe — tous appartiennent à des organismes transatlantiques et sont soutenus à cette fin par les États-Unis. Pour ma part, je suis devenu citoyen d'honneur de l'état d'Oklahoma. Vous voulez savoir pourquoi ? Juste parce que j'écrivais des articles pro-américains. Je recevais l'appui des services de renseignement américains, la CIA. La raison ? Parce qu'il fallait que je sois pro-américain. J'en ai assez, je ne veux plus faire cela. Je n'ai pas écrit un livre pour me faire de l'argent — cela va plutôt me rapporter des tas d'ennuis — mais pour donner un aperçu au peuple américain, au peuple allemand, au peuple européen et à tous les peuples du monde entier de ce qui se trame à huis clos.

    Le génocide des Kurdes irakiens avec un gaz toxique fabriqué en Allemagne

    Je dispose de nombreux exemples. Il suffit de revenir en 1988 — en consultant vos archives, vous découvrirez qu'en mars 1988 les Kurdes d'Irak ont été massacrés avec des gaz de combat. C'est un fait connu du monde entier. Mais en juillet de cette même année, on m'a dépêché à Zubaidat, en Iran, une ville frontalière avec l'Irak, en plein pendant le conflit irano-irakien donc, pour prendre des photos montrant comment ces gens avaient été gazés avec une arme chimique de fabrication allemande appelée ypérite ou encore gaz moutarde.

    Quand je suis rentré en Allemagne, mon journal, le Frankfurter Allgemeine, n'a publié qu'une seule de ces photos accompagnée d'un article très court. Aucune mention faite du caractère épouvantable, barbare et cruel de tuer des gens avec un gaz toxique en provenance d'Allemagne des décennies après la fin de la deuxième guerre mondiale. C'était une situation dans laquelle je me suis senti abusé de m'être rendu sur place pour prendre acte de ce qui avait été fait à huis clos mais sans être autorisé à le crier au monde entier. Aujourd'hui encore, le public ignore toujours que des centaines de milliers de personnes ont été gazées avec une arme chimique allemande dans la ville de Zubaidat.

    Agents clandestins

    Vous voulez savoir ce que j'ai fait pour les services de renseignement ? Sachez d'abord que la plupart des journalistes expatriés et s'affirmant comme tels — qu'ils soient européens ou américains — sont, comme je l'étais moi-même par le passé, des « agents clandestins ». C'est ainsi qu'on les appelle en Amérique. J'en ai fait partie. Pourquoi clandestins ? Parce qu'ils travaillent pour les agences de renseignement en les aidant au besoin mais s'ils sont faits prisonniers ou si l'on découvre qu'ils ne sont pas juste des journalistes mais des espions, personne ne dira : « C'est un de nos agents. » Personne ne les connaitra parce que ce sont des clandestins.

    Je les ai donc aidés à diverses reprises et j'en ai également honte aujourd'hui. Tout comme j'ai honte d'avoir travaillé pour des journaux très respectables comme le Frankfurt Allgemeine parce que j'ai été soudoyé par des milliardaires et par les Américains pour ne pas divulguer toute la vérité.

    Dans ma voiture, en me rendant à cette interview, je me suis trituré les méninges à tenter d'imaginer ce qu'il serait advenu si j'avais écrit un article pro-russe dans le Frankfurt Allgemeine. Bon, je n'en sais rien parce qu'on nous a formés à la propagande pro-européenne, pro-américaine mais surtout pas pro-russe. Je suis terriblement désolé mais ce n'est pas ainsi que je conçois la démocratie ni la liberté de la presse. Vraiment, cela me désole.

    Comment on corrompt les jeunes journalistes

    Oui, je comprends très bien votre question. L'Allemagne est toujours une colonie américaine en quelque sorte. Comme vous verrez dans notre pays, à bien des égards, la majorité des Allemands ne veulent pas d'armes nucléaires mais nous avons toujours celles des Américains. Nous sommes toujours un peu en territoire occupé et en tant que tels, il est très facile de démarcher les jeunes journalistes par le biais d'organismes transatlantiques qui ont une très grande influence ici.

    En Allemagne, les journalistes des grands journaux respectables, des magazines, des radios ou des chaines de télévision sont tous soit membres ou invités par ces gros organismes d'outre-Atlantique au sein desquels on les sollicite pour la propagande américaine.  Personne ne vient vous voir en vous demandant : « Nous sommes de la CIA, voulez-vous travailler pour nous ? » Ça ne se passe pas ainsi. On vous invite à venir visiter les États-Unis. On vous paie le voyage, vos frais et tout le reste. Vous vous laissez corrompre pour en obtenir toujours plus parce que vous vous faites de bons contacts. Vous ne savez pas si ces gens sont des agents clandestins ou bien s'ils travaillent officiellement pour la CIA ou d'autres agences américaines alors vous copinez avec eux. Vous croyez qu'ils sont vos amis et vous coopérez avec eux. Ils vous demandent de petits services par-ci par-là — c'est ainsi que vous subissez progressivement un lavage de cerveau.

    Vous voulez savoir si cela ne concerne que les journalistes allemands ? Non, je crois que c'est surtout le cas pour les Anglais parce qu'ils ont une relation plus privilégiée. Ça l'est également pour les Israélites et les Français bien sûr — du moins en partie et pas autant que pour les journalistes allemands ou britanniques — les Australiens, les Néo-Zélandais, les Taïwanais... dans beaucoup de pays arabes comme en Jordanie, au sultanat d'Oman. Dans tous ces pays, on trouve des journalistes qui se disent respectables mais quand on regarde derrière eux, on s'aperçoit que ce ne sont que des pantins de la CIA.

    Lorsque ce sont les agences de renseignement qui écrivent vos articles

    Désolé de vous interrompre, je vais vous donner un exemple. Parfois, les services de renseignement viennent vous trouver à votre bureau pour vous demander d'écrire un article. Il s'agit d'une situation dans laquelle j'ai été personnellement impliqué. J'ai oublié en quelle année mais je me souviens juste que le service de renseignement extérieur allemand — le Bundesnachrichtendienst, une institution sœur de la CIA, fondée par l'agence de renseignement américaine — le BND est donc venu me trouver au siège du Frankfurter Allgemeine à Francfort pour la rédaction d'un papier sur Libye et le Colonel Kadhafi. Je ne disposais d'aucun tuyau à son sujet ni sur la Libye mais ils m'ont fourni toutes les informations secrètes nécessaires en me demandant juste de signer l'article de mon nom. Ce que j'ai fait et donc la publication dans le Frankurter Allgemeine était en fait l’œuvre des services secrets allemands. Peut-on qualifier cela de journalisme lorsque les articles sont écrits par les services de renseignement ?

    Oui, dans mon livre figurent de larges extraits dudit article racontant de quelle manière la Libye et le Colonel Kadhafi essayaient, en secret, de construire une usine destinée à la fabrication d'armes chimiques. Une histoire qui, deux jours après, avait fait le tour du monde mais je n'avais aucune information sur le sujet. C'était juste ce que les services de renseignement voulaient que j'écrive. Ce n'est pas ainsi que devrait fonctionner la presse à se laisser dicter ce qu'elle doit publier ou non.

    Maintenant un exemple de ce qui se passe lorsque l'on refuse. Nous avons, en Allemagne, une unité de secours avec des hélicoptères qui intervient dans les accidents de la circulation. On les appelle les Anges jaunes. Un pilote d'hélicoptère des Anges ayant refusé de travailler comme agent clandestin pour le BND (le service de renseignement extérieur allemand) a ainsi perdu son emploi, le juge ayant décidé que c'était légitime car une personne telle que lui n'était pas digne de confiance. Il a été licencié en raison de son refus de coopération avec les services secrets. Je savais donc ce qui pourrait m'arriver si moi-même je refusais de le faire.

    La vérité ne mourra jamais

    Ma maison a fait l'objet de six perquisitions après avoir été accusé de divulgation de secrets d’État par le ministère public allemand. Ils espéraient que j'allais m'arrêter mais je pense que le jeu en vaut la chandelle car la vérité finira bien par éclater. La vérité ne mourra jamais et je me moque bien de ce qui pourra m'arriver. J'ai déjà eu trois crises cardiaques, je n'ai pas d'enfants, alors s'ils veulent me traduire en justice ou me jeter en prison, pour la vérité, ça en vaut la peine.

    Transcrit et traduit de l'anglais par Ey@el
    © lapensinemutine.eklablog.com

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  • Commentaires

    1
    faisonscourt
    Mardi 19 Janvier 2016 à 13:01

    Courageux réveil ! Qui parie sur une quatrième crise cardiaque mais cette fois-ci fatale ? 

      • Mardi 19 Janvier 2016 à 17:32

        Espérons quand même que non.

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    2
    Mercredi 20 Janvier 2016 à 00:44

    Mouais, presque trop propre et aseptisé le truc ... Il se passe des choses zarbies entre les States et particulièrement l'Allemagne. Un hasard si la 4ème saison de Homeland se passe justement à Berlin ? Ben pardi ...

    Les actions sous fausse bannière ne sont plus au 1er niveau depuis belle lurette (belle lurette se situant avant le 11 septembre 2001 LoL)

     

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