• Le franglais

    Article de la Désencyclopédie

    La Désencyclopédie est une parodie de Wikipédia à l'échelle internationale bien que les articles d'une langue à l'autre ne soient pas des traductions mais des variantes totalement indépendantes. Cet article grinçant, un peu « olé olé », m'a beaucoup fait rire et, sous certains aspects, n'a pas tout à fait tort (voir la tentative de traduction du jargon informatique). N'oubliez pas de survoler les liens : ils ne mènent à rien mais la petite infobulle est souvent caustique (ne s'affiche toutefois qu'avec les navigateurs respectant les standards HTML LMTH dont ne fait pas partie Windows Internet Explorer l'Explorateur Inter-réseau de Fenêtres).

    Ey@el

    « Les plantes par exemple, qui n'ont pas de mains, et pas d'oreilles, elles sentent les choses, les vibrations, elles sont plus aware que les autres species. »
    ~ JCVD à propos de... n'importe quoi, comme d'habitude

    Le franglais est un trouble neuro-psychologique affectant aussi bien le langage que la capacité de réflexion. Apparu après la Libération dans un effort désespéré des Français pour se la jouer ricain, il a perduré tel un furoncle et, comme toute maladie qui se respecte et qu'on laisse aller, a empiré jusqu'à atteindre des dimensions internationales. On murmure même qu'il existerait à l'heure actuelle tout un immense pays malade du franglais. Un porte-parole de l'OMS a récemment déclaré que « la situation est critique, il faut rester aware. Peace ».

    Histoire et développement

    La petite graine

    Nous sommes le 5 juin 1944. Toute la France est occupée. Toute ? Oui, toute, et cette fois non seulement les Allemands nous l'ont mis profond, mais en plus nous nous sommes volontairement penchés en avant en leur tendant la vaseline avec un sourire. Soucieux de récupérer un point d'appui en Europe pour lutter contre les cocos, le gouvernement des États-Unis d'Amérique décide, dans un grand élan de générosité, de venir repousser l'envahisseur à moustache. Le peuple libéré est en liesse, les Françaises en mal de chibre s'en donnent à coeur-joie avec les GI, découvrant les délices de la syphilis et des douches vaginales au coca, et le gouvernement Pétain, la larme à l'oeil, s'en va cirer les bottes tachées de sable normand en bêlant « Danke schön, danke schön ! ». Evidemment, les soldats américains les prirent pour des teutons et les pendirent par leurs tripes au clocher de la Kommandantur.

    L'étincelle qui fait déborder le vase

    Le peuple de France, grand retourneur de veste s'il en est, entreprit comme à son habitude de cirer les pompes du plus fort. L'allemand étant banni, pfouh ! dehors !, il était donc temps d'intégrer le langage du nouvel envahisseur dans le parler quotidien. Ainsi naquit le franglais, enfant bâtard de notre lâcheté congénitale et de notre chauvinisme surenflé, et malheur à qui utiliserait un seul mot d'allemand à compter de ce jour, j'ai la tondeuse qui me démange ! (Cette charmante habitude de dénigrer et honnir tout ce qui a de près ou de loin trait à l'Allemagne perdure encore aujourd'hui, 52 ans après la création de l'Europe, preuve que la connerie est bel et bien héréditaire.)

    Considérations chrono-illogiques

    De simple trait de mode dans les années 50, le franglais devint marque d'intelligence dans les années 60, symbole de la jeunesse dans les années 70, langage technique dans les années 80, langage d'entreprise dans les années 90, langage lycéen dans les années 2000. On compte que les animaux de compagnie s'y mettront en 2010, les plantes d'appartement en 2020 et les cailloux en 2030. La croissance massive du franglais ne cesse de rendre perplexe les personnes âgées qui savent peut-être ce qu'est un parking ou un juke-box, mais se perdent en conjecture sur la signification des mots « aware », « happy slapping » ou « fist-fucking ».

    Avancement actuel de l'épidémie

    Au 1er janvier 2009, il semblerait que la France soit largement touchée par le franglais. Des mots tels que brushing, parking, building ou Paris Hilton ont fait leur trou avec violence tel un pervers pépère dans une école maternelle, et semblent vouloir se maintenir indécrottablement dans notre belle langue française dont nous sommes si fiers. Peu importe que ces mots n'aient en vrai anglais absolument aucune signification, bien au contraire ! C'est là la beauté du franglais : non seulement il nous supprime du vocabulaire, mais en plus il efface les cellules grises qui vont avec. Même les experts sont pantois devant cette malveillance subtile et pourtant si efficace. Si ça n'avait pas existé avant Nicolas Sarkozy, on aurait dit que ça vient de lui.

    Hélas, trois fois hélas, ô, rage, ô désespoir, le cas de la France n'est rien en comparaison de celui du malheureux Canada. Le franglais a atteint une telle ampleur outre-atlantique que plus personne aujourd'hui n'y parle français, même pas en Louisiane. C'est à croire que le froid, la sodomie de caribou et les chanteuses à dents longues favorisent la propagation du mal, et l'OMS a jugé plus prudent d'abandonner définitivement tout espoir de guérison pour passer le plus tôt possible à l'annihilation de ce foyer épidémique. Les missiles sont en place, le lancement aura lieu sous peu, mais chut, c'est une surprise.

    Prévention et guérison

    Avant toute chose, sachez ceci : le franglais, c'est pire que l'herpès ou la migraine, ça finit toujours par revenir. Néanmoins, penchons-nous sur certains détails qui permettent au bon Français de France de garder son parler natal (une phrase qui avant 1962 faisait bien rigoler les nord-africains).

    Saint Jacques le Tout-Bon

    Au milieu de cette horreur, de ce massacre, il en fut un, heureusement, à s'élever contre toute cette injustice et poser les bases de la renaissance de la langue de Voltaire et Montaigne (quoique je donne mon slip à quiconque, de nos jours, est capable de lire Montaigne dans le texte original sans un dictionnaire). Il s'agit, bien entendu, de Saint Jacques le Tout-Bon, religieux de droite, frustré de n'avoir jamais de sa vie été assez doué pour maîtriser une langue étrangère, et qui, trop couard (ou trop intelligent, peut-être ?) pour attaquer la source du mal, à savoir un pays très riche et très agressif de 260 millions d'habitants dont 2 millions de militaires, s'en prit aux symptômes du mal et fit la guerre aux expressions franglaises tapies dans les tréfonds moites et malodorants du langage moderne. Son slogan « Oui, nous pouvons ! » devait jeter les bases d'une nouvelle compréhension du français, accompagnée d'une série de mesures aussi drôles et compréhensibles qu'un épisode de Babylon V, mais comme on dit, c'est le geste qui compte.

    (et non, c'est pas lui sur la photo, ha, ha, je vous ai bien eus !)

    L'enfer est pavé de bonnes intentions

    Si vous avez décidé de vous débarrasser du franglais, attention ! Sachez que pour certaines expressions, il est trop tard. Un parking reste un parking. Par contre, on peut très bien utiliser "courriel" à l'a place d'« e-mail » et « texto » au lieu de « SMS », même si ça a vraiment l'air très con. Méfiez vous des abus, par contre : CD-ROM est une abréviation, et le simple rebaptisage en « cédérom » ne le rend pas moins anglais, mais par contre beaucoup plus con. De même, certains termes disparus de la mémoire collective n'existent aujourd'hui qu'en franglais. Gardez cependant en tête que le franglais, c'est comme le SIDA : on ne sait pas le soigner, mais on peut empêcher le développement de la maladie.

    Le jeu de l'ingénieur européen

    (Un grand merci à El von Tino 11, BSHW XIII et Skychu 7 pour l'inspiration. Ils se reconnaîtront.)

    Vous pouvez en particulier essayer le jeu de l'ingénieur européen, tout particulièrement si vous jouissez, comme on dit si bien de nos jours, d'une grande ouverture internationale (ce qui ne signifie pas seulement que la moitié de l'Europe vous est passée dessus, mais un peu quand même). Le principe est simple : remplacez chaque mot anglais d'un texte par son équivalent français. Par exemple : Charles descendit de son Esquive Vipère qu'il avait mise au garage et se dirigea vers l'escalier roulant, fier de commencer sa journée de travail chez Microdoux. Il alluma son ordinateur personnel, lança Regard vers l'extérieur pour lire ses courriers électroniques, tria ses pourriels en l'espace de quelques instant et ouvrit son dernier fichier Puissance Point, qu'il allait devoir présenter devant le ménagement sous peu (le rapport sous Microdoux Mots attendrait un peu). Fenêtres tournait lentement, comme d'habitude. Prenant une tranche de jambon dans deux tranches de pain et son mal en patience, il sortit fumer une Philippe Maurice près de la machine à café.

    Personne ne vous comprend ? C'est normal, et encore, estimez-vous heureux de ne pas être dans la finance ou sur le Monde de l'Art de la Guerre.

    Le mot de la fin

    « This is the end... My only friend, the end »
    ~ Les Portes à propos de la fin

    Vous croyez que le franglais est terrible ? Vous avez raison. Mais il n'est pas seul, et déjà, divers dialectes pourris attendent, recroquevillés dans un coin obscur, pour prendre la place du franglais s'il venait à choir. Amis francophones, prudence. Le franglais n'est pas votre seul ennemi. Ensemble, luttons, saignons et mourons pour maintenir cette langue française qui est et restera un evergreen ! Eh merde...

    Source © desencyclopedie.wikia.com

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  • Commentaires

    1
    Mardi 17 Décembre 2013 à 19:59

    Mais on peut très bien être un "crack" en français et parler de temps en temps le franglais, non? L'un n'empêche pas l'autre!

    D'ailleurs, avec une amie, on se fait fait des délires du genre: "You are débile." "No, it's you qui are débile and stupide."

    C'est pas pour ça que c'est mal, non? 

    2
    Mardi 17 Décembre 2013 à 20:37

    Rien de mal en effet surtout quand c'est pour rigoler. Comme je le disais dans mon intro, je suis assez d'accord quand ils se moquent de ceux qui poussent les choses à l'extrême en voulant traduire l'intraduisible. Imagine ce que serait la coupe du monde de ballon au pied :lol: Et le rugby, je ne vois même pas comment on pourrait trouver un équivalent. On peut très bien accepter la perméabilité culturelle sans pour autant sombrer dans l'autre excès dangereux celui-là qui phagocyterait notre langue et par delà notre culture comme ce fut déjà le cas pour les dialectes régionaux par exemple. Il y a toujours une bonne raison au départ mais comme dit l'adage "l'enfer est souvent pavé de bonnes intentions". Je n'ai rien contre le franglais pour l'avoir pas mal pratiqué par la force des choses et il m'arrive encore de ne pouvoir exprimer certaines choses qu'en anglais parce que je les ai apprises en anglais et je n'en connais pas forcément les équivalents (d'autant que nous avons souvent beaucoup de retard sur les anglo-saxons). Mais c'est bon, je me soigne alors ce n'est pas si grave ;)

    3
    Mardi 17 Décembre 2013 à 21:09

    Je suis d'accord, et  j'adore ton passage "Imagine ce que serait la coupe du monde de ballon au pied ". ;)

    PS: Woaw tous les arguments...! J'ai comme l'impression que tu dois cartonner pour les sujets de réflexion, Eyael...Non?

     

     

    4
    Mardi 17 Décembre 2013 à 22:30

    Cartonner, je ne sais pas mais réfléchir c'est facile en somme. Le plus dur c'est surtout de ne pas s'y perdre et d'aboutir quelque part ;) Merci de ta visite en tout cas et de tes commentaires, ça fait vraiment plaisir.

    5
    Jeudi 19 Décembre 2013 à 19:12

    De rien..!

    Et puis tu sais quoi?  je m'abonne à ton blog, il est trop bien!

    6
    Vendredi 20 Décembre 2013 à 08:03

    Nous c est le Chinglish

    7
    Vendredi 20 Décembre 2013 à 15:32

    Une petite démonstration pour voir ? :))

    Vous aimerez sûrement ce truc hilarant :
    http://www.davidicke.com/headlines/80785-learn-chinese-in-five-minutes/

    That's not right = Sum Ting Wong
    Small horse = Tai Ni Po Ni
    Great = Fa Kin Su Pa

    Votre humour fait un bien fu ! Je conseille à tous les déprimés d'aller faire un tour sur votre blog.

    8
    Vendredi 20 Décembre 2013 à 20:30

    Je fais partie des "personnes âgées" et parfois je ne comprends pas... je viens de découvrir un bar "lounge" dans mon village: de quoi s'agit-il?

    Par contre, je trouve que les québécois résistent bien: ils ont des autocaravanes alors que les français ont inventé le "camping car"), ils n'ont pas de parkings mais des( parcs de) stationnement. À part l'accent, leur langue est beaucoup plus agréable que la nôtre.

    J'aimerais bien qu'on invente des mots français pour nommer les nouveautés.

    9
    Vendredi 20 Décembre 2013 à 22:18

    Un bar lounge est un bar salon ou encore un bar d'ambiance où l'on diffuse de la musique.

    Je suis d'accord avec vous, les Québécois se battent plus pour préserver le français que nous autres en France. Il faut dire qu'ils sont un peu comme le village d'Astérix en plein territoire romain/anglo-saxon. Et puis leurs expressions locales sont absolument délicieuses.

    Pour ce qui est des néologismes, n'attendons pas qu'on les crée : créons-les ! Moi, par exemple, j'ai décidé d'appeler les smartphones des "crétinphones" parce que "malinphones" serait mentir sauf si on prend "malin" au sens de diabolique ;)

    10
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 13:55

    Bonjour et entre nous joyeux Noël et merveilleuses Fêtes de fin d'année, bien que personnellement je n'attends précisemment aucune date calendaire pour gâter mon entourage ou me laisser gâter.

    En ce qui concerne la belle langue française oui j'écris belle car par comparaison avec l'anglais dans laquelle toute dérive est permise car cette langue n'est pas protégée et l'allemand à l'accent guttural parfois insoutenable, le français est sublime, l'italien trop emberlificoté, l'espagnol aux RRRR de fonds de gorge caverneux etc...

    Bonne fin de journée à vous.

    11
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 17:27

    Toutes les langues sont belles, après certaines nous sont plus agréables que d'autres. Apprendre des langues ouvre l'esprit car c'est le langage qui alimente notre réflexion. Il est normal qu'en plus d'appauvrir notre vocabulaire, on cherche à éradiquer les langues sous des prétextes fallacieux. Diviser, diviser, diviser toujours diviser en utilisant des prétextes d'unification pour arriver à ces fins. Une seule langue ne nous rapprochera pas, bien au contraire.

    12
    Samedi 28 Décembre 2013 à 10:40

    Bonjour,

    Apprendre des langues comme vous le souligner aide à s'ouvrir aux autres : chaque fois que je suis parvenue à comprendre l'autre dans sa langue j'ai ressenti une joie intérieure.

    Par contre unifier ou diviser celà passe par la volonté perso de chacun et dans ce cas l'apprentissage des langues n'est qu'un simple outil de plus.

    Bonne journée.

    13
    Dimanche 29 Décembre 2013 à 00:59

    Je pense que je me suis mal exprimée. En parlant de division, je ne voulais pas insinuer que la diversité des langues nous divisait. C'était une tournure maladroite de ma part pour exprimer le fait que l'on met en avant une langue unique (en l'occurrence, l'anglais) sous le prétexte de gommer nos différences alors que ce sont ces différences culturelles qui nous enrichissent et ne sont certainement pas les sources de nos divisions. Donc oui, les langues sont bien de merveilleux outils et je vous rejoins là.

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