• Projet Eklabugs : Déchaîne mon cœur

    Article d'Ey@el

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    Déchaîne mon cœur » aboyait Joe (le chanteur pas le chien même si c'était quand même un Cocker). Une bonne manière d'entrer dans le vif de cette trente-deuxième session Eklabugs (liste des nombreux participants au bas de cette page) sous le thème des passions. De quoi « allumer le feu » car si, à l'instar de l'amour auquel elle est souvent assimilée (à tort), la passion est une énergie expansive ayant besoin d'un exutoire et pouvant contribuer à élever les vibrations de l'être — incontrôlée, elle peut, au contraire, s'avérer profondément destructrice et aliénante voire aspirer dans une spirale infernale vers le bas. Le double-sens involontaire de la formule me semble donc fort approprié.

    Enflamme mon cœur ou délivre-le, mais de quoi ?

    Je le veux maintenant,
    Je le veux là de suite —
    Ce sera comme si mon cœur implosait.
    Et je romps mes chaînes,
    Je m'évade à l'instant
    Et je sens ma foi s'effriter...

    "Hysteria", Muse (2003)

    L'étymologie de la passion en elle-même proviendrait du latin patior, pati, et serait homonyme du grec pathos, signifiant souffrance, supplice, état de celui qui subit, passivité. Sans trop s'attarder sur les différentes notions et connotations allant de la perversion de la raison selon les uns (les stoïciens) à la joie (associée à l'amour romantique) des autres qui la rendent tour à tour invalidante (Spinoza) ou bien porteuse (Hegel), nous retiendrons surtout le côté irrésistible et exacerbé de la chose que l'on pourrait donc assimiler à une pulsion. Une définition moderne de la passion la désigne comme « une inclination exclusive vers un objet, un état affectif durable et violent dans lequel se produit un déséquilibre psychologique ».

    Avant d'être popularisée par l'expansion de la (sous-)culture à toutes les couches sociales et le règne des médias corporatifs tout-puissants, la passion faisait surtout référence aux martyres de la religion (la Passion du Christ) et à la dévotion (religieuse également). Ce qui nous ramène toujours quand même à l'idolâtrie (ou culte des idoles), phénomène qui s'applique aussi bien à des artistes, musiciens, chanteurs, acteurs qu'à des sportifs, écrivains, top-modèles, politiciens, gourous, autorités religieuses voire même des personnages sans talent ou rôle social particulier (vedettes de la télé-réalité, YouTubeurs, Instagrameurs, etc.) qui ont juste su saisir l'opportunité du moment et l'avènement des nouvelles technologies de communication pour assouvir leurs pulsions narcissiques exhibitionnistes en alimentant ces mêmes fantasmes inconscients chez le reste de leurs congénères (ou péjorativement « les masses ») en mal de reconnexion et d'identification.

    S'il te plaît, dessine-moi une idole

    Car rien de nouveau sous le soleil, hein : depuis la fin des temps, l'âme incarnée dans la chair et déconnectée de sa Source, cherche à combler ce vide ressenti et à s'extraire de cette densité en projetant ses manques, attentes et croyances sur un objet extérieur à cet ego auquel elle s'identifie. Du pain béni du coup (sans jeu de mots... enfin si !) pour qui voudrait contrôler l'humanité.

    Seigneur ! C'est vraiment pas facile.
    Tu sais à quel point c'est dur parfois
    Et au train où vont les choses,
    Ils vont me crucifier.

    "The Ballad Of John And Yoko", The Beatles (1969)

    Le terme d'idole remonte donc à aussi loin que l'on vénéra quelqu'un ou quelque chose et désigne « une représentation matérielle d'une divinité qui fait l'objet d'un culte, comme la divinité elle-même ». Par extension, les idoles d'aujourd'hui ne sont plus ni des dieux ni des saints mais des personnes servant de « faux modèles » à une partie de la population.

    Selon l'encyclopédie en ligne propagandiste partiale (Wikipédia), l'idolâtrie moderne « se manifeste par une obsession de tout ce qui touche, de près ou de loin, à la vie de l'idole » et comme souligné plus haut, « pourrait être mise en rapport avec une disparition relative des pratiques religieuses et du sentiment religieux institutionnel. Les besoins de déification de certains groupes d'humains s'inscriraient désormais dans un canevas d'adoration d'une ou plusieurs idoles humaines plutôt que dans la pratique d'une religion de tradition ».

    Accros aux héros

    Elle passe sa vie à l'attendre
    Pour un mot pour un geste tendre,
    La groupie du pianiste.
    Devant l'hôtel dans les coulisses,
    Elle rêve de la vie d'artiste,
    La groupie du pianiste.
    Elle le suivrait jusqu'en enfer
    Et même l'enfer c'est pas grand chose
    À côté d'être seule sur terre,
    Et elle y pense dans son lit
    Le soir entre ses draps roses.
    Elle l'aime, elle l'adore.
    Plus que tout elle l'aime,
    C'est beau comme elle l'aime.

    "La Groupie du pianiste", Michel Berger (1980)

    L'idolâtrie, comme chacun sait, peut malheureusement aller jusqu'à provoquer des scènes d'hystérie collective ou de violence par effet de surenchère. Et de là à parler d'adoration et de fanatisme, il n'y a donc qu'un pas, n'en déplaise à ceux que leur passion inspire mais ne contrôle pas et qui ne se reconnaîtront forcément (et heureusement) pas dans ces comportements extrêmes et obsessionnels. Patience, le meilleur est à venir.

    Amateurs, supporters, admirateurs, pasionarias, aficionados, adorateurs, groupies, fans ou fanas (anglicisme et abréviation de « fanatiques ») sont, par ordre d'intensité croissant, les termes les plus usités  pour désigner ces passionnés en quête d'identité qui vivent littéralement par procuration et jouent, à leur insu, le jeu de « l'esprit de ruche » (ou pensée de groupe) de la Matrice (prison vibratoire) dans laquelle nous évoluons bon gré mal gré.


    Selon l'approche psychanalytique :

    Un autre aspect phare de la personnalité du fan est que ce dernier s'octroie une disponibilité toute particulière voire gênante pour son idole. D'un point de vue psycho-dynamique, le fait que ce dévouement soit au centre de sa personnalité, est dû, principalement, à un réel manque d'affection plus ou moins fort et donc à des besoins d'affection l'accompagnant. Le fan comble ce manque d'affection (et donc d'attention portée à sa personne, d'où un égocentrisme fortement présent) en se trouvant un modèle, un objet à investir et sur lequel il va décharger sa pulsion, comblant ainsi son manque. En résumé en admirant une personne, il semblerait qu'il déplace l'image de sa mère sur celle de son idole qui devient ainsi modèle et source d'affection, lui permettant de combler un manque certain à ce niveau libidinal.

    Outre la notion de modèle, il est essentiel de considérer l'idole comme une figure permettant l'identification. En effet le fan, en entrant dans le monde de son idole, se persuade d'en faire partie, ce qui donne souvent lieu à des comportements familiers voire déplacés. Ainsi, les schémas cognitifs du fan sont partagés en deux instances, l'une d'elles représentant l'admiration qu'il porte à son idole et l'autre formant une représentation de l'accessibilité qu'il a par rapport à son idole. Cette dualité crée un dysfonctionnement lorsque le fan prend conscience du fait qu'avoir accès à l'univers de son idole est donc un privilège personnel qu'il doit entretenir afin de ne pas le perdre, le poussant ainsi à adopter des comportements extrêmes, preuves de cette confusion psychique. (Source)

    Dans la peau d'un fantasme despotique

    Pour les cas non extrêmes, d'aucuns évoquent encore un « emprunt fantasmagorique » à la psyché de l'idole qui pourrait ainsi permettre à un individu, dépourvu de repères stables notamment, de se construire. Pour moi, il s'agirait plutôt là d'un processus manipulé de dés-identification et de ré-identification à un meme, une projection, un hologramme, un égrégore ou ce que vous voudrez.

    Car comme nous l'avons vu lors de la session de février avec le thème de l'amour , ce fameux « amour » aussi bien côté public que côté icône n'en est point. Il ne s'agit que de projections et de transfert d'énergie comme l'évoquait Dylan Charles dans un article publié précédemment (voir Articles connexes). Les uns projetant leur fantasmes en vivant par procuration et aspirant en retour tout ce que leur renvoie leur objet-miroir et les autres assouvissant un besoin de validation de leur être par le regard d'autrui et de compenser leur dés-autonomisation en exerçant une certaine forme de pouvoir totalement illusoire.

    Une sorte de vampirisme triangulaire car, ne nous leurrons pas, dans ce petit jeu malsain, nous sommes tous des victimes et des pions de la Matrice comme l'illustre parfaitement l'extrait ci-dessous de Pink Floyd The Wall (1979) mettant en scène le pétage de plomb métaphorique de Pink, une rock-star qui n'assume plus sa vie devenue vide de sens. Plus loin dans le film, il est représenté sous forme d'une marionnette ballottée au vent et jetée en pâture aux fauves dans l'arène. On ne pouvait pas plus éloquent et je vous laisse méditer sur ses images effroyables.

    Débranche ou pète un câble

    Ma chérie enfichable
    Crucifie mes ennemis
    Quand je suis las de donner.
    Ma chérie enfichable,
    Dans ce continuum de réalités inexplorées,
    Est lasse de vivre...

    "Plug-In Baby", Muse (2001)

    Rien d'étonnant si certains « idolâtrés » ne supportent plus la pression de cette exposition permanente qui entraîne la perte de leur anonymat, de leur liberté de mouvement et de leur personnalité et les oblige à se conformer à la fois aux attentes d'un public vorace et d'une industrie du spectacle non moins prédatrice et perverse à souhait. Beaucoup sombrent ainsi dans la drogue, l'alcool, la violence, la dépression, le suicide. Les plus solides et les plus lucides repèrent les pièges assez vite et apprennent à les déjouer pour retourner la Matrice à leur avantage (ou pour véhiculer un message à grande échelle que malheureusement trop peu capteront) quand d'autres encore y laissent la vie dans des accidents toujours providentiels. Reste aussi la catégorie des nombreux éphémères en quête d'un regain de gloire perdue et dont les pathétiques come-backs sont plus liés à un sevrage narcissique mal vécu qu'à de réels besoins financiers (l'un n'excluant toutefois pas l'autre).

    Côté adorateurs, quand la passion vire à l'obsession, on observe le même type de symptômes avec une certaine surenchère liée à un sentiment de compétition pour les attentions de l'objet de son désir narcissique. Quelques exemples que je suis allée pêcher sur la toile parce que personnellement, en tant qu'ancienne fan modérée qui s'est plutôt inspirée que faite aspirée, je n'ai jamais été confrontée à ce genre d'expérience « borderline » avec aucun artiste ou groupe même les plus connus à l'époque (mais les choses ont visiblement bien changé et pas dans le bon sens).

    Camping Paradize et la dévolution de l'espèce humaine

    J'ai tout d'abord été sidérée (quand je vous dis que je ne vis pas dans la Matrice), lors de mon dernier concert à Bercy le mois dernier d'apprendre que certains fans d'Indochine donc avaient campé la veille au soir sur l'esplanade pour être les premiers (comme les ânes) à la sacro-sainte barrière devant la scène et que c'était, par ailleurs, une pratique de plus en plus courante, même sur plusieurs jours d'affilée et en plein hiver par des températures largement en-dessous de zéro. « Hé, c'est pas Woodstock ! » aurais-je envie de dire. Si ce n'était pas limite insultant pour tous ceux qui n'ont pas choisi de dormir à la rue, eux. Visez un peu le malaise.



    Une file d'attente pour Indochine à Bercy quelques jours avant un concert.

    À quand le Camping Paradize ? Interrogé par les médias sur ce phénomène quelque peu insolite pour ne pas dire dérangeant, Nicola Sirkis aurait eu une réponse aussi vague qu’ambiguë : « Je préfère ne pas me poser la question [...] j'en suis fier... mais pas vraiment ».

    Si encore tout se faisait dans le respect et le partage mais il y a manifestement un phénomène de surenchère malsaine et de compétition acharnée qui dépasse l'entendement. « Je suis allée à une rencontre privée FNAC, c'était la première fois que j'essayais de voir le groupe » raconte une fan sur un forum. « J'y suis allée détendue avec une amie. J'ai bien cru que mon heure avait sonné. Ce n'est plus aimer une musique là, c'est carrément du fanatisme dangereux. J'ai été projetée contre les vitres du magasin (avec les vendeurs hilares à l'intérieur, tu m'étonnes) ».  Le plus surprenant, c'est qu'on parle d'un groupe dont le chanteur approche la soixantaine et pourrait être le grand-père de certain(e)s et non d'un boys band cherchant à « chauffer les minettes » !

    Et si ce n'était que cela. Mais j'ai aussi lu des choses qui m'ont vraiment fait frémir. Jugez plutôt : quelque part en province, une campeuse visiblement sociopathe brandissant un couteau suisse dans une file d'attente aurait lancé à la cantonade : « Le premier qui essaie de me doubler, je le plante ! ». D'autres encore se seraient fait menacer de se faire pousser dans les escaliers à l'ouverture des portes. Quand on sait qu'Indochine milite justement contre le harcèlement scolaire et l'intolérance en général, on en reste d'autant plus perplexe (et alarmé). Alors quoi, le clip censuré de "College Boy" (voir Articles connexes) aurait-il été compris à l'envers ?

    Sinon, cela ne se limite bien entendu pas au seul public d'Indochine (et dans une proportion minoritaire quand même il faut le préciser) ni aux fans de musique en général. Ceux des films à franchises sont gratinés aussi. Sans parler des supporters d'équipes sportives dont on connaît tous les tragiques débordements. Quelques recherches sur les comportements les plus extrêmes de fans m'ont fait découvrir que les menaces de mort envers les petites copines des idoles, par exemple, étaient monnaie courante grâce à la collaboration tacite des réseaux sociaux qui censurent tout et n'importe quoi mais pas ce genre d'abus visiblement. En plus, cela permet aux détraqués et aux hystériques de tout poil de traquer leurs célébrités favorites 24H/24 le tout avec des allures de chasse aux Pokémons.

    Certaines (car il semblerait que ce soit principalement des filles — que je ne pourrais jamais appeler des femmes même si elles avaient la quarantaine tellement leur comportement est immature — si si, il y en a !) passent même à l'acte comme les Katycats qui, pour venger leur idole Katy Perry, ont été jusqu'à détruire la vitrine d'une boutique de Los Angeles qui faisait la promotion de Russell Brand quand le comédien a osé demander le divorce. Ce n'est plus de la solidarité féminine mais de la rage !

    Après pour le coup, les clones (dont certains vont jusqu'à l'étape bistouri quand même) et ceux qui se font tatouer le visage de leur idole partout sur le corps (et même à des endroits qui doivent quand même créer un malaise dans leurs relations intimes) passent pour des bisounours, forcément. Et que dire de ceux qui transforment leur maison ou leur appartement en musée pour y entreposer tous leurs trophées payés à des prix qu'on n'ose imaginer ?

    Une chose est sûre : l'agenda du transhumanisme passera comme un lettre à la poste avec des gens comme ça.

    L'Ordre du Phénix

    En astrologie, on associe la passion à Pluton, la planète des enfers mais aussi de l'alchimie, de la transmutation symbolisée par le phénix renaissant de ses cendres. Comme je l'ai précisé au début de cet article, la passion est une énergie qui transcendée peut s'avérer un puissant moteur d'inspiration et d'élévation. Je dirais même qu'elle est essentielle pour atteindre les sommets car qui n'explore pas sa part d'ombre ne connaîtra jamais la lumière. En effet, nos âmes se sont incarnées dans la chair pour faire l'expérience de la dualité, savoir ce qu'elles sont et ne sont pas en faisant, à chaque instant, des choix de pensées, de paroles et d'actes qui les alignent sur une fréquence ou une autre selon les lois universelles de cause à effet, d'attraction et de libre arbitre (à noter que le terme de « loi » est à comprendre au sens de mode de fonctionnement comme la loi de la gravité par exemple et non comme un code de conduite instauré par une volonté supérieure).



    Le Quidditch est un nouveau sport d'équipe inspiré et adapté par des fans de la saga Harry Potter.

    Ainsi ceux qui choisissent de suivre leur passion pour se dépasser et non se laisser dépasser, qui se laissent guider mais non dominer, peuvent prétendre à décrocher la lune parce qu'ils ont jeté un œil derrière le rideau du magicien d'Oz et intuitivement compris que tout cela n’était qu'une affaire de projection et d'identification. Faute de trouver les mots adéquats et la manière d'exprimer mon point de vue, je me contenterai de vous citer un exemple connu du même groupe qui m'a servi à illustrer le côté sombre de la force.

    Saviez-vous donc qu'Olivier Gérard (dit Oli de Sat) était un fan assidu d'Indochine avant d'en devenir un membre officiel et le co-auteur de la plupart des morceaux ? Au lieu de mettre sa santé en péril et gaspiller son temps à camper dans le froid polaire pour voir ses idoles de près et collectionner les autographes et les selfies, il s'est entraîné à jouer ses titres favoris, à les illustrer, les remixer, et envoyer des maquettes à Nicola Sirkis, qui un jour, l'a pris au mot et lui a lancé un défi qui, de fil en aiguille, l'a mené là où il en est aujourd'hui. Quand on l'écoute parler en interview, qu'on le regarde se comporter sur scène, avec les fans dont il fut, on sent bien que ce n'est pas le gars « qui se la pète » comme on dit. Et franchement, ce genre d'exemple est plutôt gratifiant pour plein de raisons que je vous laisserai deviner tous seuls.

    Il n'y a pas que lui qui soit passé du statut de fan à celui de modèle pour les autres (c'est volontaire là si je n'emploie pas le mot « idole » en raison de sa connotation passive et péjorative). Beaucoup d'autres, dans des domaines variés, ont su utiliser leur passion comme carburant pour alimenter leur moteur plutôt que comme outil de chauffage. Ils se sont trouvés et ont su développer leur singularité en s'inspirant des qualités qu'ils admiraient chez leurs modèles comme point de départ. C'est un peu mon mode de fonctionnement en tout cas d'ailleurs car comme vous le savez, je ne suis pas très adepte des théories, je préfère découvrir mes propres méthodes et conclusions à partir d'exemples concrets, raison pour laquelle toutes les personnes qui vendent du développement personnel me gavent même si je sais combien il est difficile d'expliquer certaines choses. C'est peut-être aussi pour m'inciter à proposer autre chose, allez donc savoir. C'est surtout à vous de me dire si ce que je vous raconte vous aide ou non.

    Je sens que tout va changer,
    J'ai vu le ciel si bas,
    J'ai traversé les vies,
    Tous mes héros sont morts.
    J'ai vu le vide,
    Je m'y accroche encore.
    Je suis ce que je savais,
    J'y ai dansé un soir...

    "Station 13", Indochine (2017)

    Interrogé sur le fait d'avoir perdu ses héros et quand on lui demande s'il a conscience d'en être un pour des millers de personnes et s'il se sent responsable ou non, Nicola Sirkis répond :

    J’essaie de ne jamais avoir cette conscience là, ça me perturberait. Je sais tous les jours la chance que j’ai d’avoir un public pareil. Ce que je représente pour eux, j’essaie de le minimiser même si effectivement il y a une importance flagrante énorme que je constate tous les jours, soit par des lettres, soit par des messages sur les réseaux… Une responsabilité, c’est compliqué je peux pas dire ça, si on commence à choisir notre public ça va pas, c’est le public qui m’a choisi. Après, il aime ou pas ce que je fais, il y a juste le respect à avoir par rapport aux conditions de vente, de prix des places… (source)

    Question responsabilité (et respect) justement, je vous invite, en complément, à regarder ce court documentaire qui devrait vous aider à vous faire une opinion éclairée plutôt qu'à l'emporte-pièce.

    Et pour en revenir à notre sujet direct (et en guise de conclusion) ces fans obsessionnels, qui ont besoin de marquer leur territoire en pratiquant la surenchère, sont dans le désalignement le plus total avec leurs aspirations (qui sont de toute manière totalement inatteignables puisque fondées sur des fantasmes) et n'attireront que toujours davantage d'obstacles à leurs vaines tentatives d'assouvissement, ce qui fera que ce ne sera jamais assez. Exactement comme une drogue dure.

    Alors, si nous passions d'aspirations stériles à inspirations contaminantes ?

    Ey@el

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 30 Mars 2018 à 11:43

    Comme tu le sais peut être, moi les chanteurs qui me passionne sont coréens. Je n'ai pas encore eu la chance de pouvoir assister à un concert en France ou même en Corée, mais ce que tu me dis à propos des gens qui dorment dans le froid pour avoir de meilleur place le lendemain ne m'étonne pas du tout. C'est connu que là-bas, les fans sont très...passionnels ? Je ne sais pas si c'est le bon mot. Il y a même des groupes de fans assez dangereux, qui peuvent s’introduire chez les idoles (on les appelle ainsi là-bas), qui leur font peur en les suivant en voiture, par exemple. Il y a des accidents lié à ça...

    Quand on devient connu, surtout dans la musique, faut faire attention à tous ces gens qui s'insinue dans notre vie privée. Des fans peuvent s'énerver parce qu'une Idole à une petite copine, pareil, ils vont lui faire des menaces. La moindre erreur, ça fait un scandale... Pour ce côté, je suis assez contente de vivre en France et pas en Corée ;)

      • Vendredi 30 Mars 2018 à 14:10

        Ah non, je ne savais pas... J'avais entendu parler des fans japonais (et des Japonais en général qui sous leurs dehors calmes sont assez psychotiques même avec des anonymes et je parle en connaissance de cause sans vouloir trop généraliser non plus) mais pas des coréens. Mais quand on voit Young Kim, on ne peut s'empêcher de te croire sur paroles ;)

      • Dimanche 1er Avril 2018 à 22:55

        Je ne connais pas assez bien les japonais pour pouvoir en parler. Mais avec les coréens, ça peut rapidement déborder...

      • Dimanche 20 Mai 2018 à 16:19

        Je voulais justement parler des fans sasaengs qui sont des fans obsessifs, possesifs et qui vont assez loin pour voir leur idole. Ils les stalkent et vont jusqu'a détruire leur vie de couple (si il y en a une) pour avoir une chance d'être avec une idole. Il y a de nombreux cas d'essais de kidnapping sur idoles de kpop et de sasaengs qui s'introduisent chez les idoles pour leur voler des choses et les revendre sur le dark net a prix faramineux pour faire ce que leur cerveau malade veux avec. Ces fans sont malheuresement tres nombreux et ces dernieres années le phénomene a gagné la France. C'est juste qu'ils sont plus discrets mais dernierement il y a une polémique, puisqu'un idole a recu des menaces de mort tres sérieuses avec l'endroit exact et l'heure a la seconde pres. Le fan a juré de le faire si l'idole ne venait pas en France et a piraté pas moins de tous les ordis de la compagnie pour envoier des messages, mails et autres a cet idole. Malheuresement, je ne peut plus vous donner les liens des articles sérieux qui ont été écrits parce qu'on a essaié d'etouffer l'affaire et ca a bien marché parce qu'aujourd'hui plus personne (ou presque) s'en rappelle.

        Sinon tres bon article! Les références musicales ont fait plaisir, et la blague du cocker était parfaite x)

      • Dimanche 20 Mai 2018 à 17:31

        Merci pour cette info. Ce que nous racontes là donne vraiment froid dans le dos. J'ai tellement foi en l'humanité, je vois tellement le bon chez les gens et les blessures que j'en oublie parfois toute la noirceur et le fait que certaines âmes franchissent malgré tout le cap de l'irrécupérable. Je ne sais pas ce qu'est le Sasengs ni le Kpop sans doute pour ça et pour avoir travailler dans un quartier (à Londres) fréquenté par de nombreuses célébrités (j'ai eu Patsy Kensit, Liam Gallagher, l'acteur qui jouait dans la série Manimal comme client et un présentateur télé que je ne connaissais pas vu que je n'avais pas la télé et j'étais fraichement débarquée et ces gens sont tellement comme toi et moi que dans ma tête ça ne fait aucune différence et donc ce truc d'idolâtrer, j'ai du mal à me mettre dedans. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des gens que j'admire et que je serais super flattée de rencontrer mais jamais je me sentirai au-dessous d'eux ni qu'ils me doivent quelque chose. Je ne dois pas être normale :lol: Quant à ce que tu dis sur ces affaires qu'on cherche à étouffer, je te crois sans le moindre doute car oui, c'est à ça que servent les médias. Les fake news sont justement les médias officiels qui les propagent et ce qu'eux appellent fake news sont justement les nouvelles autenthiques. Bienvenue dans la Matrice comme dirait Morpheus ! Merci pour ton com et le compliment. Contente que la blague à deux balles t'ai fait rigoler, fallait bien ça sur un sujet pas rigolo du tout.

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    2
    Vendredi 30 Mars 2018 à 18:44

    Comme toujours, un article très enrichissant! Les comportements fanatiques peuvent parfois faire bien peur! Ces fous comme de simples personnes, qui au final peuvent nous ressembler, peuvent influencer le comportement d'autre, jusqu'à en aller aux armes comme tu le mentionne dans ton article. Quand j'étais plus jeune (bien que je ne sois pas très vieille), je me souviens avoir été voir un spectacle, à l'entrée dans la salle, tout le monde se poussé, les gens ont commencé à se resserrer pour entrer avant tout autre, nous étions tellement serrés que mes pieds ne touchés plus terre, hallucinant!

      • Vendredi 30 Mars 2018 à 22:23

        Oui, j'ai connu ça aux concerts de U2 uniquement mais encore ça fait si longtemps que je ne suis plus sûre. Mais jamais au point d'avoir l'impression que j'allais être écrasée contre un mur comme j'ai pu lire sur un forum quand une fan d'Indochine racontait ce qu'elle avait vécu dans une file d'attente. Mais dans le genre, j'aurais aussi pu mentionner les fans de soldes :lol:

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