• Quel mal y a-t-il à prendre des antidépresseurs ?

    Article du Dr Kelly Brogan traduit par Ey@el

    Available in English

    Nous savons que tous les médicaments ont des effets secondaires. C'est l'inconvénient. Mais est-il vraiment possible qu'un antidépresseur puisse pousser une personne saine d'esprit à commettre un crime de sang froid?

    En arrivant au King's College de Londres, par cette journée anormalement froide pour la saison, j'imaginais que mon auditoire se poserait la même question. J'étais là pour partager ce que j'avais appris sur les médicaments que j'avais si consciencieusement et fidèlement prescrits durant la première partie de ma carrière et aussi sur le sérieux potentiel de guérison de la dépression par des moyens simples et sûrs selon les derniers progrès scientifiques.

    La veille avant mon départ pour l'aéroport, j'avais reçu un courriel d'un homme que je souhaitais inviter sur scène avec moi ce jour-là. Son nom est David Carmichael et voici ce qu'il m'avait écrit :

    Le 31 juillet 2004, dans un état psychotique provoqué par le Paxil, j'ai ôté la vie de mon petit garçon de onze ans prénommé Ian et j'ai été accusé de meurtre au premier degré. En septembre 2005, j'ai été jugé comme « non criminellement responsable en raison de troubles mentaux » et en décembre 2009, j'ai reçu l'absolution inconditionnelle du système psychiatrique médico-légal (d'Ontario, Canada). Je n'ai pas pris de médicaments depuis septembre 2010. Avant notre tragédie familiale, j'étais conseiller sportif, physiquement actif et sans le moindre antécédent de violence ou de maladie mentale.

    Ce jour-là, il raconta à un public constitué de cliniciens et de patients comment un citoyen ordinaire, à qui l'on prescrit un médicament apparemment sans danger pour gérer son stress professionnel, en arrive à commettre un acte de violence odieux contre son enfant chéri. Quand il eut terminé sa description des faits, la salle de classe était ébranlée.

    Ce doit être rare, non ? Totalement anormal ?

    Faux.

    Je soutiens désormais que ce jeu de roulette russe à quoi s'apparente chaque nouvelle prescription de psychotropes bafoue le précepte le plus fondamental de la médecine (tout d'abord, ne pas faire de tort) et ce, en l'absence de tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à un consentement éclairé.

    La violence comme effet secondaire ?

    Heureusement, nous bénéficions souvent de nombreuses occasions de nous éveiller à cette réalité choquante, ce qui est plus facile que jamais de nos jours. Grâce à des plateformes citoyennes comme madinamerica.com, l'information est disponible pour quiconque prêt à ne pas s'en tenir aux médias grand public et à considérer les revendications des vraies victimes.

    La vérité concernant les antidépresseurs et la violence est également présente dans les toutes dernières publications médicales dont cette évaluation critique de Carvalho et autres pour laquelle les auteurs se sont plongés dans la recherche de l’innocuité présumée des ISRS et des SNRI. Dans ce document, ils nous présentent, preuves à l'appui, tout un cortège horrifiant des différentes manières dont un simple antidépresseur peut ruiner votre vie quand ce n'est pas vous l'ôter. Rendant les patients sujets à de nouveaux diagnostics médicaux, ces psychotropes, qu'on prescrit souvent pour passer des caps difficiles de l'existence comme un divorce ou un décès, comportent des risques documentés dont votre médecin ne pourrait probablement pas vous informer car s'il en avait connaissance, il renoncerait immédiatement à vous faire une ordonnance.

    Un petit exposé s'impose. Certes, les effets indésirables des antidépresseurs, dont vous trouverez ci-dessous un résumé méticuleux, peuvent s'apparenter au bourdonnement des voix des publicités à la télévision auquel nous ne prêtons plus attention parce qu'on nous a raconté que ces « effets secondaires sont rares et compensés par les bénéfices ».

    Mais ces bénéfices étant terriblement limités, examinons d'un peu plus près les effets secondaires...

    Table 1. Principaux effets indésirables associés à l'utilisation de la nouvelle génération d'antidépresseurs

    1. Gastro-intestinaux (nausées, vomissements, saignements GI)
    2. Hépatotoxicité et réactions d'hypersensibilité (signes dermatologiques et vasculaires)
    3. Prise de poids et troubles du métabolisme
    4. Cardiovasculaires (allongement de l'intervalle QT, du rythme cardiaque basal et VRC, hypertension, hypotension orthostatique)
    5. Génito-urinaires (rétention urinaire, incontinence)
    6. Dysfonctionnement sexuel
    7. Hyponatrémie
    8. Ostéoporose et fractures
    9. Saignements
    10. Système nerveux central (seuil critique, effets secondaires extra-pyramidaux, syndrome sérotoninergique, maux de tête, attaques cérébrales)
    11. Sudation
    12. Troubles du sommeil
    13. Affectivité (apathie, passage à la manie ou l'hypomanie, effets paradoxaux)
    14. Suicidalité
    15. Innocuité en surdosage
    16. Syndromes de sevrage
    17. Ophtalmiques (glaucome, cataracte)
    18. Hyperprolactinémie
    19. Risque pendant la grossesse et l'allaitement
    20. Risque de tumeurs malignes

    Les risques qui m'ont fait cesser toute prescription

    Ayant toujours présenté les antidépresseurs à mes patients comme efficaces et sans danger, j'ai cessé de les prescrire après avoir appris trois faits concernant les psychotropes :

    • Leurs effets à long terme sont aggravants
    • Ils créent des dépendances invalidantes
    • Ils provoquent une violence imprévisible

    Ces aperçus n'étaient apparemment que le sommet de l'iceberg. Après des années d'épouvantables récits d'expériences de patients et de nouvelles relations avec des militants de groupes citoyens, je me pose encore des questions. Que sont donc ces médicaments ? Comment la biochimie a-t-elle pu produire des molécules capables à ce point de provoquer le déraillement, la distorsion et la suppression de l'expérience humaine ?

    Avec à ce stade plus d'aspects inconnus que connus, les signaux préjudiciables ne font qu'augmenter à mesure que diminue l'alignement des patients sur ce modèle de soins.

    Vous trouverez ci-dessous un assortiment de phrases extraites de cet article pour plus d'information, mais je me contenterai d'ajouter que nombre de ces effets indésirables constituent des problèmes majeures qui changent complétement la donne quand ils ne la transforment pas en drames fatals qui rendent les résultats obtenus au niveau placebo de ces médicaments totalement inacceptables.

    Troubles intestinaux :

    Les effets secondaires les plus souvent signalés associés à l'utilisation d'ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) et de SNRI (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline) comprennent nausées, diarrhées, dyspepsies, saignements gastro-intestinaux et douleurs abdominales.

    Toxicité hépatique :

    Deux mécanismes essentiels seraient impliqués dans l'hépato-toxicité induite par les antidépresseurs, notamment un composant métabolique et/ou une voie immuno-allergique. Un syndrome d'hypersensibilité accompagné de fièvre et d'éruptions cutanées en sont les manifestations cliniques, tout comme la présence d'auto-anticorps, d'éosinophilie et une courte période de latence (une à six semaines) sont les indices d'un mécanisme physiopathologique essentiellement immuno-allergique, alors qu'une absence de syndrome d’hypersensibilité et une période de latence plus longue (un mois à un an) sont les signes d'un mécanisme métabolique singulier.

    Prise de poids :

    En dépit de la complexité du scénario clinique, des preuves incontestables indiquent que la plupart des antidépresseurs sont susceptibles de provoquer une prise de poids chez une majorité de patients.

    Problèmes cardiaques :

    Les ISRS et SNRI peuvent favoriser une diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC). Bien que l'impact des effets des antidépresseurs sur la VFC reste à déterminer, des données indiquent qu'une VFC inférieure est un facteur prédictif significatif d'incidents cardiovasculaires.

    Problèmes urinaires :

    Les ISRS peuvent provoquer de la rétention urinaire en agissant sur voies centrales de la miction. La sérotonine peut dans un même temps accroître l'écoulement sympathique central conduisant au stockage urinaire tout en inhibant le flux parasympathique, ce qui affecte la miction.

    Troubles sexuels :

    Un corpus important de données montre que les antidépresseurs pourraient affecter la fonction sexuelle de différentes manières et sur plusieurs aspects, induisant une baisse de la libido, un dysfonctionnement de l'excitation (érection chez les hommes et lubrification vaginale chez les femmes) et des troubles de l'orgasme.

    Déséquilibre électrolytique :

    Les mécanismes de l'hyponatrémie (faible concentration en sodium dans le sang — NdT) induite par les ISRS sont encore mal expliqués mais ces agents peuvent agir soit en accroissant la sécrétion de vasopressine (hormone antidiurétique) ou en accroissant la sensibilité à cette dernière, aboutissant à un tableau clinique semblable au syndrome de sécrétion inapproprié de l'hormone antidiurétique.

    Ostéoporose/fragilisation des os :

    L'utilisation des ISRS a été associée à une réduction de la densité minérale osseuse (DMO) et un risque consistent de fractures plus élevé.

    Saignements :

    Tous les antidépresseurs sérotoninergiques ont été reliés à un risque hémorragique accru. Le mécanisme le plus probable à l'origine de ces réactions indésirables serait une réduction de la recapture de sérotonine par les plaquettes, bien que d'autre mécanismes aient également été impliqués.

    Troubles du système nerveux :

    Toutes sortes de symptômes extra-pyramidaux sont observés chez les patients sous antidépresseurs, mais l'akathisie (sorte de névrose caractérisée par l'impossibilité de s'asseoir ou de rester assis — NdT) semble être l'aspect le plus fréquent suivi de réactions dystoniques, dyskinésies parkinsoniennes et dyskinésie tardive [...] Les maux de tête sont l'un des effets secondaires les plus courants associés à l'utilisation d'antidépresseurs selon une vaste étude rétrospective de cohorte sur des adolescents et des adultes.

    Transpiration abondante :

    La plupart des études indiquent qu'environ 10% des patients sous ISRS pourraient présenter une transpiration excessive bien que l'incidence soit plus forte avec la paroxetine.

    Troubles du sommeil :

    Les ISRS et la venlafaxine sont associés à une latence du sommeil paradoxal accrue et à une réduction de la durée globale de cette phase de sommeil rapide (la phase durant laquelle nous rêvons — NdT).

    Modifications de l'humeur :

    De nombreux patients prenant des ISRS rapportent un émoussement émotionnel. Ils décrivent souvent leurs émotions comme « étouffées » ou « diluées » alors que d'autres font référence à une sensation d'être « en suspens » et de ne simplement « plus se soucier » des problèmes qui auparavant avaient de l'importance pour eux [...] En outre, un syndrome d'activation peut survenir dans le courant des trois premiers mois de traitement où les patients sous antidépresseurs risquent  de faire preuve d'anxiété, d'agitation, de crises d'angoisse, d'insomnie, d'irritabilité, d'hostilité, d'agressivité, et d'impulsivité .

    Suicidalité :

    Le nombre de suicides et de tentatives de suicide est un effet indésirable qui a souvent été passé sous silence dans les essais randomisés contrôlés ou comparatifs (ERC) sur les antidépresseurs.

    Toxicité de surdosage :

    Chez les patients souffrant de troubles dépressifs majeurs (TDM), le taux de suicidalité est accru, le surdosage de médicaments prescrits étant une des méthodes les plus couramment employées dans les tentatives de suicide.

    Syndrome de sevrage :

    Parmi ces phénomènes, symptômes grippaux, tremblement, tachycardie, sensation d'être en état de choc, paresthésie, myalgie, acouphènes, névralgie, ataxie, vertige, troubles sexuels, troubles du sommeil, rêves saisissants de réalité, nausée, vomissements, diarrhée, anxiété aggravée, et instabilité de l'humeur.

    Maladies oculaires :

    Un sous-groupe de patients sous ISRS rapporte des troubles visuels non spécifiques [...] Les ISRS peuvent augmenter la pression intraoculaire et aboutir à l'apparition d'un glaucome à angle fermé [...] Une étude cas-témoins a découvert une plus grande probabilité de cataractes après exposition à la nouvelle génération d'antidépresseurs.

    Déséquilibre hormonal :

    On observe occasionnellement une augmentation durable du taux de prolactine périphérique chez les patients sous antidépresseurs dont les ISRS ; l'hyperprolactinémie peut avoir des effets désastreux sur la santé (ex : diminution de la densité minérale osseuse et hypogonadisme).

    Risque pour la grossesse et/ou l'allaitement :

    La plupart des données décrivant la présence d'anomalies congénitales associées aux ISRS s'appuient sur des études d'observation et des registres de médicaments. Par conséquent, la portée clinique de ces données est discutable.

    Risque de cancer :

    Des études précliniques ont découvert que les antidépresseurs pouvaient accroître la croissance des fibrosarcomes et des mélanomes et pourraient également favoriser la carcinogenèse mammaire (cancer du sein — NdT).

    Eh bien, c'est vraiment déprimant. Et pourquoi n'en savez-vous rien ? Parce que votre médecin ne le sait pas. J'ai récemment appris d'un patient à qui on avait prescrit un antidépresseur conjointement à un antibiotique « au cas où l'antibiotique provoquerait une dépression ou des modifications d'humeur ». Nous avons été formés à considérer ces médicaments comme une application mitigée de la pharmacologie et, à vrai dire, comme le soulignent les auteurs :

    L'historique de la toxicologie nous rappelle de manière frappant le décalage qui se produit souvent entre la première autorisation d'utilisation d'un médicament sur des sujets humains et la reconnaissance de certains effets indésirables provoqués par ce même médicament.

    Prendre ces risques semble plus qu'inutile avec les résultats fiables de la médecine de confort — interventions multimodales à plusieurs niveaux à moindre coût, immédiatement disponibles et dépourvues d'effets secondaires. Comme le concluent les auteurs :

    Il ressort de ce réexamen que les traitements prolongés par la nouvelle génération d'antidépresseurs devraient être évités quand des solutions alternatives existent.

    Je dois convenir et affirmer que ces solutions « alternatives » existent bien. Ces traitements permettent non seulement la disparition des symptômes et d'éliminer/éviter les médicaments, mais également une expérience totalement inédite de soi-même. Il ne s'agit pas d'un « retour à la normale » mais d'intégration, d'évolution et de vitalité. J'ai travaillé pendant plusieurs années à élaborer des guides d'autoguérison accessibles à quiconque envisageant de prendre des antidépresseurs ou cherchant à s'en sevrer pour la moitié du prix d'une consultation.

    Traduit de l'anglais par Ey@el
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