• Une étude montre qu'un placebo est efficace même quand les patients en ont connaissance

    Article d'Anthony Tyler traduit par Ey@el

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    L'an dernier, une étude publiée par le centre médical Beth Israel Deaconess (BIDMC) est venue marquer l'aboutissement de nombreux efforts en partenariat avec l'école de médecine de Harvard dans le cadre de leur programme d'études des placebos et de rencontres thérapeutiques (PIPS) créé en 2011 dont l'annonce et l'analyse officielles peuvent être lues ICI (en anglais).

    Selon la vieille théorie, il ne peut y avoir d'« effet placebo » que lorsque le patient ignore la véritable efficacité dudit placebo (c.-à-d. qu'il ne fonctionne pas). Toutefois, à travers l'histoire, théologiens, métaphysiciens et philosophes ont longtemps considéré les répercussions profondes derrière ce mécanisme observable. Cela fait un certain temps que les érudits ont compris que la frontière subtile séparant la « supercherie » du placebo de la conscience extrasensorielle se résumait à un simple rideau métaphorique — et qu'il n'y avait qu'à lever ce dernier pour accéder à cette voie à double sens.

    Laquelle voie à double sens est le fondement non seulement de concepts plus ésotériques comme l'évocation/invocation d'entités mais également de la médecine antique, de la méditation transcendentale et du véritable chamanisme, ainsi que, dans notre société moderne, de la neuroplasticité et de l'hypnothérapie souvent adoptée par la programmation neurolinguistique.

    Dans ce contexte, le placebo va de paire avec l'idée du « fétichisme » au sens étymologique du terme. Le guérisseur (amérindien) créait son remède en promulguant chez son patient des états altérés de la conscience par l'intermédiaire d'éléments physiques d'apparence anodine — comme un bâton en bois sculpté orné de plumes, perles et fil de tendon. Un fétiche, selon sa définition fondamentale, consiste à prendre des objets ou concepts ordinaires et par le biais du symbolisme, en faire un usage complètement différent et sans rapport avec leurs vertus prosaïques.

    Comme l'explique Ted Kaptchuk, co-auteur de cette étude, directeur du programme d'études des placebos et de rencontres thérapeutiques du BISMC et professeur associé à l'école de médecine de Harvard :

    Ces découvertes changent radicalement notre compréhension de l'effet placebo [...] Cette nouvelle recherche démontre que l'effet placebo n'est pas nécessairement induit par l'attente consciente du patient de se voir administrer un médicament actif comme on l'a longtemps cru. Avaler une pilule dans le cadre d'une relation patient-clinicien — même si l'on sait qu'il s'agit d'un placebo — est un rituel qui modifie les symptômes et active probablement les zones cérébrales qui les modulent [...] C'est l'avantage d'être impliqué dans un traitement : l'interaction avec le médecin ou l'infirmière, la prise de pilules, tous ces rituels et symboles de notre système de santé. C'est à cela que le corps réagit.

    Cette référence aux rituels, même au sens large et surtout émanant des sphères collégiales classiques réputées pour leur élitisme (Harvard autant que le BIDMC), est curieuse. Bien sûr, il ne faut pas y voir nécessairement quelque chose de mal et cela pourrait même être un pas dans la bonne direction pour la communauté scientifique.

    Auteur principal, le Dr Claudia Carvalho de l'ISPA note que :

    Nos découvertes démontrent que l'effet placebo peut être induit sans tromperie [...] Les patients voulaient savoir ce qui allait se passer et ont apprécié cette approche novatrice de leur douleur. Ils se sont sentis habilités d'un certain pouvoir [...]

    Les résultats de cette étude et l'ensemble des travaux effectués au PIPS pourraient avoir de vastes implications inexploitées dans des domaines d'intérêts tels que l'homéopathie et la phytothérapie ainsi que d'autres médecines holistiques voire même la médecine allopathique. D'autres progrès dans ce domaine pourraient amener un changement révolutionnaire — qui viserait directement l'ésotérisme et les concepts de la médecine antique — mais qui ne sera probablement pas facilement accepté par ce qu'est devenue l'industrie médicale de Big Pharma aujourd'hui.

    Pour finir, les effets du placebo indiquent nullement que certains ou tous les médicaments ne servent que de déclencheurs psychologiques — mais plutôt qu''il existe un rapport d'analogie entre la notion de réaction biochimique et de catalyseur psychique (ou, en fait, les états de conscience modifiée) bien plus profond qu'on ne le supposait.

    Traduit de l'anglais par Ey@el
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