• Ici et seulement Ici (2)

    Interview d'Ey@el

    Available in English

    Le pourcentage de vécu

    EYAEL : Dans ce livre, on sent vraiment  que tu vas chercher très loin dans l'émotionnel et qu'il y a forcément une grande part de vécu là-dedans. Quel pourcentage d'après toi ?

    CHRISTELLE DABOS : Les chiffres, c'est pas du tout mon truc donc je ne vais pas me hasarder vers un pourcentage. Mais je pense qu'il n'y a pas une seule page du livre qui ne contienne pas une allusion  à quelque chose que j'ai soit vécu directement ou dont j'ai été témoin et qui m'a marquée. Après, c'est très transformé parce que tout ne m'est pas arrivé textuellement et parce qu'il y a quand même une dimension magique dans ce texte. J'ai puisé joyeusement dans ce vécu-là.

    C'est vrai qu'il n'y a pas très longtemps, j'ai l'occasion de lire un extrait du livre alors que je ne l'avais pas relu depuis et je suis dit, « oh, c'est moi qui ai écrit ça ? Ah oui, c'est vrai. C'est chaud quand même ! » En fait, avec le recul, c'est vrai que c'est quand même assez fort de café. Au moment de l'écriture, ce n'était pas vécu du tout pareil. Et c'est là que j'ai remarqué un décalage extrême entre ce que moi j'ai ressenti à l'écriture et la façon dont ça a pu être vécu du côté de la lecture.

    Je sais que dans la toute première version, quand j'avais voulu écrire une histoire sur le collège avant la Passe-Miroir, j'avais clairement un parti pris. Je pense que j'avais de la rancœur. Un mélange de rancœur et de culpabilité. Et j'avais envie de régler des comptes, ce qui est une très mauvaise raison. Et heureusement, ça ne s'est pas fait. De toute manière, très vite, ça sonnait faux à l'intérieur et très vite, je me suis arrêtée.

    Alors que là vraiment, lorsque ce livre m'est venu, je n'avais pas envie du tout de régler mes comptes mais plutôt de voir les choses de leur point de vue. Je me dis que peut-être ce n'était pas si facile non plus, que c'est une sorte de jungle finalement, et que c'est un mécanisme de défense comme un autre.

    Alors après, je n'irai pas jusqu'à cautionner tout. Mais comprendre un autre point de vue que le sien, je pense que c'est ça qui m'a le plus libérée. C'était de sortir de moi,
    de ma petite histoire personnelle, me désengager de ça. Me dire, « OK, je vais revenir dans l'arène mais avec d'autres points de vue qui n'étaient pas forcément les miens et tous les personnages ne me correspondent pas. »

    Les personnages n'ont rien à voir avec moi mais ça me permet tout d'un coup de voir les choses différemment. C'est un autre angle de vue et on peut comprendre. Ce qui ne veut pas dire cautionner. Il n'y a pas de jugement. Disons que ce n'est pas autobiographique qu'au sens strict. Sinon j'aurais fait un récit de vie et personnellement, j'aurais trouvé ça beaucoup moins intéressant.

    Mais le but, c'était effectivement de sortir du prisme étroit de ce que moi, j'avais vécu, la façon dont j'avais perçu et de me demander, « tiens, ces personnes que j'ai côtoyées, comment de leur côté, c'était perçu ? Comment ça a été vécu ? » Et pour moi, l'incarner du point de vue de l'écriture, ça a été passionnant. Je me suis dit, « tiens, là vraiment, je sors complètement de ma petite histoire personnelle et ça devient plus vaste que moi toute seule ».

    Ça veut pas dire forcément que je vais taper juste mais j'essaye. J'essaye de voir des choses sous un autre angle que le mien au sens strict.

    Influences

    EYAEL : Je ne peux pas m'empêcher de faire un parallèle avec Ça de Stephen King. Même si les univers sont différents, les thématiques sont les mêmes à savoir les adultes qui ferment les yeux et manquent totalement de présence ; les cycles qui se répètent ; les disparitions ; et même quelque chose de similaire aux fameuses « chiottes de l'enfer ».

    CHRISTELLE DABOS : Alors, je dois faire une confession, je n'ai lu, je crois, aucun roman de Stephen King. Je pense que le seul que j'ai lu, c'est son essai sur l'écriture.
    En fait, je connais très très mal son univers. Mais c'est troublant. Vraiment troublant.

    EYAEL : Ça m'a aussi fait pensé à Haraki Murakami, un auteur japonais que m'a fait découvrir un ami — parce qu'on est en plein réalisme et pourtant on glisse sans s'en rendre compte vers une dimension un peu surnaturelle sans pour autant être dans un roman fantastique à proprement parler. La frontière entre les deux est vraiment ultra floue.

    CHRISTELLE DABOS : Pour la dimension surnaturelle, je m'en suis pas rendu compte sur le moment. Ce n'est qu'après coup quand on m'a posé la question. On m'a dit, « Mais en fait, c'est quoi le genre du livre ? » Donc avant même que ça sorte en librairie, avec Gallimard Jeunesse, on s'est beaucoup interrogés. Et en fait, c'est vrai, c'est quoi ?

    Et en réfléchissant, j'ai pensé au réalisme magique qui est un courant littéraire sud-américain. Et en fait, lorsque j'étais étudiante, j'ai fait quelques années d'études d'espagnol et j'ai lu des romans issus de ce courant littéraire. Je pense à notamment Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Je pense qu'on peut y inclure la Maison aux esprits d'Isabel Allende. Et il y a un roman que j'ai adoré qui s'appelle Maison de campagne de José Donoso qui a cette atmosphère … exactement ce genre de lieu clôt où il y a une sorte de cohabitation entre une réalité très dure, très crue, et une dimension, un petit pas de côté qui fait qu'on se pose la question de l'interprétation — de se dire, « Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que c'est vraiment cette dimension surnaturelle ? Ou est-ce que ce sont les personnages qui partent dans un délire ? » C'est très difficile de trancher. Et moi j'adore ça. Cette incertitude.

    Mais l'incertitude n'est pas toujours bien vécue. Je pense qu'il y a des lecteurs qui préféreraient que ce soit plutôt tranché et que ce soit dit. Le fait, qu'en quelque sorte, ce soit à eux de décider, il y en a certains qui aiment et d'autres qui n'aiment pas du tout. Je pense que je ne ferai pas toujours systématiquement les mêmes fins mais là, en l'occurrence, pour moi, ça avait du sens. Après, c'est comme une sorte de balance et que je la fait quand même pencher plus d'un côté que de l'autre. Mais voilà, les fins complètement fermées ou qui apportent des réponses très binaires, ce n'est pas là où je me sens le mieux. J'ai envie de proposer autre chose.

    Les personnages

    EYAEL : Vincent et Sofie sont, pour moi, les deux personnages les plus importants dans cette histoire dans le sens où ils font vraiment évoluer les autres ainsi le récit lui-même. Pourtant, il ne font pas partie des narrateurs de ce roman choral. Était-ce intentionnel ?

    CHRISTELLE DABOS : En fait, avec le recul mais pas au moment de l'écriture, je me rends compte qu'en fait, je ne parle pratiquement que de binômes.

    Parce que pour le personnage d'Iris, toute son histoire est par rapport à sa sœur — sa frangine ; pour Madeleine, c'est par rapport à Louise ; pour Guy, c'est par rapport à Sofie ; et pour Pierre, c'est en fonction de Vincent. Et là je me suis dis, « tiens, mais tous les personnages, en fait, se construisent aussi par rapport à un autre personnage ».

    Et comme tu dis, les personnages de Vincent et de Sofie sont hyper intéressants. Ils proposent autre chose. Quelque chose qui sort complètement des codes du collège. Et quelque part, ils sont dans une zone un peu dangereuse. En l'occurrence, Vincent met en danger Pierre. C'est à la fois fascinant et dangereux.

    Et Sofie, c'est la voie du milieu. C'est un de mes personnages préférés. Je pense que j'aurais adoré avoir une Sofie dans ma classe au collège. Elle voit clair. Elle voit que c'est une sorte de grande illusion finalement, que tout ça est un jeu — une sorte de pièce à théâtre où chacun a un rôle. Elle dit, « OK, non, c'est un jeu. C'est juste que moi, je ne rentre pas dedans. »

    EYAEL : Les personnages ont tous des prénoms très évocateurs par rapport à ce qu'ils sont.

    CHRISTELLE DABOS : Pour la Passe-Miroir, j'avais choisi tous les noms des personnages à l'oreille parce que ça sonnait bien. Et après, on s'est rendu compte que ça avait énormément de sens du point de vue étymologique et ce n'était pas voulu du tout. Ou alors, effectivement, c'est mon inconscient qui était sur le coup.

    Là, je me suis dit, « non, je veux vraiment choisir les prénoms de façon extrêmement consciente et assumée ». Et je sais pourquoi je leur donne à chacun ce prénom-là.

    EYAEL : Donc pour Iris, c'est celle qui voit tout…

    CHRISTELLE DABOS : C'est exact !

    Sofie m’a écouté avec… comment on dit déjà ? intensité. On dirait qu’elle touche mes mots de toute sa peau et qu’elle capte quelque chose par-dessous, un genre de sens caché qui moi m’échappe complet. J’écoute vraiment pas comme elle.

    ~ Guy

    EYAEL : Sofie, la voix de la sagesse… Mais pourquoi avec un "F" ?

    CHRISTELLE DABOS : Pour Sofie, j'avais fait une recherche. Je voulais juste connaître le nom le plus donné au monde pour les filles. Et il y avait Sofie, Sofia mais avec un F du coup, le PH étant extrêmement français. Je voulais que ce prénom soit le plus universel possible.

    Je suis l’impair, le valet de pique, le pouilleux et personne peut me reprendre ça.

    ~ Pierre

    EYAEL : Pierre, la dureté ?

    CHRISTELLE DABOS : Alors, pour le personnage de Pierre, c'est le nom du valet de pique dans le jeu de cartes. En fait, je savais que les figures des jeux de cartes avaient des noms. Je connaissais ceux des rois et des reines mais pas des valets. Et quand j'ai vu que Pierre était celui du valet de pique1, je me suis dit, « alors là c'est parfait ! »

    Par contre, c'est côté français. Je pense que ce n'est pas le même nom pour l'international2. Donc, ça, je crois que malheureusement, quand ça a été traduit, ils ont conservé les prénoms français. Ça aurait pu avoir du sens d'adapter les traductions en fonction des pays. Après, ce n'est pas très grave.

    Pour Pierre, du coup, effectivement, ça tombe plutôt bien, parce que comme il est tout le temps voûté, il a ce côté un peu roc qui se pose là.

    Et les coups, j’aime déjà pas particulièrement les donner, alors les recevoir…

    ~ Guy

    EYAEL : Guy, le parasite ?

    CHRISTELLE DABOS : En fait, pour la classe de Guy, je me suis énormément inspirée
    de Robin des Bois. C'est vraiment une classe où il y a ces deux clans — ceux d'en haut et ceux d'en bas — avec cette collecte, ces impôts très lourds. Sauf que c'est une classe de Robin des Bois mais sans Robin des Bois.

    Par contre, dans la légende de Robin des Bois, il y a un personnage un petit peu difficile à caser qui s'appelle Guy de Gisbourne et qui, en fonction des versions, est soit un mercenaire ou un cousin du shérif. Mais il est un petit peu ambivalent. On ne sait pas trop parfois dans quel camp il se positionne. Et pour ce personnage-là, je me suis dit, « tiens, lui, clairement, c'est pas un Robin des Bois ».

    C'est pour ça que, d'ailleurs, il y a la figure du Prince. C'est vraiment le prince Jean.

    C’est soit elle, soit moi ; il ne peut pas y avoir deux Choisies Ici.

    ~ Madeleine

    EYAEL : Madeleine, comme Marie-Madeleine, la martyre ?

    CHRISTELLE DABOS : Alors pour Madeleine, je me suis vraiment inspirée de Sainte Marie-Madeleine que dans ma tête, j'ai mixée — mais ce n'est pas dans le prénom — avec Jeanne d'Arc. Ce sont vraiment deux figures de saintes qu'on peut fusionner en une.

    Vincent fredonne pendant toute la trigo. La haine qui embourbe la classe n’a aucune prise sur lui. C’est une île, Vincent, ça l’a toujours été ; du pacifisme en chair et en os, mais surtout en chair. Séparément, on est des impairs. Ensemble, on est rien.

    ~ Pierre

    EYAEL : Vincent me fait penser à Saint Vincent, mort en riant et en chantant des supplices qu'on lui a infligé.

    CHRISTELLE DABOS : Ah, non, je ne savais pas. Alors, pour Vincent… je ne sais plus pour la classe de Pierre. C'est un nombre forcément impair, je crois qu'il y est dans une classe de 25. Et en fait, Vincent, c'est tout bête : c'est 20-100. C'est un nom-chiffre. Il y a des noms, comme ça. C'était vraiment une question de chiffre aussi pour que dans cette classe-là, Pierre se retrouve impair.

    Notre preuve de la distorsion du champ de réalité intra-muros est une substance non identifiée que nous avons appelée « le schmoïlle ». Le schmoïlle est à l’origine même de la fondation du Club Ultra-Secret, lorsque Numéro Un a découvert son existence forti… fortuitement dans un caniveau du collège qui évacue les eaux usagées. Le schmoïlle a ceci de sépi… spéfi… spécifique qu’il ne s’écoule dans le caniveau qu’une seule et unique fois par semaine, toujours un jeudi et toujours à 14 h 28 très exactement, mais jamais pendant les vacances scolaires.

    ~ Le Club Ultra-Secret

    EYAEL : Et le Club Ultra-Secret sont un peu « complotistes », non ? En ce sens où qu'ils se posent plein de questions, investiguent et remarquent toutes les choses bizarres que les autres ne voient pas ou ne veulent pas voir. Cette histoire avec le « schmoïlle », notamment, ne pourrait-elle pas faire penser à la pollution des nappes phréatiques ?

    CHRISTELLE DABOS :  En fait, moi-même quand j'étais enfant — c'était juste avant d'entrer au collège, avec mon petit frère et mes voisins, on explorait un peu notre quartier et on est tombés sur une substance hyper bizarre dans un ruisseau. Et pour nous, ça ne faisait pas un pli : c'était soit des extraterrestres, soit une substance fantomatique. Et comme on venait de voir SOS Fantômes au cinéma…

    Le truc, c'est qu'on ne se rappelait pas du terme. Le véritable terme, c'était « slime ». Mais nous, on l'avait oublié. Et du coup, c'était devenu « schmoïlle ». On l'a complètement déformé. On a pris des échantillons dans des tubes. Mon voisin avait la boite du Petit Chimiste et il a procédé à des expériences pour voir « tiens, si je mélange avec ça… »

    Bon, ça rien donné, hein ! Mais s'il vous plaît, ne faites pas ça chez vous. Si vous trouvez une substance bizarre dans un ruisseau, ne touchez pas à ça !

    On ne se rendait pas compte.

    Je dois avouer que c'était vraiment un souvenir d'enfance que j'ai ré-injeté. Honnêtement, pour qu'on tombe sur cette substance bizarre, mes voisins, mon frère et moi, quand même, c'est qu'il y a un problème. Des enfants ne devraient pas tomber sur des substances ainsi hautement suspectes.

    J'avoue que j'ai beaucoup rigolé avec le Club Ultra-Secret. Ils m'ont bien fait rire.

    D'ailleurs, entre parenthèses, on ne connaît jamais leurs noms. C'est vraiment Numéro Un, Numéro Deux, Numéro Trois, Numéro Quatre… Et du coup, par conséquent, je ne voulais pas non plus qu'on connaisse forcément leur genre. Je ne précise jamais, à part pour le Numéro Trois. Et à cette exception près, pour les autres, on ne sait pas si ce sont des garçons ou des filles. Je ne le précise pas et ce n'est pas important.

    Ceci dit, la question, c'était posée pour le livre audio parce que comme ils avaient engagé des comédiens — il me semble qu'il y avait une voix de fille. Mais voilà, moi à la base, comme c'était écrit, je me disais comme ça, on ne connaît pas du tout leur identité et ce n'est pas important.

    Mais par contre, ils vont vraiment très, très loin dans leur réflexion. Et parce que là aussi, il y a cette dimension autobiographique. Moi, quand j'avais 13 ans — c'est l'année où je suis tombée sur des livres dans la bibliothèque de ma grand-mère où je me suis dit, « oh la la ! » Pour moi, si quelque chose était écrit dans un livre, c'était forcément vrai. Il y avait absolument zéro esprit critique de ma part. Si c'était écrit, si c'était imprimé, c'était forcément une vérité.

    Je suis tombée sur des livres qui parlaient de toutes sortes de sujets ésotériques. Il y avait vraiment de tout. Et du coup, j'ai eu une phase adolescente où je voyais vraiment des signes partout. Pour moi, c'était le petit mix entre Madeleine et le Club Ultra-Secret. J'étais vraiment dans ces trucs-là.

    Et là où je suis amusée avec eux, c'est que quelque part, ils n'arrêtent pas de prédire une apocalypse mais ils y participent. Ils restent dans les coulisses mais quelque part, ils ne sont pas si observateurs neutres que ça.

    C'est vrai que l'humour va être très important. Ce n'est pas ce que j'ai écrit de plus léger, je dois dire, mais l'humour… Indépendamment d'eux, pour moi, il y avait des choses que j'ai écrites dans certains textes qui m'ont beaucoup fait marrer. Mais entre moi qui me tape sur les cuisses et le lecteur qui, peut être, se fend vaguement d'un petit sourire, il y a sans doute un petit décalage. Mais, bon clairement, avec le Club Ultra-Secret, je suis partie loin. Et j'ai beaucoup ri.

    Et à ce niveau-là, j'ai beaucoup aimé ce qui a été fait avec le livre audio. D'ailleurs, toutes les personnes qui ont découvert Ici et seulement Ici en version audio ont toutes en commun qu'elles ont adoré l'histoire (ce qui est effectivement mon cas — Ed.) Effectivement, j'avais écouté les enregistrements et je trouvais que ça restituait vraiment bien l'esprit. Moi, c'est comme ça que je les entendais parler dans ma tête.

    À suivre : troisième et dernière partie à paraître prochainement.

    Interview réalisée par Ey@el
    © lapensinemutine.eklablog.com

    Notes et références

    1. ^ En fait, il s'agit du nom du valet de pique dans le jeu du Pouilleux. (Source)
    2. ^ Il n'y a qu'en France que les cartes de cour ont des noms.

    Articles connexes

    La reproduction du contenu de ce billet est strictement interdite.
    © lapensinemutine.eklablog.com. Tous droits réservés.

     

    « Ici et seulement Ici (1)L'humanité face à son destin »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :