• Tu veux que ton enfant lise ?

    Article de Chrystelle Charlier

    Lola lit beaucoup, tout le temps. Des BD, des romans, des magazines… J’entends souvent des parents dire que j’ai « tellement de chance qu’elle aime lire, Junior n’aime pas du tout... »

    Alors sait-on jamais, je sais que certains d’entre vous vont être parents dans pas longtemps, histoire que vous ayez un jour l’énorme CHAAAAAANCE d’avoir un enfant qui aime lire, voici quelques petits conseils pour y parvenir. Parce qu’en fait non, tout ceci n’est pas une question de super coup de bol, pas du tout en fait, mais de pédagogie (ouuuuuh le gros mot !) — ‘ttention, je ne sous-entends pas avoir ici une « méthode d’éducation parfaite », loin s’en faut : je n’ai, par exemple, pas pu communiquer la passion des maths à Lola, devinez pourquoi…

    1. Pourquoi ton enfant lirait-il si tu n’aimes pas lire ?

    Un enfant, ça imite. Ça veut ressembler aux grands. Si ton enfant ne te voit JAMAIS prendre un bouquin, il ne lui viendra pas à l’esprit de le faire. Lola me voit lire tous les soirs voire toute la journée sur la plage ou encore dans mon bain. Pour elle, lire est une activité normale, au même titre que regarder un film. C’est cette normalité qui fait que l’acte n’est jamais forcé.

    2. La lecture, c’est dès la toute petite enfance…

    Je pense avoir lu son premier livre à Lola alors qu’elle avait six mois.

    Certains m’ont prise pour une givrée. Il ne s’agissait que de livres tactiles et amusants évidemment, mais c’est devenu quotidien. Tous les jours, immanquablement, je lui ai consciencieusement lu des histoires avant le coucher. Alors oui, parfois c’était un cauchemar, je n’en pouvais plus de Tchoupi, je vomissais les contes, les Monsieur/Madame me sortaient par tous les pores, mais TOUS LES SOIRS, pendant une petite demi-heure, je lui lisais une, deux ou trois histoires (selon leur longueur). Parfois, lorsqu’elle était punie, je réduisais cette durée. Le fait que supprimer 15 minutes de lecture devienne une punition induisait dans son esprit enfantin que la lecture était un réel moment formidable. Et je pense qu’il l’était puisque je faisais toutes les voix, les sons afin de rendre les histoires passionnantes.

    Petit à petit, nous sommes passées aux romans. Nous lisions quelques pages chaque jour. Puis elle a appris à lire et j’ai malgré tout continué à lui lire ses romans en lui disant qu’elle pouvait continuer une demi-heure de plus ensuite.

    Cela ne fait qu’un an qu’elle lit entièrement seule. Elle a neuf ans. J’ai donc passé 8 longues années à consacrer une demi-heure de ma journée aux lectures de Lola.

    Mais ouais, j’ai un super coup de bol qu’elle aime lire…

    3. La bibliothèque est lieu courant.

    J’ai parfois des élèves qui n’ont JAMAIS mis les pieds dans une bibliothèque. Je trouve ça sidérant… À moins que les parents ne soient fortunés et achètent tous les livres de leurs enfants ?

    Ainsi donc, emmener un enfant à la bibliothèque est un chouette moment : faire son choix pour la semaine est un vrai bonheur…

    4. On peut parler de bouquins comme on parle de films…

    Ce n’est pas tout de faire lire un enfant. Une fois qu’il lit tout seul, s’intéresser à ses lectures reste important !

    Alors ? Tu as aimé ? Qu’as-tu aimé ? Ça raconte quoi ? 

    5. Le droit de ne pas aimer !

    On peut aussi inculquer à l’enfant le droit de NE PAS aimer un roman. Je dis toujours à Lola (et à mes élèves d’ailleurs) de laisser une chance de 20% à un roman… C’est à dire qu’on peut reposer un roman pour de bon si on n’a pas accroché après en avoir lu 20%… Après tout, nous n’aimons pas TOUT ce que nous lisons nous non plus !

    Mais du coup, cette habitude des 20% fait aussi que Lola sait un peu « forcer ». Donc quand elle doit lire un livre qu’elle n’apprécie pas pour l’école, elle le fait sans trop de problèmes. D’autant plus que les livres que l’on fait lire aujourd’hui dans les écoles sont souvent très basiques et abordables…

    6. La BD, pour ou contre?

    Mais POUR évidemment! La BD est un art à elle seule ! Ce n’est pas parce que votre enfant lit des BD qu’il va abandonner les romans ! Puis souvent, il a des « tocades » BD… Je me rappelle avoir passé un été tout entier à lire les Tintin et les Astérix… Un hiver à lire les Calvin & Hobbes… Ai-je arrêté la lecture de romans ? Pas du tout…

    La BD permet une autre approche, tout simplement…

    7. Et si je n’ai rien fait de tout ça, que mon gosse est ado et que c’est trop tard ?

    Qui a dit que c’était trop tard hein?  Lorsque j’enseignais encore le français (oui, je suis passée à l’histoire depuis…), les parents venaient souvent demander de l’aide à ce niveau…

    Ma façon de procéder ? (ce n’est pas une recette miracle, mais c’est à essayer…)

    Je partais du genre de films préférés de l’ado… Et je lui donnais le meilleur roman « facile » que j’avais lu dans ce type précis… Une jeune fille qui aime les films d’amour, hop, Love Story. Celle qui aime les histoires vraies, hop, un récit de vie classique type Jamais sans ma fille ou Brûlée vive. Un gars qui n’aime que Walking Dead ? Hop, un Stephen King abordable du genre de recueil de nouvelles comme Danse Macabre

    Sinon, on peut tenter les mangas ou les BD…

    Bref, il n’est JAMAIS trop tard.

    Par Chrystelle Charlier
    © 2girls1mag.com

    « Vivement la nuitTube livres »

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 16 Septembre 2015 à 09:27

    Ah oui  un de mes plus chouettes souvenirs ...lire à mes enfants le soir .... quand ils s'endormaient je continuais l histoire ... oui je sais un peu givrée la mam ............ et quand je suis passée au troisième (enfant) les deux autres s'asseyaient sans bruit dans le couloir et venaient écouter l histoire ... Pas beau ça ;) 


    Bilan mes grandes lisent pas mal de bouquins comme moi que l'on partage  avec un grand plaisir mais  le petit  ne lit pas  :(   mais c'est la vie et ses difficultés (dyslexie quand tu sévis...)  mais je ne regrette pas ce temps passé  à coté d'eux avant de sombrer dans les rêves ...  c'était magique 


    Bises Madame la prof 

    2
    Mercredi 16 Septembre 2015 à 13:53

    Un de mes plus chouettes souvenirs à moi : les livres qu'on me lisait le soir puis ensuite ceux que je lisais en cachette avec une lampe électrique sous les couvertures jusqu'à des heures indues parce que je n'arrivais pas à fermer le livre ;)

    Au fait, je ne suis ni prof ni enseignante tout court et comme il est clairement indiqué en haut et en bas de cet article, je n'en suis pas l'auteure :) Mais merci à toi de ton témoignage qui j'espère encouragera les futurs parents à suivre ces conseils. Trop de jeunes ne connaissent la littérature que via les adaptations filmées, ce qui n'a absolument rien à voir.

    3
    jack
    Jeudi 17 Septembre 2015 à 20:24

    Moi j'aimais tellement le fait de leur lire des livres et de leur raconter des histoires que j'en ai même inventées. Ma fille, qui  en a maintenant elle même une de six ans à qui je racontais il y a peu de temp sune de mes histoires mille fois racontées (celle de la souris aux cheveux roses, je te la raconterai un jour si tu es sage) avait les larmes aux yeux de souvenirs et ce jour là, même si je n'ai pas été le père idéal, j'ai éprouvé un moment de bonheur intense.  Et puis à force de lire, ma fille est devenue prof de français. Lire est indispensable au bonheur.

    4
    Jeudi 17 Septembre 2015 à 22:49

    On dirait que toi et Brumette vous êtes mis d'accord pour que j'ai envie de vous embrasser tous les deux aujourd'hui ! Ton anecdote touchante me rappelle les histoires inventées que me racontait mon papa (qui n'a jamais lu un seul livre de sa vie) inspirées sans doute du film Bambi qu'il m'avait emmenée voir (ma première sortie au cinéma) quand j'étais encore haute comme trois pommes et déjà martyrisée par les médecins. Et quand tu dis « lire est indispensable au bonheur », là j'applaudis des deux mains et des deux pieds :)) Ceci dit j'y ajouterais quand même la musique (d'autant que il est scientifiquement prouvé quelle favorise la sécrétion de sérotonine et d'ocytocine, les hormones du bonheur dans un article que je publierai le mois prochain). Et l'histoire de la souris aux cheveux roses (« Sans déc, ça a des cheveux une souris ? » demande le chat perplexe), je compte bien que tu me la racontes mais s'il faut que je sois sage, ça va être dur !

    5
    Vendredi 18 Septembre 2015 à 15:02

    moi c'était une histoire de lézard qui perdait sa queue et la rangeait dans sa valise en parcourant le monde... ma mère me racontait ça, histoire totalement improvisée que j'adorais et que je réclamais de temps en temps... entre les souris aux cheveux roses et au lézard sans queue, on dirait que Jack et moi faisons la paire ! ;)

    ceci dit, aujourd'hui j'achète des bouquins que je ne lis pas... en me disant qu'un jour, je les lirai ! je sais, je suis space :P

    bises

    6
    Samedi 19 Septembre 2015 à 01:05

    J'aime bien les gens « spaced out » comme vous deux. Très psychédéliques vos histoires. Vous avez fumé quoi ? :)) Trève de plaisanterie, pour ce qui est des bouquins que tu entasses et que tu ne lis pas, je connais ça aussi. La lecture, c'est un peu comme la nourriture, on a des envies, des besoins en fonction de nos manques. Là je suis en train de lire un bouquin qu'on m'a offert il y a un an et que j'avais un peu oublié et je me dis qu'il est tellement génial que ça aurait été bête de ne pas m'y plonger. Le bon truc c'est que j'aurais moins à attendre pour lire la suite vu que le second tome doit paraitre dans un mois ou deux.

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