• Diviser pour mieux régner : l'agent provocateur

    Article de Ryan Cristián traduit par Ey@el

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    Un agent provocateur (expression française non traduite en anglais — N.d.T.) est une personne employée pour encourager les autres à enfreindre la loi, généralement au sein de manifestations, feignant d'être en accord avec leurs objectifs afin de les inciter et de les provoquer à commettre des actes compromettants qui permettront de pouvoir les arrêter.

    Au cours de ces dernières années, principalement grâce à l'accès à Internet, le peuple américain a vu les prises de conscience se multiplier rapidement. Certaines histoires, autrefois jugées si absurdes que seuls des « théoriciens du complot » purs et durs auraient osé en parlé, ont été justifiées ; et le gouvernement s'est avéré être non seulement au fait de ces fausses déclarations mais également complice de leur dissimulation. La dette nationale et l'inégalité des richesses continuent d'augmenter et nombre d'économistes chevronnés mettent en garde contre l'effondrement imminent du dollar américain. Difficile de nier que les États-Unis font fausse route à mesure que le nombre de raisons sécuritaires invoquées ne fait que croître au détriment de celui des droits (humains) constitutionnels qui s'en voient d'autant ignorés.

    Cette régression des droits a suscité une multiplication rapide des manifestations à échelle communautaire et nationale. Tant de voix dénoncent haut et fort l'incompétence du gouvernement fédéral et tant d'autres s'éveillent à la cause que, pour ce dernier, il est devenu un enjeu prioritaire en matière de sécurité nationale de mettre un terme à ce soulèvement de consciences certes subtil mais de plus en plus inquiétant.

    Le moyen le plus efficace et le plus direct est d'amalgamer ces activistes et dénonciateurs de vérité à la plus grande frayeur des temps modernes : le terrorisme. C'est là qu'entre en scène l'agent provocateur.

    De nos jours, la plupart des manifestants et activistes ont pleinement conscience de la présence des agents provocateurs et c'est pour cette raison qu'ils ne permettront pas que ces événements dégénèrent dans la violence, sachant très bien que cela donnerait au gouvernement l'excuse même dont il a besoin pour les qualifier d'ennemis de l'État. C'est là le but précis des provocateurs : inciter à la violence là où il n'y en a aucune afin de fournir une excuse pour mettre fin à la manifestation et diaboliser le mouvement aux yeux de ceux qui n'ont pas encore pris conscience de la machine de propagande de l'ordre établi. Cela permet de diviser le peuple sur la question et de mettre le gouvernement en position de sauveur — en enrayant efficacement ce soulèvement de conscience.

    Une fois le peuple américain nourri de ce type d'intolérance déjà manifeste à l'égard de la foi musulmane (de la part d'une nation prônant soi-disant la tolérance religieux), il sera judicieusement temps d'introduire le nouveau projet de loi de partage de renseignements relatifs à la cybersécurité (CISA) en conjonction avec le Patriot Act, loi antiterroriste pour arrêter injustement et maintenir abusivement en détention les manifestants, activistes et autre blogueurs de vérité qui ne font qu'exercer leurs droits garantis par le premier amendement. Nombre des plus extrémistes parmi les responsables commencent déjà à présenter les activistes comme anti-Américains voire même terroristes.  Avec les provocateurs et la montée en fréquence des attentats sous faux drapeau, il faudrait se mettre à faire preuve de scepticisme au regard de tout événement médiatisé.

    Il existe de nombreux incidents documentés montrant des agents du gouvernement infiltrant des manifestations pacifiques en prétendant faire partie du mouvement qui vont jusqu'à enfreindre eux-mêmes la loi afin d'inciter à des crimes et une violence qui n'auraient certainement pas eu lieu autrement. Il n'y a pas mieux pour faire passer ceux qui veulent simplement exprimer leurs inquiétudes face à une constitution qui se dégrade constamment pour de terroristes nationaux. Comme on put le constater lors d'une audience du Congrès au cours de laquelle Ed Royce assimila les blogueurs, théoriciens du complot et toute personne mettant en doute sur Internet les versions officielles de l'ordre établi à des terroristes de l'ISIS.

    L'exemple s'est déjà produit quand le ministère de la sécurité intérieure (DHS) a fait publier sa « liste de terroristes nationaux » par le Southern Poverty Law Center (littéralement « centre sudiste pour les droits des pauvres », une association américaine reconnue pour ses travaux de surveillance sur l'extrême droite et les associations de droite ou chrétiennes prônant la haine aux États-Unis — N.d.T.). We Are Change (Nous sommes le changement), un site d'informations alternatif qui se consacre à rapporter les incidents sciemment ignorés par les grands médias, s'est retrouvé sur cette liste avec la mention neo-nazis. (Sur cette même liste de terroristes « potentiels » figuraient également des organisations d'action positive et de défense des droits civiques — et des anciens combattants américains !) Que l'on soit en accord ou non avec son contenu, il n'enfreint en aucun cas la loi et ne commet aucun acte relevant du terrorisme. Pourtant, son propriétaire est désormais présenté comme tel, une situation rappelant affreusement la Peur rouge. Identifier un journaliste comme terroriste national constitue un précédent inquiétant aux antipodes d'une société démocratique. Un coup d'œil rapide au contenu devrait démontrer clairement que bien que certains sujets soit controversés, Luke Rudkowski n'est pas un terroriste. Bien au contraire, nombreux sont ceux qui le proclament comme l'un des rares patriotes restants.

    La famille Bundy fait partie de ces autres sous les feux de l'actualité dans leur combat contre la tyrannie pour s'être emparée d'un immeuble du gouvernement. D'aucuns se sont empressés de déclarer qu'il s'agissait d'une « opération psychologique » visant à donner une mauvaise image à connotation terroriste du concept de milice et du second amendement en général. Avec le recul, ce ne semble pas avoir été le cas combien mal avisée ait pu être leur occupation des lieux. Qu'il s'agisse ou non d'une opération gouvernementale, le principe de défendre ses convictions et ses droits constitutionnels contre une administration tyrannique est d'une importance cruciale dans l'Amérique d'aujourd'hui et ne devrait pas être ignoré. C'est le Bureau de gestion du territoire (BLM), l'organe abusif des pouvoirs publics qui se trouve être la cause majeure de cet événement.

    En juillet 2016, la famille Hammond fut condamnée pour incendie criminel après avoir installé un contre-feu qui aurait échappé à son contrôle. Le BLM les a accusés de « terrorisme incendiaire » pour avoir propagé le feu sur ses terres. D'aucuns laisseraient entendre que ce seraient parce que le BLM convoiterait les terres des Hammond et serait prêt à tout pour se les approprier. C'est à l'origine pour cette raison que les Bundy décidèrent d'intervenir afin de protester contre cette injustice. Après l'arrestation des Hammond, le BLM s'est mis à brûler ces mêmes terres pour l'incendie desquelles les Hammond avaient été arrêtés mais cette fois (en juillet) sans supervision et sans procédures de sécurité anti-incendie pour protéger la vie et les biens des riverains. Des maisons furent détruites, du bétail brûlé vif et le BLM prévint que tous ceux qui interféreraient seraient arrêtés. Les familles ont dû se ruer sur les biens qu'il leur restait en espérant que les autres bêtes survivraient. Un long et écœurant étalage de justice totalitaire qui aurait dû choquer quiconque accorde de l'importance à ses droits constitutionnels.

    Que les Bundy aient éprouvé le désir légitime d'aider les Hammond ou que ce ne fut que l'occasion opportune de mettre leurs intentions à exécution, cette initiative n'aura servi qu'à faire accidentellement avancer d'un cran le programme de division pour mieux régner. Ceux qui croient encore en la constitution n'auront aucun mal à approuver les actes passionnels des Bundy. Pourtant ce genre de coup hasardeux ne permet d'autre plan d'action que celui d'un affrontement violent — et c'est exactement ce que voulaient les pouvoirs en place.
     
    Puis vinrent les Oath Keepers (détenteurs de serment), les Three Percenters (les trois pour-cent), le Pacific Patriot Movement (le mouvement patriote du Pacifique) et de nombreux autres qui affluèrent pour participer au spectacle ; d'aucuns se déclarèrent venus en soutien, d'autres firent savoir que leur objectif premier était la médiation. Ne vous méprenez pas, il y avait des agents du gouvernement sur place, la plupart se faisant passer pour des milices solidaires jusqu'au moment opportun pour égarer ceux qui les suivraient. Les Bundy avaient été clairs sur le fait qu'ils voulaient que les autres milices quittent les lieux malgré leur appel initial les invitant à les rejoindre. Ce qui, en outre, laissait à penser qu'au moins une des parties ou plusieurs ne partageait pas la même vision ou n'était pas insurgée. L'un dans l'autre, le danger d'une action violente ne fit que croître à mesure que ces factions débarquaient. En raison de la couverture médiatique, ceux qui regardaient depuis leur salon ne virent aucune différence entre ces groupes. Ainsi les actes de certains les représentaient tous du point de vue exposé par les médias.
     
    La visée pour ceux qui cherchent un moyen d'apporter des changements à un niveau perceptible devrait porter sur un détachement pacifique du système. L'ordre établi sait très bien comment gérer une insurrection violente. Par contre, il ne sait pas comment réagir à un détachement non violent. Retenez votre communauté et rétablissez ce que vous, en tant que communauté, estimez être la voie appropriée. Un peu comme la révolution pacifiste du mouvement pour la marijuana que beaucoup ressentent comme le catalyseur de cet éveil massif.
     
    Avec autant de pièces en mouvement et d'actions manipulatrices au sein de la sphère politique actuelle, nul ne peut être certain de la légitimité de chacun.  Il est donc possible que cet événement autour des Bundy ait été orchestré afin de préparer le terrain pour la prochaine étape majeure. Un point important à ne jamais perdre de vue, surtout aujourd'hui, est que des informations erronées peuvent être répandues par ceux-là même censés informer y compris ceux qui vous semblent fiables. La chose essentielle que devrait retenir chaque Américain de nos jours est que tout ce qu'on nous vend est, pour parler poliment, bidon — une arnaque bourrée de contre-espionnage.
     
    Beaucoup continueront de qualifier cela de nouvelle « théorie du complot » et ont le droit d'avoir cette opinion même si c'est faux. Et pourtant, la « propagande » fut légalisée en 2012 dans un amendement proposé par Mac Thornberry (représentant républicain du Texas) et Adam Smith (représentant démocrate de l'état de Washington) et adopté par la Chambre. Ce qui invalide de fait la loi Smith-Mundt de 1948 interdisant explicitement toute opération informative ou psychologique destinée à influencer l'opinion du public américain. Ce qui fut autrefois considéré comme immoral et illégal par les politiciens de l'ancien temps, a discrètement franchi le cap de la légalité. Un fait documenté et pourtant scandaleusement passé sous silence par les médias corporatifs.
     
    Il ne fait aucun doute qu'il y a des gens au sein même du système qui ont sincèrement les intérêts du peuple américain à cœur. Toutefois, il apparaît de plus en plus évident que, même si certains continuent de se battre pour l'Amérique que nous avons toujours connue (si tant est qu'elle n'ait jamais existé ailleurs que dans notre esprit collectif), ils sont en nombre insuffisant. Il suffit de prendre l'exemple des récentes actions du Congrès, une institution censée représenter la volonté du peuple, pour voir clairement où repose leur loyauté. Très peu de projets de loi, pour ne pas dire aucun, tiennent compte du citoyen moyen. Au contraire, ils soutiennent à tous les niveaux les corporations et le complexe militaro-industriel et font du mal à tout le reste. Voilà ce qu'est devenue cette nation.
     
    Après les événements du 11 septembre, une ligne de démarcation a été établie où l'on ne pouvait être que pour la guerre ou le terrorisme. Ce qui relève du génie en matière de politique tout en étant d'une noirceur diabolique. Rien n'est tout blanc tout noir, pourtant les Américains se tournaient vers leurs voisins en les traitant de terroristes pour avoir exercé leur droit de s’élever contre leur gouvernement.  « Si ça te plaît pas, t'as qu'à aller t'installer ailleurs ». Voilà ce que l'on pouvait entendre. Une idiotie absolue et une conformité aveugle laissant présager des heures sombres à venir.
     
    En dépit de ce que chacun choisit de croire, une bataille sévit actuellement dont l'enjeu est votre esprit. Par conséquent, ce que vous choisirez de croire, dans les années à venir, définira le monde dans lequel vous vivrez. Dans le monde qu'eux voudraient créer, on ne pourra être que pour ou contre l'Amérique et il n'y aura pas de troisième option.
     

    Traduit de l'anglais par Ey@el
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