• 2+2=5

    Article de Greenplastic et texte de Radiohead traduits par Ey@el

    Available in English

    Comme je vous l'avais présenté la semaine dernière (voir Articles connexes), voici un des deux clips que Gastón Viñas a réalisés à partir de morceaux issus de Hail To The Thief de Radiohead, sorti en 2003, celui-ci étant le titre d'ouverture de l'album. Tout ce que je puis dire est qu'il fut un véritable défi à traduire par endroits tant Thom Yorke s'est amusé à cultiver les paradoxes. Normal quand on sait qu'il se serait inspiré de la « doublepensée » :

    Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer. La compréhension même du mot « double pensée » impliquait l’emploi de la doublepensée.

    ~ 1984 © George Orwell, 1949

    Ey@el


    Es-tu de ceux qui rêvent
    De faire respecter les droits dans le monde ?
    Je resterai chez moi à jamais
    Où deux et deux feront toujours cinq.

    Je poserai les rails,
    Je ferai exprès de ralentir et je me planquerai.
    Il y a des giboulées de mars en janvier
    Et deux et deux feront toujours cinq.

    C'est désormais le diable qui dicte sa loi,
    Il n'y a aucune issue.
    Tu peux bien manifester et crier,
    C'est trop tard maintenant
    Parce que...

    TU N'AS PAS ÉCOUTÉ !

    J'essaie de chanter en chœur,
    Mais j'ai tout faux.
    Un jeeeu d'enfaaaaaant !!!

    Non pas  : « Je les écrase comme des mouches »,
    Mais  : « Comme des mouches, les burgers reviennent sans cesse ».
    Non pas : « Peut-être pas "Vive le voleur" »,
    Mais : « Surtout pas ! »

    Ne remets pas en cause mon autorité
    Ou alors envoie-moi sur le banc des accusés
    Parce que...

    PAS QUESTION !

    Va dire au roi que
    Le ciel est en train de nous tomber sur la tête
    Bien que ce ne soit pas le cas.

    PEUT-ÊTRE PAS...

    © Thom Yorke, 2003

    Traduit de l'anglais par Ey@el
    © lapensinemutine.eklablog.com

    À propos de cette chanson

    Ce morceau a été entendu pour la première fois, à San Sebastian, en Espagne le 31 juillet 2002.

    Son titre rappelle le symbole de l'irréalité dans le roman 1984 de George Orwell. Dans ce livre, les habitants d'un futur État autoritariste sont obligés de pratiquer la doublepensée en remplaçant leur propre conscience et convictions par celles qu'on leur impose d'en haut. La Police de la Pensée oblige les citoyens en pleine conscience à accepter que deux et deux font cinq dans le but de démontrer que même si deux et deux ne font logiquement pas cinq, la logique n'a aucune importance lorsque, sous menace de torture ou de mort, personne d'autre ne s'accorde à croire que la somme de deux plus deux équivaut à n'importe quoi d'autre.

    Hail To The Thief a recours à des sous-titres ou titres alternatifs pour chacune des chansons. Celui de "2+2=5" est "The Lukewarm" (le mitigé). Thom Yorke l'a cité comme faisant référence aux œuvres de Dante.

    Au début de la piste, on y entend Jonny Greenwood brancher sa guitare en disant « On est prêt » et Yorke lui répondre : « C'est un bon début, Jonny ».

    Cette chanson se décompose en quatre temps. La première partie est écrite en mesures à 7/8 avec les arpèges de guitare en Drop D1 de Greenwood et les coups secs atténués d'Ed O'Brien, obtenus en pinçant les cordes près du chevalet de sa guitare. On y entend également une boite à rythmes tandis que Yorke et O'Brien font des harmonies en falsetto derrière une rythmique de charleston.

    La seconde partie est en mesures 4/4 avec la guitare solo en cordes pincées de Greenwood et les power chords2 légèrement plaqués de O'Brien. Le charleston poursuit en sourdine mais sans la boite à rythmes tandis que les voix de Yorke et de O'Brien sont maintenant séparées d'un octave — le premier chantant en falsetto.

    La troisième partie est plus agressive et la basse de Colin Greenwood ainsi que la guitare de Yorke font leur entrée. Yorke hurle et les power chords montent nettement en puissance. Phil Selway délaisse le « tic-tac » de son charleston pour attaquer les tambours de manière brutale tandis que l'autre Greenwood maintient son jeu de guitare solo.

    La dernière partie repose sur un riff rythmique emmené par les trois guitaristes avec des synthés et un bref solo de Greenwood. Yorke et O'Brien mélangent le falsetto et les cris agressifs. La chanson s'arrête brutalement.

    Traduit de l'anglais par Ey@el
    © lapensinemutine.eklablog.com

    Notes et références

    1. ^ Le drop D est un type d'accordage à la guitare faisant partie de la catégorie de l'accord ouvert. Il consiste à baisser d'un ton la corde de Mi grave, de façon à obtenir un accordage Ré-La-Ré-Sol-Si-Mi (DADGBE). En anglais, to drop signifie Tomber, laisser tomber tandis que la lettre D désigne la note obtenue : le Ré.
    2. ^ Le power chord — terme anglais signifiant littéralement « accord de puissance » — est un accord simple généralement pratiqué à la guitare. Il est uniquement composé de la fondamentale — éventuellement doublée à l'octave — et de la quinte.

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