• Selon une éminente spécialiste du microbiome, les humains ne seraient pas faits pour manger de la viande (1)

    Article d'Arjun Walia traduit par Ey@el

    Available in English

    Il y a quelques années, j'avais republié un article en français comparant l'appareil digestif humain à celui des carnivores et des herbivores, démontrant ainsi que la consommation de viande n'était pas quelque chose de naturel puisque nos organismes ne sont pas conçus pour. Bien sûr, nous le pouvons mais pourquoi toutes ces maladies que l'on met sur le compte de l'âge ? Et ces signes de vieillissement si prononcés qu'on ne retrouve pas chez les autres espèces ? Bref, ce n'était qu'un simple partage d'information présenté comme tel et non comme une affirmation de vérité absolue ni une quelconque accusation. Qui plus est une information que j'estime pertinente pour en avoir éprouvé les bienfaits sur le long terme (je suis végétarienne depuis plus de trente ans, sur les conseils d'un médecin, et végane depuis quelques années). Mais visiblement, certains se croient encore à l'époque de l'Inquisition.

    J'avais donc reçu une avalanche de commentaires haineux sans l'ombre même d'une quelconque argumentation. Que dalle à part des noms d'oiseaux et des jugements à l'emporte-pièce qui auraient plus leur place dans une cour de maternelle et encore. Inutile de chercher, l'article a été supprimé mais cette fois-ci, je choisirai de désactiver les commentaires si certains n'ont pas la maturité suffisante pour passer leur chemin quand quelque chose ne leur parle pas ou ne leur plaît pas. Cela n'a rien à voir avec accepter la critique ou non. En outre, je vous rappelle que je ne suis que la traductrice et non l'auteur de cet article.

    À ce propos, j'ai décidé de scinder cette traduction en deux pour vous en faciliter la lecture. La partie concernant les conséquences sur la santé de la consommation de produits animaux paraîtra dans quelques jours. Libre à vous de patienter ou non pour tout lire en un seul tenant.

    Ey@el

    De nombreux spécialistes dans les domaines de l'anthropologie, de la biologie et toutes les autres sciences, sont à l'origine d'une prise de conscience sur le fait que nos ancêtres n'étaient pas les grands mangeurs de viande que le système d'enseignement général nous a présenté. De là à se demander d'où nous vient cette idée ? Bien sûr, les outils en pierre et les canines comme celles des gorilles (qui soit dit en passant sont végans) ont sans doute donné lieu à des suppositions perpétuées sur de nombreuses années, mais à mon sens, la réponse est assez claire : cela nous a été vendu par les grands groupes agro-alimentaires qui, à l'instar de l'industrie pharmaceutique, jouissent d'un pouvoir incroyable en particulier sur nos agences fédérales de réglementation sanitaire. En conséquence de quoi, on nous a littéralement endoctrinés à croire que nos préconisations alimentaires actuelles sont véritablement saines et étayées par la science et l'histoire. On nous a peut-être induits en erreur mais il existe de nouvelles informations et méthodes d'expérimentation qui permettent d'ébranler ces hypothèses engrammées depuis très longtemps dans la conscience humaine.

    De récentes avancées dans les domaines de la technologie et de la science ont découvert la présence de fossiles microscopiques d'aliments d'origine végétale en abondance sur divers sites de nos ancêtres préhistoriques, signes manifestes d'un régime végétalien. En outre, l'analyse de leurs dents, os, ADN et matières fécales a fait apparaître que la plupart consommaient majoritairement des végétaux.

    Parmi ces spécialistes, le Dr Christiana Warinner, diplômée de l'université de Harvard en 2010 avant d'effectuer son stage postdoctoral à l'université de Zurich (2010-2012) et d'Oklahoma (2012-2014) ou elle a été nommée à la chaire de professeur de recherche et professeur adjoint d'anthropologie en 2014, et actuellement à la tête du département de recherche sur le microbiome de l'institut  Max Planck de sciences d'histoire humaine, dont les travaux ont abouti à de très intéressantes observations et conclusions :

    Les humains n'ont pas la possibilité anatomique ni physiologique génétique spécifique de s'adapter à la consommation de viande. En revanche, nous disposons de nombreux moyens de nous adapter à la consommation de végétaux.

    (Documentaire The Game Changers ou les changeurs de donne)

    Elle va plus loin dans son exposé à la conférence internationale de médecine sur la nutrition en  2016 ainsi dans son discours sur TEDX il y a quelques années où elle aborde différents points de ses travaux d'analyse des microbiomes intestinaux de nos ancêtres. Elle fait également remarquer que notre système digestif est clairement conçu non pas pour digérer de la viande mais des plantes et des fibres qui requièrent une durée de traitement plus longue. Il est, en effet, beaucoup plus étendu que ceux des carnivores et le fait qu'il n'offre aucune possibilité d'adaptation intrinsèque pour consommer de la chair animale soulève un point fondamental.

    Les recherches du Dr Warinner  mettent en lumière de nombreuses questions telles le fait que les humains soient incapables fabriquer leur propre vitamine C, un des nombreux facteurs qui montrent à quel point nous sommes dépendants d'une alimentation végétalienne pour certaines vitamines. La viande ne contient rien d'essentiel qui ne puisse être trouvé dans les plantes. On pourrait parler de la vitamine B12 mais cette dernière n'est pas d'origine animale.

    La B12 est le produit de bactéries présentes dans les sols et l'eau que tous les animaux consomment. Il en va de même pour les protéines, toutes sont issues de végétaux. C'est ainsi que les animaux que les gens mangent acquièrent initialement leurs protéines. Avant l'élevage industriel, êtres humains et animaux trouvaient leurs apports en B12 dans les résidus de terre sur les légumes et les plantes ou en buvant l'eau des lacs, des rivières et des ruisseaux. À cause de la pollution aux pesticides des cours d'eau qui nous oblige, entre autres, à chlorer notre eau, la bactérie B12 qui s'y trouve à l'origine est en grande partie détruite. Même les animaux d'élevage ont besoin d'une supplémentation en B12. Les carences en cette vitamine touche aussi bien les consommateurs de viande que les végétariens — cela n'a rien à voir avec une alimentation carnée.

    Un autre argument couramment invoqué sont les acides aminés essentiels que l'on ne trouve que dans la viande. Ce qui est tout à fait faux. Il existe de nombreuses sources végétales dans lesquelles puiser les acides aminés dont nous avons besoin.

    L'augmentation progressive de la taille du cerveau des premiers êtres humains a également été mise sur le compte d'une alimentation carnée mais la recherche montre que « parce qu'il n'existe aucune corrélation forte entre la consommation de viande et l'augmentation progressive de la taille du cerveau, les scientifiques ont cherché d'autres options. Et étant donné que les végétaux constituent une part importante de l'alimentation des chasseurs-cueilleurs modernes, ce sont ces derniers qui l'emportent, le changement de type de végétaux consommés étant le grand facteur déterminant dans l'augmentation de la taille du cerveau » (Nathaniel J. Dominy).

    Nous sommes dotés d'un cerveau qui a désespérément besoin de glucose. C'est un organe tellement exigeant que c'est la seule chose dont il sache tirer de l'énergie. Il se trouve que la viande n'est pas une très bonne source de glucose et pour avoir un cerveau aussi gros, il faut consommer quelque chose de différent. Le meilleur moyen d'avoir un apport en glucose est d'absorber des glucides.

    ~ Dr Mark Thomas, généticien au collège universitaire de Londres (Documentaire The Game Changers)

    En se penchant à nouveau sur l'anatomie humaine pour l'étudier, il semblerait que nous soyons conçus pour consommer des plantes et nous disposons « de preuves concrètes indiquant que la lignée ancestrale dont est issue l'humanité avait un régime végétarien ».

    L'argument de fond est que, pour la plupart, les premiers hommes et les créatures humanoïdes étaient tous végans. Certains mangeaient de la viande mais beaucoup non. Par exemple, selon une étude publiée dans la revue Nature, les Néandertaliens en Espagne n'en consommaient pas du tout.

    Ceci dit, même si certains en mangeaient, elle n'occupait pas une place prépondérante dans leur alimentation. Selon l'étude d'un groupe de chercheurs publiée dans la Revue américaine d'anthropologie physique :

    Nous pensons que les protéines animales étaient, dans l'ensemble, moins importantes, ce qui est particulièrement vrai pour les interprétations des fermiers du Néolithique. Cela voudrait dire que leur alimentation s'équilibrait entre protéines animales et végétales, suggérant une stratégie d'existence variable.

    Dans un article pour l'Américain scientifique intitulé "Nos premiers ancêtres étaient pratiquement tous végétariens", Rob Dunn détaille la question dans une perspective évolutive, évoquant de nombreux aspects sur la manière dont nos intestins ont évolué pour s'en tenir à une alimentation végétarienne.

    Un autre article vers lequel je renvoie souvent est celui de Thure Cerling, géochimiste de l'université d'Utah qui a mené un ensemble de nouvelles études assez récentes montrant comment, il y 3,5 millions d'années, les premiers hommes, leurs ancêtres et leur famille ont soudain radicalement changé leur façon de se nourrir, délaissant une alimentation simiesque constituée principalement de feuilles, de fruits et d'arbustes pour en adopter une à base de graminées et de carex. Il offre un grand aperçu et une chronologie que vous pourrez voir ICI (en anglais).

    J'insiste volontairement sur le fait qu'il a été clairement établi par des travaux scientifiques que nos premiers « ancêtres » humanoïdes se nourrissaient majoritairement de végétaux.

    À suivre : deuxième partie à paraître prochainement

    Traduit de l'anglais par Ey@el
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