• Comment cesser de se laisser prendre en otage par ses émotions

    Article de Danielle Benvenuto traduit par Ey@el

    Available in English

    N'avez-vous jamais eu d'accès de rage pour ensuite avoir du mal à vous souvenir de ce que vous aviez dit ou de comment vous en étiez arrivé là en premier lieu ?

    N'avez-vous jamais été tellement pris de panique absolue en attendant une réponse de votre nouveau béguin qu'il vous ait semblé judicieux lui envoyer un SMS toutes les heures en vous demandant tout haut s'il ne lui était pas arrivé quelque chose de grave ?

    Ne vous êtes-vous jamais persuadé que vous n'étiez pas assez bien, pas assez « cool », pas assez intelligent, pas assez beau, pas assez femme, pas assez homme, pas assez grand, pas assez maigre, pas assez ... (remplacez les pointillés) et que la monde entier devait penser la même chose ?

    Nous avons tous nos éléments déclencheurs — certaines expériences qui nous entraînent dans des crises émotionnelles que nous préférerions éviter.

    Pour certains, c'est se sentir négligé. Pour d'autres, c'est se sentir critiqué. La liste est longue. Nous avons tous notre vécu personnel qui contribue à engendrer des crises où nos émotions peuvent triompher de nous. J'ai moi-même eu mon propre lot à affronter et parce que je travaille dans le domaine de la guérison, j'en suis témoin sous de nombreuses formes au quotidien.

    Alors comment exactement nous faisons-nous prendre en otage par nos états émotionnels ? Et que pouvons-nous faire pour reprendre pied et percevoir les choses avec plus d'objectivité ?

    Voici les deux aspects essentiels qui permettent à nos émotions de prendre l'ascendant sur nous et comment le pouvoir des techniques de pleine conscience peut nous aider non seulement à nous ancrer lorsque nous perdons pied sur notre réalité mais également à acquérir une base plus solide afin, que chemin faisant, nous puissions nous reprendre avant de nous laisser happer dans ce tant redouté mais si familier goulet émotionnel.

    Deux choses contribuent aux débordements de nos émotions :

    Nous les pourchassons

    Dès l'instant où nous commençons à nous lancer sur la trace d'un fil de pensée ou d'émotions, nous lui cédons notre pouvoir. C'est ce que nous faisons chaque fois que nous jugeons, que nous nous prenons la tête et que nous sur-interprétons tout.

    Par exemple, vous êtes anxieux parce que vous avez un entretien d'embauche important. Vous démarrez la « poursuite » en vous disant que vous allez sûrement rater cet entretien. Cette pensée vous provoque de l'anxiété et des sensations corporelles désagréables. En réaction à cette angoisse, davantage de pensées surgissent : « Je parie que les gens normaux ne se sentent pas comme ça. Je suis tellement nul. Pourquoi je me sens si drôle ? J'ai besoin d'un verre. Pourquoi suis-je quelqu'un d'anxieux ? » Ce qui contribue à encore plus d'anxiété : « Je vais complètement torpiller cet entretien. Il faut que je me débarrasse tout de suite de cette angoisse... mais attends, je n'ai pas la moindre idée non plus comment faire ça. Je dois être une nullité en tout ! »

    Au lieu de leur laisser suffisamment d'espace pour respirer et poursuivre leur chemin sans interruption, les pensées et sentiments anxiogènes sont amplifiés par une attitude critique semblable à l'exemple ci-dessus et s'embrasent comme un feu incontrôlable Et ce qu'il ne faudrait surtout pas en plus alors que nous nous essayons d'éteindre cet incendie, c'est être traversé par de gigantesques rafales de vent.

    Imaginez que cet incendie soit l'état émotionnel auquel vous êtes souvent enclin et que le vent violent soit l'attitude critique que vous adoptez généralement dans ces moments-là. Nous aggravons notre état en avivant les flammes de nos émotions et surtout, nous ne laissons pas le moindre espace à nos sentiments pour s’apaiser d'eux même avec le temps, ce qui est d'ailleurs, ce que font généralement les émotions quand on leur laisse l'opportunité !

    En ne créant aucun espace, nous ne permettons pas non plus à la raison ou à l'intuition de faire son entrée afin de nous prêter main forte dans ce que nous traversons.

    L'alternative consciente :

    La pleine conscience nous demande d'adopter une attitude curieuse, ouverte et neutre à tout ce qui traverse notre esprit. Par exemple, dites : « Je pense que je ne suis pas doué pour les entretien d'embauche et c'est ce qui me rend anxieux ». Ou : « Là, tout de suite, je ressens de l'anxiété ». Il est important de ne pas de pas donner un sens au sentiment ni d'en faire un reflet de votre auto-estime ou de la situation actuelle.

    Observez plutôt en disant quelque chose du genre : « "Je dois être nul" est la pensée qui me traverse l'esprit. Je me sens nul mais cela ne veut pas dire que je suis nul ». Il peut être utile de placer une main sur votre cœur en faisant ses affirmations. Ainsi cela envoie le message que vous êtes là pour vous-même tout en transmettant de l'énergie aimante par l'intermédiaire de vos mains. Ce qui me rappelle comment Thich Nhat Hanh aborde les sentiments douloureux en nous conseillant d'affirmer : « Anxiété, je suis là pour toi ». Remplacez anxiété par l'émotion qui vous parcourt et que vous voulez combattre ou juger.

    Une autre approche consiste à imaginer la pensée sous forme d'un nuage traversant le ciel. Le ciel est votre essence, pure et immaculée de toute histoire autodestructrice que vous élaborez à votre sujet tandis que les sentiments et pensées constituent le temps qu'il fait (nuages, tempête de neige, pluie), toujours susceptible de changer. Voyez ces pensées et ces sentiments comme un phénomène qui vous traverse au lieu de les voir comme étant vous.

    Il peut être utile de retrouver un ancrage dans le moment présent — en vous servant de votre respiration ou de la sensation de vos pieds touchant le sol — lorsque vous vous sentez partir à la dérive.

    Nous les ignorons

    La seconde attitude que nous adoptons consiste à interdire à nos pensées et sentiments d'exister. Pourtant, le fait de les réprimer ne fait que renforcer leur résolution et leur combat pour se faire entendre.

    D'un point de vue scientifique, les sentiments sont de l'énergie et comme l'énergie ne peut être détruite, celle qui englobe le sentiment va trouver une forme d'expression en dépit de nos tentatives d'obstruction. De mon vécu personnel et professionnel, cela se produit en général par le biais d'une expérience perçue comme insurmontable et souvent totalement hors propos. Une dépression ou des crises d'angoisse continues (sans déclencheur identifiable ou avec des symptômes psychosomatiques sans diagnostic médical) peuvent en découler.

    Il est courant de refouler ses sentiments parce que nos différentes expériences personnelles de la vie nous ont appris qu'il était dangereux de les ressentir. Si la colère n'est pas une émotion acceptable, vos systèmes de croyance en place vont contrôler l'émergence de sentiments de colère. Ce système finit toutefois par lâcher.

    Par exemple, vous êtes en colère parce que vous vous retrouvez plus souvent qu'à votre tour à faire passer les besoins des autres avant les vôtres. Vous ne vous affirmez pas quand il le faut et vous ignorez cette colère que vous sentez bouillonner en vous parce qu'on profite de vous. Vous vous demandez si vous avez ou non le droit d'obtenir ce dont vous avez besoin. Cela fait des années que vous faites cela grâce à une éducation où l'abnégation était le moyen qu'on vous a enseigné pour donner et recevoir de l'amour. Hélas, vous vous retrouvez à piquer un accès de rage en proférant des paroles blessantes dont vous vous souviendrez à peine et pour finir, vous culpabilisez d'avoir perdu le contrôle.

    L'alternative consciente :

    Accordez vous la permission de ressentir ces sentiments en les honorant dès qu'ils font surface : « Je ressens de la colère et je vais m'occuper de ce sentiment en lui permettant de suivre son cours, et si cela peut aider, comprendre ce qu'il attends de moi ou essaie de me dire ». Discutez-en avec un ami ou un thérapeute. Souvent, nous ne savons pas toujours ce que nous ressentons et en parler à quelqu'un d'autre donne corps à ces perceptions de nous-même.

    Si un sentiment vous paraît dangereux à exprimer, commencez par le consigner par écrit dans un journal ou notez dans quelle partie de votre corps il réside. Il est également utile de marcher ou courir, surtout parce que l'activité physique aide à libérer l'énergie émotionnelle emmagasinée dans le corps. Cette approche est particulièrement bénéfique lorsque nous sommes traversés par des émotions intenses et qu'il semble pratiquement impossible de faire corps avec elles. Tout en bougeant votre corps, pratiquez la même attitude d'ouverture et de non-jugement mentionnée plus haut quelque soit l'état émotionnel qui vous habite.

    * * *

    Comme vous pouvez le constater, le cercle vicieux d'être pris émotionnellement en otage se présente sous une ou l'autre forme.

    En abordant les choses de manière pleinement consciente où nous observons nos pensées et nos sentiments au lieu de les poursuivre ou de les ignorer, nous créons un espace pour voir ce qu'il en est réellement plutôt que ce qu'en font nos égos limités et les histoires que nous nous racontons.

    Cet espace que nous créons devient un ancrage qui avec le temps se transforme en une structure solide à l'intérieur de nous-même — un asile dans notre corps — dans lequel nous pouvons instaurer une relation plus positive et plus attentive avec nous-même.

    Traduit de l'anglais par Ey@el
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