• Je veux me libérer

    Article d'Antony Sammeroff traduit par Ey@el

    Available in English

    Beaucoup d'entre nous sommes enfermés dans une prison dont la substance nous est propre et dont nous ignorons la nature exacte des barreaux. Celle-ci ne relève ni de nos circonstances ni des réactions qu'elles suscitent en elles-mêmes. Il s'agit, la plupart du temps, de la peur que nous éprouvons vis à vis de nos propres émotions. Trop souvent, au cours de notre existence, nous refusons d'agir de manière opportune en raison de l'excès de honte, de culpabilité, de peur, de colère et de chagrin que cela pourrait engendrer — des systèmes d'alarme tous déclenchés par la conviction mentale que le passé pourrait se répéter à nouveau.

    Avoir honte n'a jamais tué personne. Se sentir coupable n'a jamais provoqué de blessure corporelle. Alors pourquoi avons-nous si peur de ces sirènes qui nous hurlent dans le cœur et étouffent notre aptitude à raisonner efficacement ?

    Le rôle du chef

    Le mental est un peu comme un gros chien qui entrerait dans une pièce pour y trouver sa place dans la meute. Quand le maitre n'a pas confiance en lui, l'animal est sur la défensive. Il devient nerveux, grognon voire violent parfois. Il sent qu'il doit assumer le rôle du mâle dominant et s'assurer que tous soient sous son contrôle. Mais dès que le maitre apprend à être le meneur, le gros berger allemand se calme immédiatement. Il détend ses épaules, relâche la tension de son échine et se montre tout disposé à aimer et recevoir de l'amour. Il ne supporte plus le poids des responsabilités parce qu'il peut compter sur son chef pour veiller à sa sécurité. Il n'a plus à s'efforcer de diriger l'homme — ce à quoi sa nature ne l'a pas préparé — puisque ce dernier est maitre de lui-même. Le chien se réjouit à l'évidence d'un commandement plein d'assurance.

    Il en va de même pour notre mental. Lorsqu'il ne fait pas confiance à notre administration, il essaie de prendre le dessus afin d'anticiper d'éventuelles menaces à la lumière d'expériences précédentes afin de nous en protéger même si celles-ci ne sont que purement imaginaires. Il agira ainsi bien que cela implique la paralysie mentale complète de l'individu qui éprouve de l'impuissance et de l'incapacité à prendre la moindre initiative en raison d'un combat de riposte acharné ou d'un échappatoire qu'il serait plus approprié de classer dans les réactions de lutte, de fuite ou de paralysie.

    Le conditionnement du passé

    Le mental ne dispose d'aucun libre arbitre. Sa trajectoire est entièrement déterminée par les expériences du passé. C'est néanmoins une erreur de croire qu'il craint de ne pas être aux commandes car ce qu'il redoute, en fait, est de devenir incontrôlable. Sous une direction assurée, il fait des étincelles. C'est pourquoi les individus davantage dans leur Soi et utilisant leur mental sont magnétiques, puissants, dynamiques, créatifs, intelligents, originaux et font de grands penseurs. Leurs créations et leurs accomplissements sont plus importants que ceux des personnes trop dans leur tête.

    Le mental conditionné est habitué au climat de tension qui règne à la fois au niveau du corps et des émotions. Il assimile l'habitude de constamment anticiper et réagir aux menaces potentielles à de la sécurité parce que c'est ce qui lui a permis de survivre jusqu'ici — même si sa qualité de vie a pu en être compromise.

    Le déconditionnement du mental

    Le processus de déconditionnement du mental consiste également à être plus présent dans son corps parce qu'un esprit consensuel est trop impliqué dans les processus d'être et de faire les choses pour s'accorder le temps de les suranalyser. Le tout est de prendre le contrôle dès que vous le pouvez. Servez-vous de votre mental pour vous rassurer et confiez-lui des messages positifs. Il est incapable de faire la différence entre la vérité et l'imagination parce que c'est un ordinateur biologique et que pour lui ce ne sont que des données entrantes ou sortantes. En le nourrissant d'affirmations positives comme « Je suis en sécurité » ou « Je vais bien en profiter », vous lui fournissez de la nouveauté à traiter. Il émettra probablement quelques doutes au départ parce qu'il est incapable de s'en tenir à deux messages contradictoires à la fois mais il sera bien obligé de concilier les anciennes convictions et la conception actuelle. En raison de son incapacité à capter deux communiqués antinomiques en simultané, il doit adapter ses croyances aux arguments que vous lui présentez. Tous les messages sont assimilés à des preuves, soit falsifiées avec des avis contraires ou bien placées dans un certain contexte. Il peut s'accrocher à des idées — ce qu'il fait par défaut — mais il peut également comprendre que le passé est révolu et que par conséquent ce qui a pu être la vérité peut tout à la fois avoir été et ne plus être vrai.

    C'est ainsi que le mental concilie « vieilles » idées et compréhension « actuelle ». C'est plus facile quand on sait comment il fonctionne mais le savoir n'est qu'une énergie potentielle. Cela nécessite un effort conscient pour laisser le Soi guider le mental et ne permettre à ce dernier que de d'informer le premier plutôt que d'en prendre le contrôle et l'effrayer.

    Le mental est un superbe allié mais, comme le chien, il est mal préparé à diriger parce qu'il est incapable de sortir des sentiers battus (si vous appréciez l'ironie1).

    Traduit de l'anglais par Ey@el
    © lapensinemutine.eklablog.com

    Notes et références

    1. L'auteur utilise un idiotisme qui littéralement pourrait se traduire par « penser en dehors de la boite » (thinking outside the box) ce qui est impossible à rendre en français — l'ironie résidant dans le fait de penser en dehors de sa tête (la boite).

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