• Les Moutons du Magicien

    Conte de G. I. Gurdjieff traduit par Ey@el

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    Il était une fois une méchant magicien qui vivait retiré en forêt dans les montagnes où il élevait des milliers de moutons. Le problème était que que ces derniers avaient peur de lui parce que, chaque jour, ils voyaient l'un d'entre eux se faire égorger au petit déjeuner et puis un autre au repas de midi. Alors ils s'enfuyaient de son domaine et le magicien avait du mal à les retrouver dans cette immense forêt. Il eut donc recours à la magie.

    Il hypnotisa tous ses moutons en leur suggérant tout d'abord qu'ils étaient immortels et qu'aucun mal ne leur était infligé lorsqu'on les écorchaient mais que bien au contraire, c'était une excellente chose pour eux — agréable même ; il leur laissa ensuite entendre qu'il était un bon maitre qui aimait tant son troupeau qu'il était prêt à faire n'importe quoi pour eux ; et enfin, que si quoi que ce soit devait leur arriver, ce ne serait certainement pas dans l'immédiat et que par conséquent il était inutile de s'en inquiéter.

    Puis à certains moutons il dit : « Tu es un homme, tu n'as rien à craindre. Ce sont uniquement les moutons qui vont finir égorgés pour être mangés, pas toi. Toi, tu es un homme, comme moi. » À d'autres il dit encore : « Tu es un lion — ce sont les moutons ont peur. Ils s'enfuient car ce sont des lâches. Toi, tu es un lion ; tu préférerais mourir que de t'enfuir. Tu ne fais pas partie de ces moutons. Alors s'ils se font tuer, ce n'est pas ton problème. C'est leur destin, pas le tien. Toi, tu es l'ami le plus cher à mon cœur dans cette forêt. » Il raconta ainsi une histoire différente à chacun de ses moutons et à partir du second jour, ils cessèrent de s'enfuir de chez lui.

    Ils voyaient toujours leurs congénères se faire tuer, dépecer, mais ils ne se sentaient pas concernés. Certains étaient des lions, d'autres des tigres, des hommes, des magiciens et ainsi de suite. Personne n'était un mouton à l'exception de celui qui se faisait égorger. De cette manière, sans domestiques, il parvenait à gérer des milliers de bêtes qui allaient se nourrir et s'abreuver dans la forêt et rentraient au bercail toujours persuadés d'une seule chose : « C'est un mouton qui va se faire tuer, pas toi. Tu n'en fais pas partie. Tu es un lion — respecté, honoré, un ami du grand magicien. » Les problèmes du magicien furent ainsi résolus et plus jamais ses moutons ne s'enfuirent.

    Traduit de l'anglais par Ey@el
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