• S'il vous plaît, dessine-moi une histoire...

    Texte de Gaellah & graphisme d'Ey@el

    Il y a quatre mois, le projet Eklabugs prenait fin pour des raisons que j'ai déjà expliquées et sur lesquelles je ne vois pas l'utilité de revenir (voir Articles connexes). Une  décision qui n'aura apparemment pas peiné grand monde (pas même celles à l'origine du projet) à l'exception d'une personne qui avait tenu à participer avec moi, en mode candidat libre, à la dernière session annulée. Cette personne, c'est Gaellah qui, depuis des années, tient un blog d'écriture intitulé A Little Story où elle publie des « bouts d'histoire » sans suite où l'imagination du lecteur est censée prendre le relais. Un concept que je trouve à la fois très intelligent et stimulant à une époque où le moindre effort devient une perte de temps — et comme l'imagination se cultive, elle devient même une offense à ceux qui n'en ont pas, faute de vouloir faire l'effort et prendre le temps. Bref, si vous êtes encore en train de lire ces lignes, c'est que visiblement vous ne faites pas partie de cette catégorie et c'est tant mieux parce que cet article s'adresse à vous.

    Avec Gaellah, nous avons eu l'idée de ne conserver que les aspects positifs de cette précédente expérience (qui pour ma part aura duré six ans) qui étaient surtout de stimuler notre imagination et notre envie d'écrire à partir d'un thème commun sans se laisser emprisonner dans un carcan temporel de date butoir à respecter. À l'heure d'aujourd'hui, nous n'avons encore rien de bien défini mais nous vous présentons un article « pilote » dont le concept est de s'exprimer par les mots et/ou l'image. En l'occurrence pour cette fois, j'ai choisi l'image et Gaellah, les mots. Une image que j'ai créée il y a une dizaine d'années et qui m'a toujours intriguée parce qu'elle racontait vraiment une histoire mais demandait de faire l'effort de s'y plonger pour la découvrir. Et c'est ce qu'a fait Gaellah. Un grand merci à elle (et merci à vous de lui laisser aussi un petit commentaire sur son blog mais dans quelques jours car elle n'était techniquement pas en mesure de publier en même temps que moi).

    À suivre...

    Ey@el

    Le Tigre blanc

    John trancha une branche d'un coup sec. Sa machette vibra un instant mais John ne lui laissa pas le temps de devenir immobile pour en couper de plus belle. La forêt était dense et John abattait son bras sans relâche. Il voyait déjà que le soleil déclinait et il voulait atteindre son objectif avant le point de non-retour. Il avait encore une heure avant d'être obligé de rebrousser chemin pour pouvoir arriver avant la nuit au village.

    John cherchait le Tigre blanc. En Amazonie, c'était plutôt rare. Les gens du coin en parlaient comme d'une légende. Cependant John savait qu'il existait réellement. Son père lui en avait parlé toute son enfance.

    Mais pas comme d'une chimère ou d'un conte.

    John revoyait encore le feu crépitant dans la cheminée alors que l'ombre de son père s’étalait sur les murs de la maison. Il prenait un bâton et l'utilisait comme une épée pour mimer l'action a l'aide de grands gestes et de paroles.

    « Arrière ! Prends ça ! Ah, tu ne vas pas t'échapper comme ça ! »

    Son père lui avait raconté qu'il n'était pas le seul sur la trace du Tigre blanc et qu'il avait dû se battre contre d'autres chasseurs pour imposer sa force. Comme eux, il avait cherché le Tigre blanc pour revendre sa fourrure qu'on disait magique. Elle devait vous protéger contre tous les temps, chaud ou froid.

    Au détour d'une grande cascade, il avait aperçu son pelage blanc et avait couru derrière lui. Mais seulement pour plonger droit dans un piège. Ses pieds s'était alors enfoncés dans des sables mouvants. Alors qu'il cherchait une racine à laquelle s'accrocher afin de s'en sortir, un être surnaturel était apparu devant ses yeux.

    Une grande lumière l'avait ébloui et une grande ombre s'était approchée. Il avait alors découvert une femme majestueuse. Elle portait une jupe entrouverte qui laissait apparaître ses cuisses, un bout de tissu cachait sa poitrine. Elle avait un masque sur le visage en forme de bec ce qui était un peu déstabilisant. Ses cheveux noirs et foncés comme les plumes des corbeaux tombaient majestueusement sur ses épaules.

    Le Tigre se tenait derrière elle, comme s'il lui obéissait.

    Et l'histoire s'arrêtait là. John n'avait jamais su ce qui s'était passé par la suite.

    John avait grandi depuis ce temps, et dès qu'il fut assez expérimenté, il partit aussi à la recherche du Tigre blanc, comme l'avait fait son père.

    Il avait d'abord participé à d'autres aventures pour apprendre à se débrouiller car il savait que l'expédition pour trouver le Tigre blanc était un parcours à faire seul.

    Depuis son arrivée au village, John profitait des journées pour essayer de parcourir le plus d'espace dans la forêt en espérant croiser le chemin du Tigre blanc.

    Et le soir pour apprendre à connaître la culture de ses nouveaux amis. Ils avaient été très accueillants avec lui et John se sentait presque dans une famille lointaine dont il n'avait jamais entendu parler.

    Un rugissement retentit au loin. John fit volte-face.

    C'était le Tigre blanc, il n'y avait aucun doute. Le soleil commençait à se coucher, mais John ne pouvait rebrousser chemin jusqu'au village. Il devait prendre le risque de se retrouver dans la forêt pendant la nuit car il était sur sa piste la plus prometteuse depuis qu'il était arrivé.

    Sans hésiter une seconde de plus, il partit dans la direction du rugissement.

    Il semblait venir d'une colline.

    Arrivé en haut, il eut une vue extraordinaire sur la forêt ; des arbres à perte de vue, des nuages bas qui recouvraient partiellement leur cimes, l'air commençant à se refroidir.

    John prit une seconde pour admirer se spectacle. Mais le Tigre l’appela une nouvelle fois. Il dévala la pente de la colline aussi vite que possible et faillit presque tomber.

    Une fois entre les arbres, il s'arrêta pour écouter attentivement. Il entendit le bruissement d'une feuille sur la droite et partit aussitôt.

    Il courait vite, sans vraiment faire attention à ce qui l'entourait, mais faisait davantage confiance à son ouïe pour s'orienter.

    Tout à coup, il fut ébloui et cessa aussitôt de courir.

    « Aah... »

    Il  ses mains contre ses yeux qui souffraient à cause de toute cette lumière.

    C'était comme si le temps s'était arrêté pour accueillir cette apparition. Car John savait très bien se qui se passait, son père le lui avait dit. Il se força à ouvrir les yeux pour ne rien rater du spectacle.

    Elle apparut devant lui, exactement comme il l'avait toujours imaginée. John vit le Tigre blanc pour la première fois, juste derrière elle.

    John étudia son visage, elle avait l'air plus surprise qu'énervée. John ne voulait pas leur faire de mal, ni à l'un ni à l'autre, il avait juste toujours voulu les rencontrer.

    Elle fronça les sourcils et dit :

    « Je te connais... »

    Elle avait prononcé ces paroles tellement bas que John se demandait s'il avait bien entendu.

    Cependant la lumière était beaucoup trop forte, elle entrait par ses yeux et se frayait un passage jusqu'à son cerveau, ce qui lui donna une migraine atroce. Bientôt John ne tint plus et s'évanouit.

    Dans son esprit, le visage de cette femme majestueuse resta un instant, puis s'effaça petit à petit jusqu'à ce que tout devienne noir.

    Par Gaellah
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